Traduction d’un article de Rick HACKER paru dans D.G.W. Blackpowder Annual 1983
( les remarques en italique sont du traducteur )
S’il y a un événement qui peut être tenu pour avoir été le point de départ de la grande migration de colons vers le Far West, l’Ouest Lointain, c’est la Ruée vers l’Or de Californie en 1849. En une seule année, ce qui n’avait jadis été qu’un endroit tranquille, rural et presque ignoré, un lacis de rivières paresseuses et de collines de genévriers qui s’élevaient doucement pour rejoindre les crêtes recouvertes de pins et de granit de la Sierra Nevada, la Montagne Enneigée, se transforma en des villes grouillantes de communautés agitées, construites à la hâte et n’importe comment, de routes encombrées de chariots et d’essaims d’une importance jamais vue auparavant, d’hommes, de femmes et d’enfants issus de toutes les couches sociales et venant de pratiquement tous les coins du globe. En moins de dix ans, la population de la ruée vers l’or de Californie gonfla de 14 000 en 1848 à plus de 380 000 en 1860. Et pour moi, de 1848 à 1860, ça ne fait pas moins de dix ans, ça en fait douze. Ironiquement, la première fois où l’on découvrit de l’or fut un événement très peu relaté, et l’homme à qui l’on attribue généralement cette ruée vers l’or, John Augustus SUTTER, mourut dans la misère, se lamentant « Mes jours les plus beaux furent ceux d’avant la ruée vers l’or ». C’est donc le seul mec, déjà riche avant, que la découverte d’or rendit pauvre. En fait, les autres sont venus prendre l’or que l’on trouvait chez lui, certains y moururent, souvent d’une mort violente, avant d’en avoir trouvé, d’autres moururent dans la misère sans en avoir trouvé, d’autres moururent aussi dans la misère, après en avoir trouvé mais après l’avoir flambé, d’autres encore repartirent avec une fortune, mais lui n’en chercha jamais, alors qu’il était à sa portée puisque tout le pays était à lui, et les cafards fous lui ont massacré son petit coin de paradis. Avant la découverte de « couleur », SUTTER était l’homme le plus important et le plus influent dans la région du delta du Sacramento en Nouvelle Californie. Sa forteresse de cinq acres, qu’il appelait « New Helvetia », la Nouvelle Suisse, était un empire miniature fait d’un mur de deux pieds et demi formant un fort autonome qui avait des écuries, des jardins, une forge, une tannerie, des magasins généraux, bref, tout ce dont on pouvait avoir besoin pour vivre dans un pays rural où personne ne venait déranger et que presque personne ne venait visiter. Le fort lui-même était gardé par de hautes tours et des canons à chaque point stratégique. A l’époque où les Etats Unis arrachèrent l’Alta California au Mexique en 1846, c’est-à-dire la Haute Californie ou la partie Nord aujourd’hui américaine, en comparaison avec la Baja California qui est toujours mexicaine, SUTTER se sentait en sécurité. Bien qu’il fût un immigrant Suisse et que le Général Guadalupe VALLEJO lui eût donné officiellement le grade militaire de Capitaine, sa loyauté était pour les « States ». Il ne se rendait pas compte de la menace qui l’attendait sous les eaux tumultueuses de la rivière America, à quelques miles en amont de son enceinte fermée. Dans ma collection personnelle, j’ai une reproduction relativement rare du journal de la New Helvetia de SUTTER. En lisant les mots de SUTTER au sujet de ces années tranquilles précédant la ruée vers l’or, je ne vois presque pas de mention sur des armes, de quelque sorte que ce soit, à l’exception du canon qui gardait le fort. Pourtant, les armes à feu ont toujours fait partie de toute manière de vivre sur la frontière et, au cours de visites personnelles sur les restes reconstruits, en un peu plus petit, de Fort Sutter, je ne fus pas surpris de découvrir l’existence d’armes longues, la plupart des mousquets et des fusils de type militaire, que l’on utilisait à l’époque à la fois pour se procurer de la nourriture et pour assurer sa protection personnelle. Malheureusement, à cause des effets du temps et de la corrosion, seuls ont pu être identifiés un mousquet modèle U.S. 1795 et un fusil rayé modèle Mississipi 1841, en même temps que quelques fusils de chasse juxtaposés à percussion, l’un des outils les plus utiles, comme nous allons le voir, pour les « quarante-neuviens », appelons-les comme çà, ces hommes et ces femmes de la Ruée vers l’Or de 1849, pour rester fidèle à l’expression de l’auteur tout en ne tombant pas dans l’imitation « soixante-huitard » sur le retour d’âge. Bien sûr, ce ne fut pas une surprise de découvrir des fusils militaires à Fort Sutter, car ce havre bien connu était une escale programmée pour quiconque voyageait tranquillement à travers la Californie avant la ruée vers l’or. C’est cette popularité de la New Helvetia, et le désir de SUTTER d’étendre son empire, qui furent responsables, indirectement en tous cas, de sa perte. Un autre facteur qui dut y contribuer fut qu’il négligea de réaliser l’importance que la découverte de l’or allait apporter à la région.
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LES ARMES DES CHERCHEURS D’OR « QUARTANTE-NEUVIENS »Lire la suite »