Techniques et armes

Le Tir Poudre Noire LongRange

Le Tir Poudre Noire LongRange

Par Alain LAUNAY

En souvenir d’une équipe des AdF partie en Afrique du Sud en 1997 affronter des adversaires redoutables et revenue joyeuse.

Championnat du monde 1997 – Bloemfontein – Afrique Du Sud
Equipe de France

Partant du principe, « Savoir connu non transmis =savoir perdu » et en accord avec Philippe REGNIER je vais nourrir (en souhaitant ne pas être le seul !!) le site des Arquebusiers d’Ancenis en ouvrant une rubrique technique, consacrée au Tir PN Longue Distance, destinée à ceux désirant pratiquer cette discipline exigeante pour que le savoir connu puisse se transmettre à ceux qui en auront besoin et qu’ils gagnent ainsi un temps précieux pour devenir des tireurs performants.

Equipe Adf – Championnat du Monde 1997 – Bloemfontein – RSA
2ème rang: Michel GAUGé / Marc JOUAN / Christian MATHIEU / Jean-Yves LEGOUX / Henri ROPARS / Jean-Pierre PINOT
1er rang: Alain CHEMIN / Alain LAUNAY / Catherine CAM / Gildas LE FLOCH / Bernard LEQUERTIER

LEY QUINTO (Cinquième Loi)

Traduction d’un article de W. AUSTERMAN paru dans D.G.W. Blackpowder Annual 1985

(Ce récit débute au début du XIXème. siècle, quand le Texas était encore indépendant et quand le Mexique étendait ses frontières beaucoup plus loin qu’aujourd’hui)

Partie en reconnaissance en cette année 1837 le long de la frontière de la jeune république, une compagnie de Texas Rangers rencontra un cavalier solitaire qui aurait pu servir d’archétype pour une engeance d’hommes qui allaient exporter un commerce horrible de l’autre côté du Rio Grande, et profondément à l’intérieur du Mexique, pour les dix années à venir. Le Capitaine William « Bigfoot » WALLACE sentit un frisson courir le long de sa moelle épinière lorsqu’il se retrouva en face de Jefferson TURNER, un homme qui ne vivait que pour donner la mort à ses ennemis. Tatinnn, Tita-titinnn. Autrefois un colon bien pacifique, ce TURNER avait vu sa femme et ses enfants se faire massacrer au cours d’un raid d’Indiens, et il ne faisait plus à présent que hanter le désert pour assouvir sa revanche. Plus tard, WALLACE se souviendrait de lui comme d’un « type grand et sec, vêtu d’une chemise de chasse et de chausses en peau de chevreuil, avec un bonnet en fourrure de raton laveur sur la tête. Il portait à l’épaule un long et vieux fusil à silex, en fer et de type Kentucky, ainsi qu’un tomahawk et un couteau à scalper passés dans sa ceinture. Ses cheveux étaient emmêlés et pendaient autour de son cou, hirsutes, en de grandes touffes non peignées, et ses yeux sortaient de sa tête, aussi brillants qu’une paire de charbons ardents. » Soixante ans plus tard, le vieil homme de la frontière se rappelait encore ces yeux en frissonnant« J’ai vu toutes sortes d’yeux de fauves, de panthères, de loups, de pumas, de léopards et de lions mexicains, mais je n’en ai jamais vu qui scintillaient, brillaient et dansaient comme ceux qui le faisaient dans cette tête-là. » C’étaient les lanternes de la folie qui y brûlaient, et elles éclairaient le chemin de TURNER dans sa course éperdue après les scalps d’Indiens, c’est-à-dire leur cuir chevelu, découpé et arraché comme trophée. Alors qu’il chevauchait avec les Rangers, il prétendit qu’il venait d’en prendre trois de plus au cours d’une escarmouche avec les sauvages, portant ainsi son palmarès total à quarante-neuf. Quand TURNER se sépara de WALLACE, il se vanta qu’il ne reviendrait pas à la civilisation avant d’en avoir attaché une centaine, étalés et séchés, sur des arceaux.

LES ARMES DES PALADINS GRIS

Traduction d’un article de W. AUSTERMAN paru dans D.G.W. Blackpowder Annual 1993

La Guerre Civile fut le dernier conflit américain où l’on attendait des officiers supérieurs qu’ils mènent leurs hommes à la bataille en chargeant à leur tête. Il n’était pas rare de voir des commandants de brigade, de division ou même de corps dans les deux armées, agitant un sabre étincelant à l’avant de leurs unités. Les troupes Sudistes furent particulièrement remarquées pour leur élan et leur courage, voire leur témérité, au feu. Leurs meneurs reprenaient nécessairement le vieil idéal Anglo-Celtique du chef guerrier qui se battait en même temps que ses hommes et qui partageait leur destin. C’est pour cela que les tristes champs de bataille de Gettysburg et de Franklin résonnèrent d’échos de Hastings et de Flodden. Le résultat tragique de cette croyance au vieux code du chef qui fonce au combat devant ses hommes fut que, sur 425 officiers supérieurs enregistrés sur les listes des forces Confédérées, 235 d’entre eux, soit 55 %, furent tués ou blessés au champ d’honneur. Soixante dix sept d’entre eux moururent en combattant, et, sur ce total, vingt et un furent blessés au moins une fois avant de l’être mortellement. Sur les 158 généraux qui furent blessés et qui survécurent, trente et un furent touchés deux fois, dix huit trois fois, et une douzaine furent blessés quatre fois ou plus. Quatre d’entre eux furent blessés cinq fois, et trois portaient sept blessures. Le record fut probablement le cas du Brigadier General William R. COX qui, à la fin de la guerre, portait les cicatrices de onze blessures de guerre sur son corps de trente trois ans.

LES ARMES DES COMANCHEROS

Traduction d’un article de W. AUSTERMAN paru dans D.G.W. Blackpowder Annual 1990

Comanchero ! Pour ceux qui vivaient le long des rives sauvages de la frontière du sud-ouest au milieu et à la fin des années 1800, ce mot-là évoquait autant une épithète remplie de haine qu’un nom définissant une certaine classe d’hommes. Pendant presque un siècle, les caravanes de chars à bœufs et de mules passèrent vers l’est depuis le Nouveau Mexique à travers les Staked Plains, les Plaines Jalonnées, pour atteindre les lieux de rendez-vous avec certaines des tribus d’Indiens les plus féroces du contient. C’est là, dans l’ombre de la faille lugubre d’un canyon ou le long d’un défilé sans nom taillé par l’érosion de la pluie, qu’ils échangeaient leurs marchandises contre des peaux de bison, du bétail, des chevaux, des mules ou des prisonniers Blancs. Courtiers en avidité et en misère humaine, les Comancheros exerçaient leur trafic sordide dans cette contrée sauvage avec la certitude arrogante d’hommes qui savaient que la force de la loi ne s’étendait pas plus loin que là où la poudre, les capsules et les balles rondes ne pourraient la porter. A l’époque où le métier de Comanchero atteignit son apogée dans les années qui suivirent la Guerre Civile, leurs rangs comptaient de tout, des Anglos renégats et des New Mexicains sans scrupules, aux Indiens Pueblo prêts à faire des affaires avec leurs anciens ennemis si le prix y était. Quelques Comancheros se contentaient de rencontrer les protagonistes sur leur propre terrain pour les ventes. D’autres chevauchaient avec les bandes de guerriers qui s’élançaient vers le Sud depuis les hautes plaines vers le Texas, ou bien par le Nord vers le Kansas et le Colorado, en prêtant leur intelligence de prédateurs à la férocité de leurs clients au fur et à mesure que ceux-ci choisissaient les cibles pour leurs raids. Tous les Comancheros vivaient littéralement grâce aux armes, et celles qu’ils utilisaient ou échangeaient constituaient les variations de leur commerce morbide. Il existe des traces aussi anciennes que 1780, où l’on retrouve des bandes d’aventuriers du Nouveau Mexique qui défiaient les prohibitions gouvernementales à rechercher les tribus des plaines à l’Est, pour leur commerce. Ces trafiquants acquirent une connaissance intime de la région ainsi que des meilleurs chemins à prendre pour traverser sa surface aride.

LES ARMES DES CHERCHEURS D’OR « QUARTANTE-NEUVIENS »

Traduction d’un article de Rick HACKER paru dans D.G.W. Blackpowder Annual 1983

( les remarques en italique sont du traducteur )

S’il y a un événement qui peut être tenu pour avoir été le point de départ de la grande migration de colons vers le Far West, l’Ouest Lointain, c’est la Ruée vers l’Or de Californie en 1849. En une seule année, ce qui n’avait jadis été qu’un endroit tranquille, rural et presque ignoré, un lacis de rivières paresseuses et de collines de genévriers qui s’élevaient doucement pour rejoindre les crêtes recouvertes de pins et de granit de la Sierra Nevada, la Montagne Enneigée, se transforma en des villes grouillantes de communautés agitées, construites à la hâte et n’importe comment, de routes encombrées de chariots et d’essaims d’une importance jamais vue auparavant, d’hommes, de femmes et d’enfants issus de toutes les couches sociales et venant de pratiquement tous les coins du globe. En moins de dix ans, la population de la ruée vers l’or de Californie gonfla de 14 000 en 1848 à plus de 380 000 en 1860. Et pour moi, de 1848 à 1860, ça ne fait pas moins de dix ans, ça en fait douze. Ironiquement, la première fois où l’on découvrit de l’or fut un événement très peu relaté, et l’homme à qui l’on attribue généralement cette ruée vers l’or, John Augustus SUTTER, mourut dans la misère, se lamentant « Mes jours les plus beaux furent ceux d’avant la ruée vers l’or »C’est donc le seul mec, déjà riche avant, que la découverte d’or rendit pauvre. En fait, les autres sont venus prendre l’or que l’on trouvait chez lui, certains y moururent, souvent d’une mort violente, avant d’en avoir trouvé, d’autres moururent dans la misère sans en avoir trouvé, d’autres moururent aussi dans la misère, après en avoir trouvé mais après l’avoir flambé, d’autres encore repartirent avec une fortune, mais lui n’en chercha jamais, alors qu’il était à sa portée puisque tout le pays était à lui, et les cafards fous lui ont massacré son petit coin de paradis. Avant la découverte de « couleur », SUTTER était l’homme le plus important et le plus influent dans la région du delta du Sacramento en Nouvelle Californie. Sa forteresse de cinq acres, qu’il appelait « New Helvetia », la Nouvelle Suisse, était un empire miniature fait d’un mur de deux pieds et demi formant un fort autonome qui avait des écuries, des jardins, une forge, une tannerie, des magasins généraux, bref, tout ce dont on pouvait avoir besoin pour vivre dans un pays rural où personne ne venait déranger et que presque personne ne venait visiter. Le fort lui-même était gardé par de hautes tours et des canons à chaque point stratégique. A l’époque où les Etats Unis arrachèrent l’Alta California au Mexique en 1846, c’est-à-dire la Haute Californie ou la partie Nord aujourd’hui américaine, en comparaison avec la Baja California qui est toujours mexicaine, SUTTER se sentait en sécurité. Bien qu’il fût un immigrant Suisse et que le Général Guadalupe VALLEJO lui eût donné officiellement le grade militaire de Capitaine, sa loyauté était pour les « States ». Il ne se rendait pas compte de la menace qui l’attendait sous les eaux tumultueuses de la rivière America, à quelques miles en amont de son enceinte fermée. Dans ma collection personnelle, j’ai une reproduction relativement rare du journal de la New Helvetia de SUTTER. En lisant les mots de SUTTER au sujet de ces années tranquilles précédant la ruée vers l’or, je ne vois presque pas de mention sur des armes, de quelque sorte que ce soit, à l’exception du canon qui gardait le fort. Pourtant, les armes à feu ont toujours fait partie de toute manière de vivre sur la frontière et, au cours de visites personnelles sur les restes reconstruits, en un peu plus petit, de Fort Sutter, je ne fus pas surpris de découvrir l’existence d’armes longues, la plupart des mousquets et des fusils de type militaire, que l’on utilisait à l’époque à la fois pour se procurer de la nourriture et pour assurer sa protection personnelle. Malheureusement, à cause des effets du temps et de la corrosion, seuls ont pu être identifiés un mousquet modèle U.S. 1795 et un fusil rayé modèle Mississipi 1841, en même temps que quelques fusils de chasse juxtaposés à percussion, l’un des outils les plus utiles, comme nous allons le voir, pour les « quarante-neuviens », appelons-les comme çà, ces hommes et ces femmes de la Ruée vers l’Or de 1849, pour rester fidèle à l’expression de l’auteur tout en ne tombant pas dans l’imitation « soixante-huitard » sur le retour d’âge. Bien sûr, ce ne fut pas une surprise de découvrir des fusils militaires à Fort Sutter, car ce havre bien connu était une escale programmée pour quiconque voyageait tranquillement à travers la Californie avant la ruée vers l’or. C’est cette popularité de la New Helvetia, et le désir de SUTTER d’étendre son empire, qui furent responsables, indirectement en tous cas, de sa perte. Un autre facteur qui dut y contribuer fut qu’il négligea de réaliser l’importance que la découverte de l’or allait apporter à la région.

LE COLT POCKET MODEL 1849

Traduction d’un article de Ph. SPANGENBERGER dans D.G.W. Blackpowder Annual 1993

Alors que beaucoup de gens croient que le revolver Colt Single Action Army 1873 fut le six-coups qui gagna l’Ouest, il y eut tout plein d’armes de poing qui eurent un impact sur notre frontière américaine des années avant que le S.A.A. fût même un rêve. Bien-sûr, Colt était devenu synonyme de qualité des dizaines d’années avant 1873, grâce à ces armes totales que furent le 1851 Navy, le 1860 Army, les différents modèles de Dragoon, et d’autres. Ironiquement toutefois, malgré la bonne réputation qu’avaient gagné ces pistolets « de ceinture » ou bien « de selle », ce fut un petit pistolet à cinq coups qui donna au Colonel Samuel COLT une place solide dans le commerce des armes. L’époque de la moitié du dix-neuvième siècle fut une aventure globale. Dans pratiquement tous les coins du monde, il y avait de nouvelles terres à explorer et à conquérir, des frontières à domestiquer, et des fortunes à faire… ou à perdre. Ceux qui s’aventuraient dans ces terres sauvages voulaient la meilleure protection disponible. Les villes, elles aussi, étaient pourries de crime, et largement peuplées d’individus peu recommandables. Le chômage était souvent élevé, la famine frappait constamment de nombreuses villes de l’Ancien Monde, et l’absence d’une force de police forte, parfois l’absence de toute police, augmentait le péril pour le citoyen. La vie était telle en ces temps-là, que porter une arme personnelle n’était pas seulement raisonnable, mais c’était souvent nécessaire ! Se déplacer d’une zone peuplée vers une autre représentait souvent une entreprise dangereuse, avec ses bandits de grands chemins et ses bandes errantes de maraudeurs qui constituaient un péril pour le voyageur. Les fabricants d’armes étaient occupés à produire des armes à feu militaires et civiles, ainsi que des armes blanches, et la demande du grand public pour de petites armes de poing, faciles à cacher mais fiables, n’était pas une mince affaire. Sam COLT était un homme d’affaires astucieux et réalisa l’évidence de cette demande. Il réalisa aussi qu’une telle arme devrait être d’un prix abordable. On utilisait déjà des milliers de petits pistolets à un coup durant le milieu des années 1840. Leur taille variait de l’immense et encombrant pistolets de selle en gros calibre, aux minuscules et inefficaces modèles de « pistolets de veston ». Il y avait des pistolets équipés d’une lame de couteau, d’autres avec des poignées en forme de matraque, ou d’autres équipements auxiliaires dessus ou dedans, au cas où le coup tiré ne produirait pas l’effet désiré. Les « poivrières » à canons multiples tournants étaient elles-aussi assez populaires. Bien que ces dernières armes à feu ne fussent pas grand chose en matière d’armes de poing pour nos standards modernes, elles furent en leur temps considérées comme les meilleurs pistolets que l’on pût porter.

LA BATAILLE DES LAVA BEDS

U.S. Army contre Modoc

Traduction d’un article de J.G. BILBY paru dans D.G.W. Blackpowder Annual 1993

Dans le sillage de la Ruée vers l’Or de 1849, les petites tribus indigènes d’Amérindiens de Californie furent accablées par une vague de pillages, de viols, de massacres et de maladies qui réduisirent la population Indienne de l’Etat de soixante dix pour cent. A moins d’un millier, les Modoc, qui chassaient, cueillaient et pêchaient sur une zone de plus de 5000 miles carrés près de la frontière entre la Californie et l’Oregon, refusèrent de sombrer tranquillement dans l’histoire sans réagir. Les Modoc préféraient éviter les Blancs, mais l’invasion engendra une résistance et dégénéra en une série de conflits pendant toutes les années 1850. Ravagés par la guerre et par la variole, opprimés par les colons et le gouvernement, les Modoc furent forcés à émigrer vers la Réserve Klamath dans l’Oregon, après un traité signé en 1864. Bien qu’harcelés par les Klamath, leur principal chef, Old Schonchin, Vieux Chauchichon, avec d’autres de son peuple, s’adaptèrent aux difficultés et à la précarité de la vie en réserve. Beaucoup ne purent pas le faire. Kientpoos, connu chez les Blancs comme Captain Jack, retourna vers les traditionnels territoires de chasse sur la Lost River, Oregon. En 1870, le Responsable aux Affaires Indiennes de l’Oregon, Alfred B. MEACHAM, réussit à convaincre Jack de revenir dans la réserve auprès de son peuple. Pourtant, de nouveaux heurts avec les Klamath, combinés à un programme officiel de destruction des pratiques culturelles et religieuses traditionnelles Modoc, provoqua une nouvelle fuite de la bande vers la Lost River en quelques mois. Les mineurs de la ville de Yreka, également appelée Eureka et située sur la côte, California, où les Modoc travaillaient, achetaient, demandaient avis et aidaient même à combattre des feux, n’étaient pas gênés par le retour des Indiens. Les fermiers locaux non plus, payant un « loyer » aux Modoc sous forme de marchandises et de nourriture, ou employant des Indiens comme cow-boys, c’est-à-dire comme gardiens de vaches. Mais certains colons, en particulier de l’Oregon, estimaient que les Modoc constituaient une menace et envoyèrent une pétition au gouvernement pour qu’on les renvoyât. Tentant un compromis, Captain Jack proposa que l’on lui accordât une réserve de six miles carrés sur la Lost River pour lui et son peuple. Mais cette solution tout à fait raisonnable, avalisée par MEACHAM et par le Général Edward R.S. CANBY, chef du Département à Columbia, ne fut jamais vraiment prise au sérieux, sans doute parce qu’elle aurait constitué un dangereux précédent en permettant aux Indiens de réclamer leurs terres traditionnelles.

HOMMES DE LOI SUR LA FRONTIERE

Des héros ou des truands ?

Traduction d’un article de Joe BILBY paru dans D.G.W. Blackpowder Annual 1988

Le soleil du 30 Avril 1884 se levait tristement sur la ville de prairie de Medecine Lodge, au Kansas. C’était le dernier matin que verrait Henry BROWN, l’officier de police tout nouvellement marié et en charge de la ville toute proche de Caldwell. L’homme de loi de 27 ans mourrait ce jour-là, suite à une attaque de banque à main armée sur Medecine Lodge. Il est intéressant de noter que BROWN ne mourut pas héroïquement en défendant la banque, mais paya de sa tête pour l’avoir dévalisée. BROWN et son député, Ben WHEELER, alias Ben ROBERTSON, étaient partis de Caldwell quelques jours plus tôt, sous prétexte de courir après des voleurs de bétail dont ils auraient été sur la piste. Une fois tranquilles en dehors de la ville, le marshal et WHEELER rejoignirent deux petits malfrats, William SMITH et John WESLEY, et le quartet chevaucha vers Medecine Lodge, sous-entendu pour attaquer la Medecine Valley Bank . L’attaque tourna en fiasco, et les bandits frustrés tuèrent le président de la banque E.W. PAYNE ainsi que le caissier George GEPPERT. Poursuivis par un détachement d’hommes en colère sous les ordres du shérif, BROWN et ses hommes se ruèrent désespérément vers une cache où ils avaient mis des chevaux frais en réserve qui auraient pu leur permettre de s’échapper. Malheureusement pour eux, les bandits se trompèrent de direction, ils furent piégés et rapidement capturés. Mais putain, je t’avais dit que c’était à droite, conaud ! L’incarcération dans la prison de fortune de Medecine Lodge apporta peu de protection aux braqueurs de banque. Les citoyens de la ville, enragés par les meurtres de PAYNE et de GEPPERT, qui étaient des gens connus et aimés, se précipitèrent dans la prison et traînèrent les tueurs dehors. L’ancien marshal BROWN tenta de s’enfuir en courant, mais il fut coupé en deux par une décharge de fusil de chasse. Ses trois camarades de crime furent pendus sommairement. C’est un lynchage. Bien qu’ils ne fussent pas aussi courants que les scénaristes ou les écrivains de romans à quatre sous voudraient nous le faire croire, les attaques de banques à main armée et les lynchages ne furent certainement pas des évènements inconnus dans l’Ouest américain du XIXème. siècle. Malheureusement, le cas de l’homme qui avait prêté serment de défendre « la loi et l’ordre » et qui avait passé la ligne le séparant du banditisme pour son profit personnel, ne l’était pas non plus. Qu’il le sût ou non, le comportement outrageux de BROWN eut un précédent avec celui de Henry PLUMMER. PLUMMER, né au Connecticut en 1837, fut attiré en Californie vers 1850 par la fièvre de l’or. Loin d’être de ceux qui courraient après la chimère de l’Eldorado dans les collines, PLUMMER ouvrit une boulangerie à Nevada City en 1853, gagnant un peu de liquide en extra comme joueur indépendant. Présentant bien et habile avec une arme, il fut élu marshal de la ville en 1856. Mais cet homme de loi de 19 ans avait un gros défaut, un penchant pour les dames, pour les dames des autres hommes. L’une de ces affaires se finit au pistolet et le jeune marshal se retrouva condamné à dix ans de prison pour avoir tué un mari jaloux. Gracié au bout d’un an, PLUMMER fut bientôt mêlé à une série de combats de saloon et de braquages, et il tua un autre homme. Bien que remis en prison, il s’échappa et partit vers le Nord. L’homme de loi renégat se tailla un chemin plein de meurtres et d’adultères à travers l’Oregon et l’Etat de Washington, en route vers les mines d’or du Montana, où il s’établit comme joueur à Bannack et prépara secrètement la création d’une bande organisée « d’agents de la route ». A cette époque, il réussit à se faire engager comme marshal. Mais PLUMMER déménagea bientôt vers des cieux plus propices à Virginia City, où il fut à nouveau élu marshal et développa ses activités de bande organisée. Les capacités d’organisation d’Henry PLUMMER étaient sans aucun doute excellentes, et s’il les avait utilisées dans des voies plus sociables, on se serait souvenu de lui comme de l’un des pères fondateurs du Montana. Cependant et au lieu de cela, un comité de Vigilants termina sa carrière de bandit avec un badge attaché au bout d’une corde en Janvier 1864. « L’étoile sur la corde », un vrai titre de film. Les marshals renégats BROWN et PLUMMER ne furent pas les seuls dans l’histoire de l’Ouest. Burt ALVORD, un avocat respecté en Arizona, fut arrêté en 1900 pour avoir conduit une bande de dévaliseurs de trains alors qu’il était policier à Wilcox. « Buffalo Bill » BROOKS, premier marshal de Newton, Kansas, et plus tard policier à Ellsworth, Kansas, attendit d’en avoir terminé de faire respecter la loi avant de commencer sa carrière de voleur de chevaux. En 1874, il fut pendu lui aussi, les bottes aux pieds. Les DALTON, membres de ce qui fut considérée comme toute une famille de brigands, furent plus connus du grand public de leur époque et des générations qui suivirent, comme des hommes de loi qui avaient mal tourné.

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