Les passionnés de tirs à l’ancienne se retrouvent chaque année à Ancenis.

Reportage aujourd’hui à Ancenis, au stand de l’Aubinière où se retrouvent régulièrement les amateurs de tirs, des passionnés d’armes et d’histoire réunis au sein des Arquebusiers du Pays d’Ancenis, l’un des 14 clubs de tir du département. L’association compte aujourd’hui 260 tireurs.
Les Arquebusiers organisaient au mois d’avril le Rassemblement de la Duchesse Anne, rassemblement de collectionneurs d’armes anciennes venus de toute la France.

[Source]

LES ARMES DES PALADINS GRIS

Traduction d’un article de W. AUSTERMAN paru dans D.G.W. Blackpowder Annual 1993

La Guerre Civile fut le dernier conflit américain où l’on attendait des officiers supérieurs qu’ils mènent leurs hommes à la bataille en chargeant à leur tête. Il n’était pas rare de voir des commandants de brigade, de division ou même de corps dans les deux armées, agitant un sabre étincelant à l’avant de leurs unités. Les troupes Sudistes furent particulièrement remarquées pour leur élan et leur courage, voire leur témérité, au feu. Leurs meneurs reprenaient nécessairement le vieil idéal Anglo-Celtique du chef guerrier qui se battait en même temps que ses hommes et qui partageait leur destin. C’est pour cela que les tristes champs de bataille de Gettysburg et de Franklin résonnèrent d’échos de Hastings et de Flodden. Le résultat tragique de cette croyance au vieux code du chef qui fonce au combat devant ses hommes fut que, sur 425 officiers supérieurs enregistrés sur les listes des forces Confédérées, 235 d’entre eux, soit 55 %, furent tués ou blessés au champ d’honneur. Soixante dix sept d’entre eux moururent en combattant, et, sur ce total, vingt et un furent blessés au moins une fois avant de l’être mortellement. Sur les 158 généraux qui furent blessés et qui survécurent, trente et un furent touchés deux fois, dix huit trois fois, et une douzaine furent blessés quatre fois ou plus. Quatre d’entre eux furent blessés cinq fois, et trois portaient sept blessures. Le record fut probablement le cas du Brigadier General William R. COX qui, à la fin de la guerre, portait les cicatrices de onze blessures de guerre sur son corps de trente trois ans.

Les armes que portaient ces paladins Gris étaient importantes, autant comme symboles de rang et comme arbitres de différend avec l’ennemi. Bien que ce type de rencontre ne fût pas ce que l’on attendait de la part de ces officiers supérieurs, ils se sentaient obligés de montrer l’exemple en matière de courage et d’agressivité, en prouvant leur indifférence au danger sur le champ de bataille. Il en résultat un groupe de commandants dont le choix des armes personnelles fut aussi diversifié que leur habileté à s’en servir fut mortelle. Dans l’ensemble, les officiers Confédérés furent des hommes relativement jeunes, mais beaucoup avaient déjà vu le combat lors de la Guerre du Mexique ou sur la frontière. Beaucoup de ceux qui se plongèrent dans la Guerre de Sécession depuis la vie civile avaient été exposés au combat personnel sous la forme de duels ou de rencontres similaires. De jeunes généraux tels John Hunt MORGAN avaient déjà vu des hommes piqués au bout d’une pointe de lance à Buena Vista, et Nathan Bedford FORREST s’était une fois battu tout seul contre une foule qui voulait le lyncher, dans la ville sauvage de Memphis. Chasseur et planteur de Caroline du Sud, Wade HAMPTON avait tué pas moins de quatre vingt ours avec seulement son couteau. Un jour qu’il était en patrouille sur le Territoire de New Mexico dans les années 1850, l’ancien Lieutenant du U.S. Regiment of Mounted Riflemen William H. JACKSON abattit un grizzly d’un seul coup de sabre. Le général Albert Sidney JOHNSTON se rappelait un duel dans lequel il s’était battu contre un autre officier alors qu’il commandait la toute petite armée régulière de la République du Texas dans les années 1830. Le Brigadier General Pierre G.T. BEAUREGARD, commandant le bombardement de Fort Sumter, et le General Joseph E. JOHNSTON, autre prénom, il y en a donc deux, acquirent leur gloire de commandeurs des forces Sudistes à la bataille de Manassas en Juillet 1861, première grande action terrestre de la guerre. Par la suite, BEAUREGARD occupa plusieurs commandements régionaux sur les théâtres de l’Est et de l’Ouest, alors que JOHNSTON resta à la tête de l’Armée de Virginie jusqu’à ce qu’il fût blessé au combat à Seven Pines au printemps de 1862. Plus tard, on lui confia le commandement de l’Armée du Tennessee de 1861à 1864, et à nouveau en 1865. JOHNSTON fut remplacé à la tête de l’Armée de Northen Virginia par Robert E. LEE. LEE et JOHNSTON avaient servi respectivement comme Lieutenant Colonel et Colonel à la tête du 2nd. U.S. Cavalry, créé en 1855. Les deux hommes avaient beaucoup servi sur la frontière au Texas contre les Comanche, les Kiowa, et les Apache. Des durs, des durs, rien que des durs…

Tous les deux avaient choisi des revolvers Colt comme armes personnelles. JOHNSTON reçut son revolver de Samuel COLT, qui lui en fit cadeau juste avant la guerre. COLT offrit au cavalier un Model 1860 Army en calibre .44, au numéro de série 2252, une arme sur laquelle on pouvait monter une crosse pour la transformer en carabine. Elle est exposée dans la collection du Musée de la Confédération à Richmond, Virginia.

LEE, quant à lui, était propriétaire de deux Colt de différents modèles. Il acheta, ou on lui offrit, un Model 1851 Navy en calibre .36, fabriqué en 1855. Cette arme, portant le numéro de série 37698, est finement gravée sur le canon et la carcasse, et fut portée pendant toute la guerre dans une fonte. Bien que LEE fût connu pour son agressivité et son empressement à mener ses hommes en personne en cas de coup dur, personne n’a jamais dit ou écrit qu’il avait sorti ce Colt pour s’en servir au combat.

LEE possédait également un revolver de poche Colt Root Model 1855. Il n’y a aucun doute que ce petit pistolet servait d’assurance en cas de capture, pour l’homme qui fut probablement le chef le plus important chez les Confédérés.

BEAUREGARD, un Créole de Louisiane, préférait le revolver Le Mat Français. On le comprend, puisqu’il était partenaire avec le Dr. Jean Alexandre François Le MAT et le Dr. Charles F. GIRARD dans l’entreprise Parisienne qui fabriqua l’arme.

Ces revolvers à neuf coups, dont les Confédérés en achetèrent environ 1500 exemplaires, étaient principalement fabriqués en calibre .42, et possédaient un deuxième canon en calibre .63 que l’on pouvait charger avec de la chevrotine, séparé sous le canon principal. Ce deuxième canon transformait l’arme en fusil de chasse miniature pour le travail à courte distance. Le pistolet Le Mat de BEAUREGARD fut acquis pendant la guerre.

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Le Major General James Ewell Brown STUART, dit « Jeb » STUART, était un autre amateur de Le Mat et fut l’un des personnages les plus romantiques parmi les Sudistes. On raconte que STUART tenait en main son revolver Le Mat, qui porte le numéro de série 115, lorsqu’il fut blessé mortellement par un cavalier du Michigan à Yellow Tavern le 12 Mai 1864. Le Major General James Patton ANDERSON de l’Armée du Tennessee, portait un Le Mat. Chirurgien pratiquant au début de la guerre, il entra au service comme Lieutenant Colonel et gagna sa première étoile en Février 1862. ANDERSON, qui était déjà un chef de Brigade et de Division agressif en 1864, fut sévèrement blessé lors de la campagne d’Atlanta, mais il était présent au moment de la reddition de l’armée en Caroline du Nord. Le revolver Le Mat d’ANDERSON, au numéro de série 475, survécut à la guerre et il peut être vu au Musée de la Confédération.

Le General Thomas Jonathan « Stonewall » JACKSON posséda au moins trois armes sur lesquelles on peut commenter. A l’époque où il était professeur au Virginia Military Institute, ou plus tard sur le terrain, il fit l’acquisition d’une paire de revolvers Anglais Adams en coffret. Ces jolies pièces d’armurerie à double action étaient populaires dans le Sud depuis le milieu des années 1850, et immédiatement disponibles dans certaines villes Sudistes chez les agents importateurs des sociétés Anglaises.

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La bataille entre les inconditionnels des revolvers Adams et ceux des Colt est bien connue. Il y eut plusieurs versions du revolver Adams à double action. Les unes sont chambrées au calibre de .36, les autres en .44, la version commercialisée par Deane, Adams & Deane ne possédant pas de crête de chien. La Massachussetts Arms de Chicopee Falls, Ma., fabriqua environ 1 000 de ces revolvers sous licence pour Adams en calibre .36 à 5 coups.

En 1862, les officiers de JACKSON lui offrirent également un revolver Le Faucheux fabriqué en France. Cette arme à percussion à broche de calibre 12 millimètres, finement gravée, respirait l’ostentation Gauloise et fut loin d’être celle que JACKSON, ce Calviniste taciturne, aurait choisie lui-même. Il y a fort peu à parier que le Adams et le pistolet français aient été portés dans ses fontes, mais il doit avoir préféré le revolver Le Faucheux comme preuve de l’estime de ses subordonnés. Sans aucun doute moins populaire comme arme de combat que le Adams ou le Colt, le revolver Le Faucheux de JACKSON survécut à la guerre et entra dans la collection du Musée de la Confédération. Le Brigadier General Turner ASHBY, l’un des officiers subalternes de JACKSON, possédait trois revolvers. En tant que commandant de la cavalerie de JACKSON, ASHBY servait son chef aveuglément et jusqu’au bout des ongles. Courageux jusqu’à l’extrême et combattant téméraire, ASHBY considérait la guerre comme une espèce de chasse au renard, où les Yankees jouaient le rôle du renard. Son Colt Dragoon en calibre .44 était épaulé par une paire de Colt Navy Model 1851 en calibre .36. Il est probable qu’il avait en main l’un des Colt lorsqu’il fut abattu le 6 Juin 1862, près de Harrisburg, Virginia.

Wade HAMPTON se trouvait à la tête d’une division du corps de STUART avant que celui-ci ne fût tué, et il devint chef de la cavalerie de LEE. On sait que le Président DAVIS offrit à HAMPTON un pistolet de selle à percussion à deux canons superposés, fait par STAUDENMAYER en Angleterre. Ce pistolet fut l’un de ceux qui avaient été portés par DAVIS au cours de la guerre du Mexique. Sur le terrain, HAMPTON portait un revolver d’une marque inconnue, et il l’utilisa beaucoup. Après la guerre, l’un de ses amis lui demanda combien de Yankees il avait personnellement tué lors des batailles. HAMPTON réfléchit un moment, puis répondit que le total s’élevait à onze. « Et les deux de Trevilian ? » répliqua l’homme. « Ceux-là, je ne les compte pas » dit HAMPTON « Ils étaient en train de courir. » Il n’avait pas compté non plus les Tuniques Bleues qu’il avait seulement blessés. Au cours de la campagne de Gettysburg, HAMPTON abattit à 125 yards et avec son revolver un Yankee armé d’une carabine. Les deux hommes échangèrent plusieurs coups de feu jusqu’à ce que la carabine du soldat s’enrayât. Chevaleresque, HAMPTON cessa le feu jusqu’à ce que l’autre arme pût à nouveau tirer, et termina l’affaire en envoyant une balle dans le poignet du Bandeau Jaune. Merde ! A 125 yards, ça fait quelque chose comme 115 mètres. Avec un revolver de type Colt où le guidon conique est censé s’aligner dans une échancrure en « V » découpée dans le chien, c’est-à-dire avec des organes de visée rudimentaires, le type en face devait être bien visible. En tous cas, c’était un manche s’il n’a pas pu descendre le gégène avant avec sa carabine, et s’il a pris un pélot dans le poignet, c’est bien fait pour lui.

John Hunt MORGAN s’en vint en guerre comme capitaine de milice en 1861 et, en deux ans, se retrouva à la tête d’une brigade. MORGAN était propriétaire d’une paire de Colt Army Model 1860 en calibre .44, gravés et aux plaquettes de crosses en ivoire, ainsi qu’un Colt Navy Model 1851 en calibre .36. Au début de la guerre, il portait, et se servait, d’un fusil de chasse. Un jour, MORGAN et quatre hommes de troupe mirent toute une compagnie de cavalerie de l’Union en déroute, par une attaque en embuscade qui fut pertinemment exécutée. Bien que ses hommes fussent armés plus tard presque exclusivement de fusils Enfield courts, MORGAN ne perdit jamais foi dans l’efficacité d’une charge de cavalerie menée avec des revolvers qui crachant autant de plomb et de feu qu’ils pouvaient le faire.

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Le Brigadier General Henry H. SIBLEY, un vétéran du service sur la frontière avec le vieux 2nd. Dragoons, mena une brigade de régiments montés Texans dans une invasion qui tourna mal, vers le Territoire du Nouveau Mexique au début de 1862.

SIBLEY possédait un Whitney en calibre .36, superbement préparé en coffret, mais il est peu probable qu’il eût pu toucher quoi que ce soit avec puisqu’il fut rarement à jeun pendant toute cette campagne désastreuse à travers le désert. A la fin de l’expédition, les chefs écœurés de son régiment espéraient qu’il retournerait le Whitney contre lui avant d’accepter un poste de général dans la Confédération.

Les Texans adorateurs de Colt avaient un bien meilleur chef en la personne du Brigadier General Ben Mc. CULLOCH. Un vétéran de la Guerre du Texas pour l’indépendance en 1836 et ancien Ranger sur la frontière, Mc. CULLOCH se vit offrir le 1er. Janvier 1848, par Samuel COLT en personne, l’un des premiers modèles de production du revolver Dragoon de 1848. Le pistolet, au numéro de série 1337, lui servit pendant plus de dix ans avant qu’il fût engagé dans les forces Confédérées. Parmi les unités sous son commandement, on trouvait la Compagnie A du 3rd. Texas Cavalry, armée exclusivement de revolvers et de carabines à répétition Colt. Mc. CULLOCH arborait un uniforme de velours noir et portait son Colt à la ceinture. Il fut tué par un tireur d’élite de l’Union, alors qu’il menait la charge à Pea Ridge, Arkansas, le 7 Mars 1862.

Le Major General David E. TWIGGS, auparavant colonel du 2nd. Dragoons pendant le Guerre du Mexique, reçut de Samuel COLT l’un des premiers revolvers Model Paterson, à un moment de sa carrière dans l’ancienne armée. L’âge et la maladie l’empêchèrent d’occuper une place active sur le terrain, et il mourut pendant l’été de 1862, laissant son rare Paterson à la postérité. Le choix du General Joseph WHEELER fut curieux. Il préféra un revolver Savage-North en calibre .36. Avec sa carcasse bizarre, piquant du nez, et son drôle de chien sur le haut, le Savage-North était à la fois gauche d’aspect et peu commode à manier. Il a du faire l’objet de quolibets chez les soldats aguerris de WHEELER, qui préféraient des Colt et des Remington capturés sur l’adversaire. Mais ce Savage-North servit très bien au général, puisqu’il survécut à de nombreuses rencontres avec l’ennemi. Au Tennessee entre Novembre et Décembre 1862, WHEELER fut personnellement engagé dans pas moins de vingt escarmouches avec les troupes de l’Union. Ces actions forcèrent d’ailleurs le General Braxton BRAGG à le réprimander officiellement pour s’être « exposé inutilement ».

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« Saignant horriblement du nez », le revolver Savage-North, breveté en 1856 et tirant 6 coups de calibre .36, fut amélioré en 1860. Le levier entourant la queue de détente servait à armer le chien avec le médius si le tireur ne voulait pas se servir du pouce. Il permettait surtout le tir rapide, pratiquement en double action, mais on imagine facilement ce que cela pouvait donner en matière de précision. Le Third Model de la première version, à gauche, fut fabriqué à 400 exemplaires, et la dernière version, à droite, le fut à 11 984 exemplaires.

Nathan Bedford FORREST, le Texan du 8th. Texas Cavalry, était encore plus agressif que WHEELER. A l’été 1861, il se mit à rassembler un bataillon de cavalerie pour l’enrôler dans la Confédération. Se glissant en Kentucky neutre, il acheta 500 revolvers pour ses hommes. Les types de pistolets qu’il se procura demeurent inconnus, mais on dit que FORREST porta une paire de Colt Navy Model 1851, du début de la guerre jusqu’à la fin. FORREST se trouvait constamment sur la ligne de feu et vingt neuf chevaux furent tués sous lui. Avec l’habitude qu’avait FORREST de rester dans le feu de l’action, les canons de ses revolvers étaient toujours chauds. Plusieurs incidents illustrent son goût du combat personnel. A la fin de Décembre 1861, FORREST menait une attaque contre la garnison Nordiste de Sacramento, Kentucky, lorsqu’il se retrouva en face de trois Tuniques Bleues agitant leur sabre. Une balle de pistolet déchira le collier de la veste de FORREST, marquant son cou. Il renversa l’un des soldats de sa selle en lui expédiant une balle, et se retourna pour affronter les deux autres attaquants. « Il abattit le premier avec un coup de feu, et sabra les deux autres » écrivit plus tard son biographe, Robert Selph HENRY. FORREST s’extirpa d’une autre situation difficile à coups de pistolets, au mois d’Avril suivant à Shiloh, y récoltant une blessure qui aurait tué beaucoup d’autres hommes. Ce ne fut pas avant des semaines plus tard, pendant lesquelles il était resté sur le terrain à se battre, qu’il consentit à ce que la balle de mousquet fût extraite de sa blessure, et même alors, on l’opéra sans anesthésiant. Juste un grand coup de gnôle dans le gosier, suivi d’un petit coup de maillet sur le crâne, immédiatement et adroitement administré. Un mal en chasse un autre, et si le gégène a mal à la tête après l’opération, on lui dira qu’on n’avait pas les moyens d’acheter de la bonne gnôle, parce que le fric, on l’a dépensé pour acheter des Kalach’s. Le Brigadier General James DEARING quitta l’Ecole des Cadets quand la Virginie se sépara de l’Union, et il passa les trois premières années de la guerre comme commandant d’artillerie et de cavalerie, avant de gagner son étoile en Avril 1864. Lors des la retraite vers Appomattox, ses hommes se heurtèrent aux troupes de l’Union menées par le General Theodore READ à High Bridge, Virginia, le 6 Avril 1865. DEARING et le général Yankee se mirent à part et se battirent dans un duel au pistolet, qui laissa READ mort et DEARING mourant. Le Colt Navy Model 1851 de DEARING reste en possession de sa famille, relique précieuse du dernier général Confédéré à mourir au combat. Une autre arme de poing ayant appartenu à un général Sudiste est inscrite en triste post-scriptum à la guerre. Le Brigadier General William M. BROWNE de Georgie, offrit son revolver Colt Root Pocket Model 1855, au numéro de série 22987, à la femme du Président, Mme. Varina Howell DAVIS, juste avant que le gouvernement ne partît de Richmond en Avril 1865. La Première Dame de la Confédération quitta Richmond avec un petit enfant dans les bras et un revolver Colt glissé dans son sac à main.

On trouva toute une variété d’armes d’épaules dans les tentes et les chariots à bagages des quartiers généraux. Des armes à chargement par la culasse de différents types semblent avoir été populaires parmi eux. Jeb STUART possédait un fusil revolver Colt ainsi qu’une carabine Anglaise à chargement par la culasse Calisher & Terry, qu’il essayait sur le terrain pour la cavalerie Confédérée. Cette carabine en calibre .56 présentait un gros mécanisme de culasse qui ressemblait un peu à ceux que l’on trouve sur les pièces d’artillerie modernes. Le Major General John B. FLOYD de Virginie reçut en cadeau de Samuel COLT un fusil revolver Colt alors qu’il était Secrétaire à la Guerre sous le Président James BUCHANAN. Le Major General John G. WALKER fut un autre de ces officier supérieurs qui possédaient un fusil Colt. Il acheta le sien quand il servit au Regiment of Mounted Riflemen dans les années 1850.

Nathan Bedford FORREST, alors Lieutenant Colonel, encore lui, était présent à la bataille de Fort Donelson. C’est là qu’avec un coup tiré de loin avec une carabine Maynard, il abattit un tireur d’élite Nordiste perché dans un arbre.

Et voilà que les officiers Sudistes se mettent à dégommer les snipers adverses avec des pétoires, maintenant.

Ben Mc. CULLOCH affectionnait lui aussi la Maynard à chargement par la culasse, et en portait une en bandoulière lorsqu’il mourut à Pea Ridge. Le Major General Dabney H. MAURY, qui servit avec WALKER sur la frontière du Texas, accrochait sa préférence à un fusil à chargement par la bouche, plus conventionnel. En poste à Carlisle Barracks, Pennsylvannia, avant la guerre, il se procura un canon de U.S. Model 1841 Mississipi Rifle de surplus, et le fit monter sur un fût et une platine de sport par un armurier local pour en faire un fusil superbement précis. MAURY se vantait d’avoir tiré du gibier à plus de 200 yards avec cette arme de service qui avait été modifiée. Ben tiens… Une zone vitale sur un gibier moyen, c’est pas grand. Et quand on connaît les faibles qualités balistiques de la grosse boule tirée par le Mississipi Rifle, il faut taper dans la zone vitale, sinon le gibier continue à se promener en boitant et il va se perdre ailleurs, pour y crever sans qu’on l’ait retrouvé. Donc à 200 yards avec un canon lisse, faut déjà être bon tireur. Le Major General Samuel G. FRENCH gardait comme trophée l’un des seize fusils à répétition Henry que ses troupes avaient capturé lors d’un combat en 1864 contre les forces de SHERMAN en Georgie. Après Appomatox, FRENCH rendit loyalement le joli fusil au boîtier de culasse en laiton, aux autorités de l’Union.

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 Fabriqué à environ 14 000 exemplaires par New Haven Arms Co., à New Haven, Connecticut, en calibre .44 Henry Flat à percussion annulaire. Le gouvernement Nordiste en acheta 1 731 entre 1862 et 1865, et en dota le 1st. Maine et le 1st. District of Columbia Cavalry Regiment.

D’autres généraux Américains ont porté des armes personnelles spéciales depuis l’époque de FORREST et de WHEELER. Sans aucun doute, les guerres à venir verront des généraux Américains dégainer leurs armes en menant leurs troupes à l’assaut contre l’ennemi, mais leurs exploits ne resteront que des ombres pâles, comparées à ceux qui furent accomplis par les galants chefs menant les légions Grises de la Cause Perdue. Au vingtième siècle, on sait qu’un autre Américain, amateur d’armes né en 1885 en Californie et qui n’avait donc plus rien à voir avec les paladins Gris, mais plus connu comme Général de chars, George S. PATTON, préférait des crosses en ivoire sur la paire de Single Action Army en .45 qu’il portait de préférence au Colt 1911 réglementaire dont il avait gardé un mauvais souvenir, quand un coup était parti tout seul de son pistolet tombé au sol alors qu’il était Capitaine pendant la Première Guerre Mondiale. L’individu était d’ailleurs armé jusqu’au dents car, non content d’être escorté et protégé comme un General peut l’être, il avait également, en plus de la paire de Colt S.A.A., une paire de Smith & Wesson en .357 à canons de 3,5 pouces. Chez les étrangers, deux autres individus, loin d’être des paladins Gris ceux-là, furent ce gros porc d’Hermann GÖRING qui frimait avec un revolver Smith & Wesson en .38 Special à la ceinture, comme si un bon vieux Lüger P08 allemand n’eût pas été mieux, mais c’était déjà trop bien pour lui, et le Russe Leonid BREJNEV qui aimait emporter son Colt Peacemaker Single Action Army en .45 avec lui lorsqu’il partait chasser.

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LES ARMES DES COMANCHEROS

Traduction d’un article de W. AUSTERMAN paru dans D.G.W. Blackpowder Annual 1990

Comanchero ! Pour ceux qui vivaient le long des rives sauvages de la frontière du sud-ouest au milieu et à la fin des années 1800, ce mot-là évoquait autant une épithète remplie de haine qu’un nom définissant une certaine classe d’hommes. Pendant presque un siècle, les caravanes de chars à bœufs et de mules passèrent vers l’est depuis le Nouveau Mexique à travers les Staked Plains, les Plaines Jalonnées, pour atteindre les lieux de rendez-vous avec certaines des tribus d’Indiens les plus féroces du contient. C’est là, dans l’ombre de la faille lugubre d’un canyon ou le long d’un défilé sans nom taillé par l’érosion de la pluie, qu’ils échangeaient leurs marchandises contre des peaux de bison, du bétail, des chevaux, des mules ou des prisonniers Blancs. Courtiers en avidité et en misère humaine, les Comancheros exerçaient leur trafic sordide dans cette contrée sauvage avec la certitude arrogante d’hommes qui savaient que la force de la loi ne s’étendait pas plus loin que là où la poudre, les capsules et les balles rondes ne pourraient la porter. A l’époque où le métier de Comanchero atteignit son apogée dans les années qui suivirent la Guerre Civile, leurs rangs comptaient de tout, des Anglos renégats et des New Mexicains sans scrupules, aux Indiens Pueblo prêts à faire des affaires avec leurs anciens ennemis si le prix y était. Quelques Comancheros se contentaient de rencontrer les protagonistes sur leur propre terrain pour les ventes. D’autres chevauchaient avec les bandes de guerriers qui s’élançaient vers le Sud depuis les hautes plaines vers le Texas, ou bien par le Nord vers le Kansas et le Colorado, en prêtant leur intelligence de prédateurs à la férocité de leurs clients au fur et à mesure que ceux-ci choisissaient les cibles pour leurs raids. Tous les Comancheros vivaient littéralement grâce aux armes, et celles qu’ils utilisaient ou échangeaient constituaient les variations de leur commerce morbide. Il existe des traces aussi anciennes que 1780, où l’on retrouve des bandes d’aventuriers du Nouveau Mexique qui défiaient les prohibitions gouvernementales à rechercher les tribus des plaines à l’Est, pour leur commerce. Ces trafiquants acquirent une connaissance intime de la région ainsi que des meilleurs chemins à prendre pour traverser sa surface aride.

Vers l’été de 1810, des groupes de cinquante trafiquants, voire plus, rencontraient des Ute, des Kiowas et des Comanches avec la bénédiction du gouvernement provincial Mexicain de Santa Fe. Les autorités se rendaient compte que ce commerce pouvait servir de tampon très efficace aux incursions américaines en territoire Espagnol. Lorsque éclata la Guerre du Mexique en 1846, les chariots des Comancheros avaient tracé des sillons profonds dans la terre qui longeait la rivière Canadian, s’écartant et se perdant comme les brins d’une vieille corde cassée à l’intérieur d’un désert que CORONADO, trois siècles plus tôt, avait appelé « El Llano Estacado », les « Staked Plains », les plaines marquées de jalons. Un trafic important se faisait entre les Américains et Santa Fe depuis le début des années 1820, et les armes à feu étaient parmi les marchandises les plus convoitées. Le marchand du Missouri Albert SPEYER passa tout un lot de Fusils Mississippi Modèle 1841 en contrebande à Santa Fe, à la veille même de l’invasion américaine du Nouveau Mexique. D’autres armes suivirent avec les caravanes qui arrivaient dans le sillage de l’annexion américaine du territoire. On ne peut pas vraiment faire de documentation bien précise sur tous les types d’armes échangées avec les Indiens pendant la période précédant immédiatement la Guerre Civile, mais certaines marques d’armes étaient stockées tout à fait normalement à la fois par des marchands à jour de leur licence, et par des trafiquants illicites. Des fusils à silex ou à percussion fabriqués par des firmes comme Leman, Henry, Tryon et Deringer étaient largement distribuées dans les plaines aux alentours de 1850. Ces armes solides et précises constituèrent des produits de première nécessité pour les trente années çà venir. Ironiquement, après la Guerre Civile, le gouvernement des Etats Unis aida indirectement les Comancheros à prospérer. La vente de milliers d’armes en surplus à des prix cassés augmenta les inventaires des trafiquants à peu de frais pour eux. Ainsi, en Novembre 1867, l’arsenal de Fort Leavensworth mit 19 551 fusils à la vente publique en un jour, sans demander à tous ceux qui en voulaient d’où venait leur argent comptant. Un autre exemple typique fut la vente qui se tint à l’arsenal U.S. de San Antonio, Texas, en Janvier 1868, quand on mit sur le marbre 311 carabines Burnside à chargement par la culasse, 800 fusils rayés Enfield, 250 mousquets à canon lisse, 400 revolvers Colts et 81 revolvers Remington.

Les nouvelles armes arrivèrent vite aux mains des hostiles. En été 1866, le Lieutenant Colonel E.H. BERGMAN, officier commandant à Fort Bascom, New Mexico, commit l’imprudence d’emmener un détachement au cœur du territoire Comanchero dans un effort pour récupérer du bétail volé chez des fermiers. Utilisant deux Comancheros capturés comme guides, le Colonel atteignit un village Comanche situé presque à 250 miles au Sud-Est du poste. Il y avait 160 habitations dans le village, abritant au moins deux fois autant de guerriers. L’officier nota que chaque brave arborait un revolver à sa ceinture et « une grande partie d’entre eux était armés de deux pistolets. » Au moins la moitié des guerriers présents étaient soit des prisonniers Mexicains qui avaient grandi depuis l’enfance parmi les Comanches, ou des Comancheros Mexicains qui vivaient volontairement parmi les hommes de la tribu. Il s’en sortit sans combattre, mais il avait perdu. L’affluence des armes entraîna une recrudescence des raids, pas seulement vers le Texas et le Nouveau Mexique, mais aussi sur la Piste de Santa Fe. En Janvier 1867, un officier du 3ème. Infantry en poste à Fort Dodge, Kansas, remarquait : « Entre les ventes légales par les agents et les trafiquants, les Indiens n’ont jamais été aussi bien armés qu’aujourd’hui. Plusieurs centaines d’Indiens ont visité le poste, et tous avaient des revolvers en leur possession. Une grande majorité avait deux revolvers, et beaucoup d’entre eux en avait trois. Les Indiens ne cachent pas qu’ils ont plein d’armes et de munitions en cas de problèmes au printemps… Pour un revolver, un Indien donnera dix, voire vingt fois, le prix qu’il vaut, en chevaux et en fourrures. » Ce mois d’Août-là, apparurent encore plus d’armes de surplus lorsque les hostiles attaquèrent une caravane de chariots 160 miles à l’ouest de Fort Harker, Kansas. On rapporta que les braves étaient armés « de fusils Spencer, de Sharps, et de mousquets Enfield, et qu’ils avaient des munitions à foison. »Pour des raisons évidentes, les Comancheros ne gardèrent pas de suivi comptable de leurs ventes, mais quelques traces matérielles ont survécu pour nous indiquer quelles sortes d’armes à feu figuraient dans leur commerce avec les Indiens.

En 1976, le Llano Estacado Museum de Plainview, Texas, publia le rapport d’une fouille archéologique sur un site de trafic Comanchero. Situé au Nord-Est du conté de Floyd, Texas, le site était constitué de ruines de trois tranchées-abris surplombant Quitaque Creek, et un quatrième abri trouvé un quart de mile en amont. Les fouilles révélèrent que les tranchées avaient été creusées à l’origine sur une profondeur de quatre pieds dans le sol de la colline, et qu’elles avaient été surplombées de murs et de toits en troncs de cotonniers avec des branches recouvertes de peaux de bison. Mesurant 18 pieds sur 13 pieds, avec au milieu le foyer et le passage pour l’entrée, les structures contenaient une abondance d’artefacts, dont la plupart dataient de la période entre 1870 et 1880. L’une des tranchées contenait les restes de pas moins de quatre armes. La seule arme de poing parmi elles était un revolver à percussion Remington Modèle 1861 en calibre .44. Arme de poing militaire et civile couramment rencontrée sur la frontière, le Remington avait l’avantage de présenter une carcasse fermée qui le rendait plus solide que son rival le Colt. La possibilité de le faire fonctionner avec de la poudre en vrac, des capsules et des balles comme munitions constituait également un avantage, car les cartouches métalliques dont avaient besoin les revolvers plus modernes étaient souvent difficiles à trouver et toujours chères. Il a été facile d’identifier deux des trois armes longues restantes trouvées dans la tranchée. L’une était un fusil Modèle 1841 « Mississipi Rifle ». A chargement par la bouche, fonctionnant à percussion et en calibre .54, c’était l’arme réglementaire standard dans les régiments U.S. de fusiliers à cheval, de 1840 à 1861, et elle vit du service chez les Texas Rangers en plus d’avoir été une arme populaire chez les immigrants en route vers la Californie. Les garnitures en laiton et la platine jaspée du Modèle 1841, une arme déjà familière dans les Plaines du Sud au milieu des années 1850, en faisaient une pièce agréable pour l’œil d’un Indien. La grosse balle que l’on utilisait en 1841 était capable de mettre à terre tous les gibiers que l’on pouvait rencontrer dans la région. On trouva aussi une carabine Starr en .54, sans la crosse ni le fût, mais mécaniquement intacte lorsqu’on la sortit de la tranchée. Cette arme à chargement par la culasse, brevetée par Ebenezer STARR en 1858, ressemblait extérieurement à la Sharps, plus populaire. Son bloc de culasse articulé sur charnière permettait un chargement facile avec les cartouches en lin ou en papier que chambraient les 20 000 premières Starr du contrat passé avec le gouvernement. Ce premier contrat fut rempli entre Juillet 1863 et Décembre 1864.

Un supplément de 5000 Starr fut vendu au gouvernement U.S. de Mars à Mai 1865, chambrées pour la cartouche métallique Spencer de .56-52. La Starr que l’on trouva dans le site de Quitaque chambrait la cartouche du Spencer. Les Kiowas et les Comanches se familiarisèrent probablement avec la Starr suite à sa mise en service avec les 2ème. et 3ème. régiments de Colorado Volunteer Cavalry en 1864. Ces unités patrouillaient dans les plaines orientales du territoire. Les Starr de surplus ne tardèrent pas à trouver leur chemin dans des chariots Comancheros pour le trafic avec les Indiens. La dernière relique d’arme trouvée par les archéologues fut le canon d’un fusil des plaines à demi-fût, fonctionnant à percussion et du type Hawken ou Leman. Ce canon au calibre de .45 mesurait trente huit pouces de la bouche à la culasse, et un pouce et un huitième en largeur. Il n’avait en dessous qu’un seul support en laiton pour la baguette de chargement. Plus long à charger que la Starr, le fusil des plaines pouvait tout de même rapporter de la viande ou faire dresser les cheveux si nécessaire.

On trouva de nombreuses douilles de cartouches pendant les fouilles, et elles constituèrent les témoins de ce que les Comancheros utilisaient ou échangeaient comme autres armes. Parmi ces cartouches, on compta cinq douilles de .45-100 Remington à percussion centrale. « Il s’agit là d’une version plus courte de la Remington à douille bouteille de deux pouces et cinq huitièmes » nota l’archéologue, « et elle figurait au catalogue Sharps de 1873, tout comme la douille de .45 de deux pouces et quart. » De telles munitions furent probablement fournies pour des fusils Sharps pris sur d’imprudents chasseurs de bisons. On trouva également deux douilles de .50-70 Governement à percussion centrale. D’abord adoptée comme munition officielle pour les fusils et les carabines à chargement par la culasse Springfield utilisés par l’U.S. Army de 1866 jusqu’à 1873, la .50-70 s’utilisait aussi dans les fusils et des carabines Sharps convertis depuis le système à percussion, tout comme dans le fusil Remington Rolling-Block. La munition de .50-70 resta populaire sur la frontière, bien après le choix par les militaires de la cartouche .45-70 Government en 1873, qui lui était supérieure au point de vue balistique. Les douilles que l’on trouva dans les fouilles de Quitaque étaient toutes les deux du premier type, avec l’amorçage Benet, et faites en cuivre au lieu de laiton. On trouva cinq douilles de .56-50 pour les fusils à répétition Spencer dans les débris du camp. Les douilles en cuivre et à percussion annulaire étaient marquées « F.V.V. & CO. » Moins puissante que la .50-70, la Spencer était quand-même encore populaire chez les Indiens, les soldats et hommes de la frontière. De manière surprenante, une seule douille de .45-70 fut retrouvée. Trois autres douilles, plus grosses et que l’on ne put identifier, sortirent aussi du trou. Les douilles de cartouches pour armes de poing furent plus nombreuses. On trouva dix douilles pour revolver Colt en .45, mais les marquages du fabricant n’étaient sur aucune. On trouva aussi sept douilles de Smith & Wesson Modèle Russian en calibre .44. L’une d’entre elles était marquée « S&WR ». Conçus par la compagnie pour le contrat militaire russe, l’arme et la cartouche étaient toutes les deux disponibles sur le marché civil américain en 1878. Dans tous ses modèles à grande carcasse, le Smith & Wesson trouva des amateurs sur la frontière, grâce à son système à brisure et à éjection multiple. Ces caractéristiques en faisaient une arme plus facile à recharger que le Colt Modèle 1873 à carcasse monobloc. Quatre douilles de pistolet, fortement fragmentées et que personne ne put identifier, vinrent s’ajouter aux fouilles, en même temps qu’une paire de balles en plomb de calibre .54. Dans les deux cas, il s’agissait de projectiles en plomb pur, à base creuse et à deux gorges de graissage, les marques de six rayures étant encore visibles sur l’un d’eux, aplati à l’impact lorsqu’il avait été tiré. On trouva également deux balles de plomb rondes en calibre .50, déjà tirées et aplaties. Les quatre balles tirées furent retrouvées dans la même structure, l’une d’entre elles ayant fini sa trajectoire dans la salle principale, les autres dans le passage servant d’entrée. Cela peut signifier, soit que les anciens résidents étaient très imprudents en manipulant leurs armes, soit qu’une bataille rangée a éclaté entre des gens à l’intérieur de la cabane. Trois amorces à percussion et dix grandes amorces pour armes d’épaule vinrent compléter la liste des objets touchant de près ou de loin les armes à feu, signifiant que les armes à percussion continuaient à être populaires dans le commerce. Les reliques mises à jour dans le site de Quitaque Creek ne représentent seulement qu’une minuscule fraction des armes et des munitions échangées ou utilisées par des Comancheros ne fréquentant qu’un seul des nombreux sites analogues au Texas et au Mexique de l’Est.

L’un des étudiants intéressé par le trafic que pratiquaient les Comancheros, a localisé et expertisé pas moins de treize de ces points de rendez-vous dans un rayon de mille miles autour de Tucumcari et de Fort Bascom, New Mexico. De nombreuses reliques ayant trait aux armes à feu furent aussi retrouvées dans ces sites-là. Parmi elles, la collection classique de douilles de cartouches, de capsules, et de projectiles, en même temps que les restes d’un fusil de chasse double à canon scié, trouvé dans un site à seulement quarante miles du fort. Les armes illicitement fournies aux Indiens et provenant des râteliers des postes de l’armée n’étaient pas rares. Les Comancheros payaient de bonnes sommes pour des armes d’ordonnance, et il existait des soldats qui avaient toujours besoin d’argent liquide. Il s’ensuivit toute une épidémie de vols d’armes. En faisant l’inspection de sa compagnie de cavalerie en Janvier 1866, un officier de Fort Union, New Mexico, se rendit compte qu’il manquait cinquante cinq revolvers à percussion Remington en calibre .44. Les armes, qui coûtaient 12,00 $ la pièce au gouvernement, partaient à 50,00 $ la pièce sur la frontière. Au Texas, les vols d’armes atteignirent de telles proportions qu’au mois d’Août 1866, le War Department fut obligé de publier la circulaire General Order N° 65, qui disposait : « Dans l’état du Texas, le prix de leurs armes sera déduit de la paie des hommes engagés qui se débarrassent ou qui perdent leurs carabines Spencer, ou les revolvers Army Colt ou Remington, à raison de cent dollars l’unité pour les premières et cinquante dollars pour chacune des deux autres. » Les déserteurs, eux aussi, furent une source possible d’armes de contrebande. En Février 1867, le « Army & Navy Journal » rapportait que cinquante hommes du 3ème. Cavalry avaient déserté en masse de l’un des postes du Kansas, « …emportant avec eux chevaux, carabines, pistolets et munitions, dans l’intention probable de passer par le Nouveau Mexique avant de se disperser à travers la Californie. » A cette époque, le 3ème Cavalry était armé de carabines Sharps et Spencer, ainsi que de revolvers Colt et Remington. Les déserteurs en route vers la Californie purent très bien avoir trouvé de bon preneurs pour de telles pièces dans le Nouveau Mexique oriental. Les Indiens ne cachèrent jamais leur intérêt pour les armes. Le chef Kiowa Lone Wolf, Loup Solitaire, se présenta effrontément à une conférence de paix en 1871 à Fort Sill, Territoires Indiens, tenant fermement dans chaque main une carabine Spencer de contrebande.

Par la suite, le Général William T. SHERMAN écrivit au commandement de Fort Leavenworth, Kansas : « Je constate maintenant que beaucoup de ces assassinats et ces déprédations ont été faits par des Indiens de cette réserve, et qu’il existe un système pour échanger vers le Kansas et le Nouveau Mexique les chevaux et les mules volées, contre des armes et des munitions, car ces bandes de maraudeurs se promènent partout avec des carabines Sharps ou Spencer et des fusils Henry, et elles sont approvisionnées avec des cartouches ad hoc. » Le trafic Comanchero fleurit à partir de la Guerre Civile. En 1871, le journal « Daily New Mexican » estimait que plus de 30 000 têtes de bétail avaient été menées vers l’intérieur du territoire par les Comanches pendant les trois mois précédents. L’éleveur Texan Charles GOODNIGHT, lui-même victime de vols de bétail par les Comancheros, estimait qu’en deux ans seulement, 300 000 bovins et 100 000 chevaux avaient été volés dans son état pour entretenir ce genre de commerce. Les déprédations continuaient en une chaîne sans fin d’épanchements de sang et de vols, au fur et à mesure que les armes arrivaient aux mains des Indiens. En Janvier 1869, « environ une centaine de guerriers armés chacun de deux six-coups et d’un fusil Spencer… » attaquèrent le village de Gatesville au Nord d’Austin, tuant dix colons et emmenant plusieurs femmes et enfants pour les vendre plus tard aux Comancheros. Le mois de Mars suivant, le Consul des Etats Unis à Piedras Negras, Nouveau Mexique, écrivait que les Indiens faisaient des échanges en pleine ville, « bien armés de carabines Spencer et de revolvers. » En Avril 1873, un journal du Texas relatait une bagarre récente près de Camp Colorado, où une douzaine de braves, armés de Spencer, avaient défié les colons. Ce mois d’Août-là, quinze Comanches, armés de fusils « Winchester, Henry et Spencer », se heurtèrent à la milice locale au cours d’une bataille acharnée en haut de Packsaddle Mountain, la Montagne de la Selle de Bât. Toutefois, vers le début de 1873 et à cause du vigoureux harassement par les militaires, le commerce des Comancheros commença à décliner. Les Comancheros plus ardus répondirent en traçant leurs pistes à chariots plus au Nord de la rivière Canadian et un marchand effronté, Juan PIEDA, lança un défi public à l’Armée, mettant les troupes en demeure de l’attraper si elles le pouvaient.

Il y avait encore de l’argent à faire dans le commerce, mais les conditions changèrent rapidement au fur et à mesure que les Blancs pénétraient dans les Staked Plains en nombres de plus en plus grands. Les équipes d’experts et de géomètres, envoyés là pour un projet de ligne de chemin de fer, écumèrent le Llano avec des gens qui n’étaient là que provisoirement mais avec leurs Winchesters, et à partir de l’été 1874, les chasseurs de bisons éliminaient les grands troupeaux qui y paissaient encore. En voyant leur patrimoine menacé par la disparition des bisons, les Kiowa, les Comanche et les Cheyenne du Sud se rassemblèrent dans une tentative désespérée de repousser les intrus hors de leurs territoires de chasse. A la fin de Juillet 1874, des centaines de colons avaient été tués dans la Cimarron Valley, et même près de Fort Bascom, comme les raids s’étendaient vers l’intérieur du Nouveau Mexique. Au mois d’Août, on préparait une grande campagne contre les Indiens, la Red River War, la Guerre de la rivière Rouge, avec cinq colonnes de soldats qui sortirent des postes du Texas, du Nouveau Mexique, du Kansas et du Territoire Indien, pour attaquer les hostiles sur le terrain. Après une avance forcée, ces colonnes convergèrent en amont de la Rivière Rouge et dispersèrent ou forcèrent à se rendre la plupart des bandes fugitives. A cette époque, quelques Comancheros virent la fin de leur commerce se rapprocher de plus en plus et l’abandonnèrent pragmatiquement pour s’enrôler dans l’Armée comme éclaireurs contre leurs anciens clients. On continua à se livrer des batailles sporadiques et mineures, contre des braves défiant tout le monde, même après que les tribus fussent enfermées dans leurs réserves. En 1880, une compagnie de Texas Rangers, sous le commandement du Capitaine George W. ARRINGTON, intercepta un groupe d’Indiens Pueblo Comancheros qui traversaient les Staked Plains pour se rendre vers un lieu de rendez-vous. Les Rangers confisquèrent leur chargement d’armes, qui consistait en« principalement des fusils Spencer et des cartouches à percussion annulaire », se rappela l’un des hommes de loi. Le CapitaIne ARRINGTON relâcha les Pueblo en les prévenant que si jamais il les retrouvait à nouveau sur ce territoire, il leur ferait tirer dessus à vue. Il ordonna ensuite à ses hommes d’enterrer les armes et les munitions près de leur camp. L’auteur ne dit pas si les Comancheros ont, ou n’ont pas, surveillé les Rangers de loin pour voir ce qu’ils faisaient avec leur came, puis s’ils sont revenus en douce pendant que les Rangers étaient partis, pour déterrer les caisses et les récupérer. Sûrement ont-ils laissé tomber, peut-être parce qu’ils avaient trop les foies. Quelque part dans le Llano Estacado, au Nord du vieux Fort Elliot, reposent les restes rouillés des vestiges d’un vieux trafic qui fit baigner la frontière du Sud-Ouest dans un bouillonnement de sang pendant des générations. Dis-moi juste où elles sont, ces caisses, et je m’en vais te les chercher, moi, ces Spencers et leurs cartouches ! Les armes portées et vendues par les Comancheros avaient été d’un côté les instruments d’efforts sordides de gens qui recherchait la richesse, et de l’autre ceux du combat désespéré d’un peuple fier qui refusait de se faire balayer par une marée de civilisation Blanche.

A la fin, les rêves et les espoirs qu’on avait tant défendus jusqu’au sang avec le trafic des armes, furent délaissés avec le même aspect qu’une douille pour Spencer que l’on vient de tirer, c’est-à-dire brûlée, sale et vide. Aujourd’hui, l’herbe a repoussé depuis longtemps sur les pistes tracées par les chariots des trafiquants, pendant que les vieux os des guerriers morts se sont réduits en poudre et se sont mélangés avec la poussière qui chevauche le vent par dessus le Llano Estacado. N’oublions pas le cactus et le vautour posé dessus.

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LES ARMES DES CHERCHEURS D’OR « QUARTANTE-NEUVIENS »

Traduction d’un article de Rick HACKER paru dans D.G.W. Blackpowder Annual 1983

( les remarques en italique sont du traducteur )

S’il y a un événement qui peut être tenu pour avoir été le point de départ de la grande migration de colons vers le Far West, l’Ouest Lointain, c’est la Ruée vers l’Or de Californie en 1849. En une seule année, ce qui n’avait jadis été qu’un endroit tranquille, rural et presque ignoré, un lacis de rivières paresseuses et de collines de genévriers qui s’élevaient doucement pour rejoindre les crêtes recouvertes de pins et de granit de la Sierra Nevada, la Montagne Enneigée, se transforma en des villes grouillantes de communautés agitées, construites à la hâte et n’importe comment, de routes encombrées de chariots et d’essaims d’une importance jamais vue auparavant, d’hommes, de femmes et d’enfants issus de toutes les couches sociales et venant de pratiquement tous les coins du globe. En moins de dix ans, la population de la ruée vers l’or de Californie gonfla de 14 000 en 1848 à plus de 380 000 en 1860. Et pour moi, de 1848 à 1860, ça ne fait pas moins de dix ans, ça en fait douze. Ironiquement, la première fois où l’on découvrit de l’or fut un événement très peu relaté, et l’homme à qui l’on attribue généralement cette ruée vers l’or, John Augustus SUTTER, mourut dans la misère, se lamentant « Mes jours les plus beaux furent ceux d’avant la ruée vers l’or »C’est donc le seul mec, déjà riche avant, que la découverte d’or rendit pauvre. En fait, les autres sont venus prendre l’or que l’on trouvait chez lui, certains y moururent, souvent d’une mort violente, avant d’en avoir trouvé, d’autres moururent dans la misère sans en avoir trouvé, d’autres moururent aussi dans la misère, après en avoir trouvé mais après l’avoir flambé, d’autres encore repartirent avec une fortune, mais lui n’en chercha jamais, alors qu’il était à sa portée puisque tout le pays était à lui, et les cafards fous lui ont massacré son petit coin de paradis. Avant la découverte de « couleur », SUTTER était l’homme le plus important et le plus influent dans la région du delta du Sacramento en Nouvelle Californie. Sa forteresse de cinq acres, qu’il appelait « New Helvetia », la Nouvelle Suisse, était un empire miniature fait d’un mur de deux pieds et demi formant un fort autonome qui avait des écuries, des jardins, une forge, une tannerie, des magasins généraux, bref, tout ce dont on pouvait avoir besoin pour vivre dans un pays rural où personne ne venait déranger et que presque personne ne venait visiter. Le fort lui-même était gardé par de hautes tours et des canons à chaque point stratégique. A l’époque où les Etats Unis arrachèrent l’Alta California au Mexique en 1846, c’est-à-dire la Haute Californie ou la partie Nord aujourd’hui américaine, en comparaison avec la Baja California qui est toujours mexicaine, SUTTER se sentait en sécurité. Bien qu’il fût un immigrant Suisse et que le Général Guadalupe VALLEJO lui eût donné officiellement le grade militaire de Capitaine, sa loyauté était pour les « States ». Il ne se rendait pas compte de la menace qui l’attendait sous les eaux tumultueuses de la rivière America, à quelques miles en amont de son enceinte fermée. Dans ma collection personnelle, j’ai une reproduction relativement rare du journal de la New Helvetia de SUTTER. En lisant les mots de SUTTER au sujet de ces années tranquilles précédant la ruée vers l’or, je ne vois presque pas de mention sur des armes, de quelque sorte que ce soit, à l’exception du canon qui gardait le fort. Pourtant, les armes à feu ont toujours fait partie de toute manière de vivre sur la frontière et, au cours de visites personnelles sur les restes reconstruits, en un peu plus petit, de Fort Sutter, je ne fus pas surpris de découvrir l’existence d’armes longues, la plupart des mousquets et des fusils de type militaire, que l’on utilisait à l’époque à la fois pour se procurer de la nourriture et pour assurer sa protection personnelle. Malheureusement, à cause des effets du temps et de la corrosion, seuls ont pu être identifiés un mousquet modèle U.S. 1795 et un fusil rayé modèle Mississipi 1841, en même temps que quelques fusils de chasse juxtaposés à percussion, l’un des outils les plus utiles, comme nous allons le voir, pour les « quarante-neuviens », appelons-les comme çà, ces hommes et ces femmes de la Ruée vers l’Or de 1849, pour rester fidèle à l’expression de l’auteur tout en ne tombant pas dans l’imitation « soixante-huitard » sur le retour d’âge. Bien sûr, ce ne fut pas une surprise de découvrir des fusils militaires à Fort Sutter, car ce havre bien connu était une escale programmée pour quiconque voyageait tranquillement à travers la Californie avant la ruée vers l’or. C’est cette popularité de la New Helvetia, et le désir de SUTTER d’étendre son empire, qui furent responsables, indirectement en tous cas, de sa perte. Un autre facteur qui dut y contribuer fut qu’il négligea de réaliser l’importance que la découverte de l’or allait apporter à la région.

John SUTTER fut peut-être un homme aimable, généreux et sociable, mais les preuves suggèrent qu’il n’était pas vraiment un homme d’affaires. « J’avais besoin… d’un moulin à blé et d’une scierie » écrivit-il dans ses « Reminisces », ses souvenirs« J’avais commencé à construire un moulin à blé en 1847 sur les bords de la rivière America, à environ quatre miles en amont du fort… Tout était prêt, et le moulin aurait pu commencer à tourner dans les six semaines suivantes si la nouvelle de la découverte d’or avait pu être gardée secrète aussi longtemps que cela. » SUTTER n’avait pas vraiment d’opinion sur l’or, mais il en avait encore moins pour l’homme qui en trouva le premier sur ses terres. « J’avais parmi mes employés un homme du nom de James Wilson MARSHALL » se rappelait SUTTER « Un bon mécanicien… Quand j’ai parlé du moulin avec lui, il m’a dit qu’il pensait être capable de le construire. J’avais des doutes sur la confiance que je pouvais lui accorder si je ne le surveillais pas, à cause de son excentricité, mais… je n’avais personne d’autre, c’est pourquoi j’ai été dans l’obligation de miser aléatoirement sur l’homme. » Le monde idyllique de John SUTTER commença à s’écrouler le Vendredi 28 Janvier 1848. A cette date, il écrivit avec un euphémisme suprême dans son journal « Aujourd’hui, Mr. MARSHALL est revenu des Montagnes avec une affaire très importante. » Cette « affaire très importante », c’était une grosse pépite d’or pur que MARSHALL avait trouvée dans le gravier du lit de la rivière America. La réaction immédiate de SUTTER fut d’essayer de cacher la nouvelle de la découverte, mais comme son fort était l’endroit même par où transitaient toutes les informations de la région, elle ne mit pas longtemps à se répandre : il y a de la « couleur » dans la rivière, juste là, à la surface, qui attend que l’on vienne la ramasser. Dans son journal, SUTTER ne fait pas mention du terme « or » avant trois mois après sa découverte initiale, mais il est évident d’après ses notes que des visiteurs et des travailleurs du fort se promenaient dehors toute la journée, à la recherche du précieux métal. Enfin, la nouvelle atteignit San Francisco, ce qui fut le début de la fin pour SUTTER et celui de la plus grande ruée vers l’or que le monde eût jamais vu auparavant. « La grande ruée des prospecteurs de San Francisco arriva au fort en Mai 1848 » écrit SUTTER « Toutes les maisons de mes amis et des gens que je connaissais au fort étaient pleines. Des marchands, des docteurs, des avocats, des capitaines au long cours, tous y vinrent. Tout n’était que chaos. Mes propres hommes me désertaient. Je n’arrivais même pas à fermer le portail pour garder cette racaille dehors. » Les milliers de personnes qui arrivèrent avec la première vague firent piétiner les champs luxuriants de SUTTER par leur bétail et leurs chevaux. Tout ce qui ne fut pas détruit fut pillé, depuis les pierres avec lesquelles le fort avait été construit, jusqu’au canon qui le gardait. Les nouvelles allaient lentement à cette époque-là, et il se passa bien six mois avant qu’elles ne fussent colportées par les bateaux à aubes et les cavaliers au reste du pays, lequel ne se doutait de rien mais était impatient de savoir et à l’écoute de tout. Les « States » éclatèrent immédiatement en une épidémie de fièvre de l’or à laquelle très peu avaient été préparés. Peu importe que peu d’hommes savaient exactement à quoi ressemblait l’autre côté du Mississipi. Peu importe que personne ne sût combien de temps durait un voyage par la terre et de combien de provisions on aurait besoin. Peu importe qu’il n’y eût que peu, s’il y en avait, de vie civilisée dans la Great Platte Valley. Quelque part là-bas, à l’Ouest des Rocheuses, quelque part dans la Sierra Nevada, où qu’elle fût, l’or attendait que les premiers qui y arriveraient le ramassent ! C’était « Ca passe vers la Californie ou ça casse ». Et beaucoup passèrent pas la case « cassé » bien avant d’arriver aux sites, ou juste après. Il y avait uniquement deux moyens pour arriver aux champs aurifères de la Californie, par bateau autour du Cap Horn, ou à pied, à cheval ou en chariot, à travers les Grands Plaines encore largement inexplorées. Le voyage par mer était cher et durait de deux à trois mois, selon le temps. On y était également très à l’exigu et c’était extrêmement coûteux en comparaison avec le voyage par la terre. Mais par la terre, il fallait six mois en moyenne aux quarante-neuviens pour franchir les 2000 miles passant par des plaines vallonnées, des déserts brûlants et des montagnes abruptes, le tout assaisonné de vents qui soufflaient à 80 miles par heure, des pluies torrentielles, de la boue où l’on s’enfonçait jusqu’aux essieux, et un froid qui glaçait les poumons. En plus de cela, il y avait un vrai problème de temps, car tout pionnier qui essayait d’atteindre la terre promise dorée de Californie, devait arriver à trouver son chemin par dessus les Sierras avant les premières neiges de l’hiver. Si les Indiens, la faim et les bandits n’avaient pas pris leur part, le climat le ferait, l’exemple le plus remarquable en étant la fatidique Donner Party. Mais ceux qui arrivaient à survivre au voyage vers la Californie, par la terre ou par la mer, le faisaient grâce à la chance, une bonne dose d’expérience et leur habileté à manier leurs armes.

Le fusil de chasse juxtaposé à percussion fut de loin l’arme longue la plus utile et la plus nombreuse dans les champs aurifères. L’éparpilleur, l’arme standard utilisée pour remplir le garde-manger et apportée dans les fermes américaines du début du XIXème. siècle, se révéla être un compagnon fiable pour le petit gibier dans les champs aurifères de Californie, et ses canons béants au calibre de 12, de 10 ou de 8 étaient un argument de poids contre tout intrus potentiel sur la concession. On pouvait le charger avec du petit plomb pour le petit gibier, de la balle ou de la chevrotine pour le tir à courte distance sur du chevreuil et, quand les temps étaient durs, on pouvait même utiliser quelques petits galets de la rivière pour essayer de mettre quelque chose dans la gamelle. Et plus d’une fois, le vieil « éparpilleur » fut chargé d’une once ou deux de poudre d’or que l’on tira dans le lit d’un ruisseau ou sur une saillie de granit, pour « saler » une concession improductive de façon à pouvoir la vendre à un pied tendre nouvellement arrivé, pour beaucoup plus que n’en valait le terrain.

Etrangement, il y eut peu de criminalité au cours des premières années de la ruée vers l’or. Il y avait relativement peu d’hommes sur une immense région, l’or était facile à trouver et en abondance pour chacun, et une espèce d’esprit de camaraderie régnait. Mais au fur et à mesure que les prospecteurs usurpaient de plus en plus les limites des concessions et que des hommes aux valeurs morales différentes commencèrent à se mêler à ceux déjà présents, la situation changea. Dans son livre « Life on the Plains and At the Diggings », La Vie dans les Plaines et dans les Concessions, publié en 1854, Alonza DELANO décrivit son expérience en tant que l’un des premiers quarante-neuviens : «  Vers 1850… beaucoup en arrivèrent à voler… il devint nécessaire de garder sa propriété avec autant de soin que dans les vieilles villes d’où nous venions. On peut dire que l’hiver de ’49 et ’50 peut être considéré comme l’époque où la criminalité à commencé… » A peine quelques mois plus tôt, DELANO parlait d’un étranger qui campait avec lui pendant la nuit et qui laissait nonchalamment son sac d’or à la vue de tous, non gardé, pendant qu’il dormait. A présent, ces temps-là étaient révolus pour toujours dans les champs aurifères de Californie.

Les armes à feu devinrent un moyen de protection autant que pour se procurer de la nourriture. Au début, on prenait avec soi sur le terrain des pistolets à un coup à percussion, quelque peu encombrants à porter, pour la protection individuelle. Ils étaient relativement peu coûteux, pouvaient tirer une forte charge, et beaucoup de chercheurs, les ayant utilisés alors qu’ils étaient au service du gouvernement, savaient s’en servir. D’autres, exigeant plus de puissance de feu que de pouvoir, choisirent la « poivrière », un revolver à plusieurs canons qui, bien qu’encombrant à garder lorsqu’il était simplement glissé dans le haut du pantalon, était cependant très populaire. La poivrière offrait cinq ou six coups sans recharger, mais son défaut majeur était que les calibres étaient parfois faiblards et les charges légères. Pour le quarante-neuvien qui n’avait pas peur de s’embarrasser d’un peu de poids supplémentaire pendant qu’il travaillait sur sa concession, le gros Colt Dragoon Premier ou Second modèle de quatre livres, avec une charge musclée de 40 grains de poudre et une balle de .44, apportait la combinaison idéale de cinq coups de combat, la sixième chambre étant souvent laissée vide par les gens qui étaient sur le terrain, de peur que le lourd revolver ne glisse accidentellement de son étui ou de la ceinture et ne se décharge accidentellement en heurtant le sol rocailleux. Ces revolvers furent largement utilisés par les troupes montées des Etats Unis, et beaucoup d’armes d’ordonnance furent « libérées » pour servir dans les champs aurifères. Beaucoup plus furent achetés par des hommes qui voulaient un avantage en pouvoir d’arrêt, au cas où cela serait nécessaire pour défendre une concession à courte distance. Bien que le massif Colt Walker dominât les Dragoon, peu de ces armes furent utilisées dans les champs aurifères, puisque seuls 1100 Walker furent fabriqués et que, parmi ceux-ci, la plupart furent affectés pendant la Guerre du Mexique, n’en laissant que 100 pour le marché civil. Toutefois, il existe des traces d’un Walker transporté dans un sac de toile vers la fin de la ruée vers l’or, par un vieux vétéran grisonnant qui râlait parce qu’il ne trouvait jamais d’étui assez grand pour son pistolet d’arçon. Cet exemple, qui mentionne une arme à feu par son nom, est assez rare car, lorsqu’on lit des récits contemporains de la ruée vers l’or, il y est fait peu allusion à tel ou tel type d’arme, plus souvent citée comme « pistolet » ou « fusil ». Il s’agit là d’une chose normale, à une époque où le fait de porter des armes était aussi courant que de porter une montre au poignet aujourd’hui. Nous donnons rarement le nom de la marque. Nous disons plutôt « J’ai jeté un coup d’œil sur ma montre… »

Pourtant, il y eut une arme qui était apparemment très estimée aux yeux des quarante-neuviens et que l’on arrive à identifier parfois, et cette arme, c’est le Colt 1851 Navy ou, comme on l’appelle souvent, le « Navy de chez Colt ». Une société qui vendait des catalogues d’accessoires à emporter par les prospecteurs potentiels pour leur voyage vers l’Ouest, alla même aussi loin que dire « aucun homme ne devrait être sans le 1851, car avec lui, il pourra obtenir tout ce dont il a besoin » ! Même pas peur, le mec. « Achetez donc mes flingues, plutôt que de payer pour une concession de merde où on va vous arnaquer. Au moins, avec mon ’51, vous pourrez en avoir une à l’œil ! » De nos jours dans les pays civilisés, la boîte qui ferait ce genre de publicité serait immédiatement poursuivie pour incitation à la violence. Bien sûr, le Colt 1851 ne sortit pas avant deux ans après la première vague de prospecteurs et même alors, il fallait à n’importe quelle quantité de ce genre d’arme six mois avant d’arriver au Far West. Mais jusque là, il n’y en avait pas encore vraiment besoin. « Pendant l’année 1849 » écrivait Alonzo DELANO dans son livre « le brigandage était rare… on laissait les coffres et les ballots ouverts et exposés… dans les rues bondées des nouvelles villes. L’or ne semblait pas tenter… les hommes à la malhonnêteté et on entendait rarement dire qu’un chercheur s’était fait voler. » Mais en 1851, tout cela avait changé. Les premières trouvailles faciles du début avaient déjà été prises et chercher de l’or était devenu un travail sérieux, éprouvant et souvent ingrat. En conséquence, il y eut des individus qui commencèrent à chercher des moyens plus faciles pour faire fortune. Et les armes des quarante-neuviens, qui avaient auparavant été reléguées à des tâches domestiques, eurent à présent un nouveau rôle à jouer comme moyens d’auto-défense. « Le brigandage et le meurtre étaient quotidiens », dit DELANO à propos de ces années turbulentes. « Des bandes organisées de voleurs existaient dans les villes et dans les montagnes… il était risqué de ne pas être armé. »

C’est dans ces décors qu’entra en scène le Colt 1851, le revolver à percussion le plus populaire sur le marché de l’époque, à cause de sa fiabilité, son excellent équilibre, sa taille idéale et la réputation de son fabricant. Les chambres du Navy étaient suffisamment profondes pour contenir 20 à 25 grains de poudre derrière une balle ronde de calibre .36, donnant ainsi nettement moins de pouvoir d’arrêt que les puissants Dragoon, mais si les coups étaient bien placés, le Colt .36, rapide à pointer, devenait un bon moyen de garder l’or dans la poche du juste. Mais, même quand le précieux métal se trouvait du côté de son véritable propriétaire, cela ne voulait pas forcément dire que le danger était passé. « Dans une maison de jeux… » dit DELANO « un homme qui quittait la ville pour rentrer chez lui se laissa entraîner à tenter sa chance à la table de jeux… fâché d’avoir perdu son argent, il essaya de se refaire en sortant son pistolet devant l’autre joueur, lequel l’étendit raide avec le sien » Ces rencontres à très courte distance avec les gens de la ville se disputaient souvent avec le minuscule Deringer, un petit pistolet de veste à un coup à percussion et au canon court, très populaire. D’abord produit par Henry DERINGER Junior de Philadelphia, ces armes de défense tenant dans la paume de la main, mais de gros calibre, souvent en .40 ou en .50, étaient souvent portées par les joueurs professionnels, les voyageurs en diligence qui se rendaient vers les champs aurifères ou qui en revenaient, les femmes de toutes réputations, et les hommes d’affaires qui restaient généralement près des quartiers populeux, dans ces nouvelles villes champignons de la ruée vers l’or. Avec sa charge de 15 grains, le Deringer manquait de puissance pour être efficace plus loin qu’à 25 pieds, mais grâce à sa petite taille qui permettait de le dissimuler facilement, donnant à son propriétaire l’avantage de la surprise contre son antagoniste, il devint la deuxième arme de poing la plus populaire de la ruée vers l’or, et on l’apprécia tellement que son nom devint synonyme de toutes les autres armes de configuration similaire. Comme pour le Deringer, on choisit les petits Colt de poche modèles 1848 et 1849, comme le Baby Dragoon et le Wells Fargo, pour leur taille compacte plutôt que leur puissance. Mais comme il s’agissait de revolvers, leurs barillets de cinq et six coups pouvaient tirer plusieurs fois si besoin, et même le petit calibre .31 occasionnait des dommages graves à courte distance. Légers, les pistolets de poche étaient pratiques à emporter dans ses bagages pour un chercheur qui aurait à marcher plusieurs miles à travers les collines de la rude Sierra Nevada. Beaucoup de ces pistolets Colt servirent d’arme « de la deuxième chance » aux hommes pour qui la vie dans les champs aurifères valait plus qu’une simple aventure. Il existe également des preuves que l’une des nombreuses sociétés de messagerie qui abondaient en ces temps-là, équipait ses cavaliers avec des Colt modèle 1849 à canon de 3 pouces.

Bien qu’ils fussent loin d’être le choix optimum pour un homme à cheval, les petits Colts avaient l’avantage d’être les pistolets à plusieurs coups les plus compacts disponibles à l’époque. A un moment de la ruée vers l’or, le Colt modèle 1849 était tellement demandé que ces armes se vendaient au marché noir à 100 Dollars l’unité, la même coûtant moins de 15 Dollars aux « States ». Mais c’était là le prix de la protection dans un pays où la population continuait à grossir avec de nouvelles, et toujours plus diverses, espèces du genre humain, pas toujours accueillantes, et toutes attirées par le leurre de la fortune immédiate. Les joueurs professionnels, les voleurs de concessions et les brigands n’étaient pas les seuls dangers dans ces collines de quartz et de granit au pays de l’or. Ce n’est pas par hasard que l’ours figure sur le drapeau de la Californie aujourd’hui, et en ces temps reculés, avant l’écrasement de la civilisation, il y en avait beaucoup, et pas toujours très d’accord pour céder leur territoire à un homme qui venait avec une pelle et une pioche. Les premiers Kentucky Rifle et fusils à écureuils, légers, que certains quarante-neuviens avaient apportés avec eux, se révélèrent bientôt inutiles dans la nouvelle réalité de l’Ouest. Un récit de l’époque parle d’un mineur attaqué par un grizzly, pendant que ses trois filles, chacune armée de son propre fusil, tiraient à bout portant dans la tête de l’ours avant qu’il fût enfin tué. Trois coups étaient plus que ne pouvait tirer tout fusil de l’époque, et il n’est pas surprenant d’apprendre que les lourds fusils des plaines, aux gros calibres et au demi-fût à l’avant, furent les armes favorites des chercheurs d’or. Beaucoup d’entre eux avaient vu ce que pouvaient faire ces fusils dans les mains de leurs guides, souvent des anciens trappeurs des Montagnes Rocheuses qui utilisaient leur expérience du Far West pour faire traverser les majestueuses Sierras aux nouveaux-venus. Les Hawken, aussi rares qu’ils fussent, trouvèrent leur chemin vers les champs aurifères. Les Dimmicks et les Lemans trouvèrent eux aussi leur place dans plus d’une cabane de mineur ou une tente, et servirent leurs propriétaires comme ils le devaient en leur apportant de la viande pour la table, ou en leur accordant un coup à longue distance sur un suspect qui aurait pu être un « bandito ». Il y avait peu de tribunaux en Californie, et le juge, l’avocat et le bourreau se trouvaient souvent sous le même chapeau. En plus de ces « armes de sport » pour les civils, comme on les appelait parfois, les armes militaires firent elles aussi leur chemin vers la Californie. Bien que la platine à silex fût considérée comme dépassée par la plus moderne platine à percussion, un certain nombre de fusils à silex et de mousquets du début du XIXème. siècle convertis à la percussion furent utilisés par quelques mineurs. Ces armes étaient solides et, chose plus importante pour un homme pauvre, étaient relativement bon marché. Bien sûr, le plus prisé fut le fusil rayé Mississipi U.S. Model 1841, une belle arme à percussion en calibre .58, garnie de laiton, qui avait déjà fait ses preuves lors de la récente Guerre du Mexique. Comme le Walker, certaines de ces armes furent « libérées » pour que l’on s’en servît en Californie, mais une quantité beaucoup plus importante fut achetée comme surplus de guerre avant la fin de la ruée vers l’or, constituant ainsi une arme fiable contre tout mauvais comportement d’homme ou de bête, au pays des quarante-neuviens. Comme l’or se faisait plus rare à trouver, et plus cher et difficile à exploiter, certains chercheurs quittèrent le pays. Ironiquement, au cours des premières années de la ruée vers l’or, l’homme ne cherchait que la « couleur », au point d’en arriver à échanger l’argent que certains trouvaient parfois en creusant dans le granit. En fait, il est intéressant de noter que beaucoup de mineurs qui travaillèrent les trésors d’argent du Nevada venaient des champs aurifères de Californie, et que ceux qui découvrirent le fameux Comstock Lode, le Filon de Comstock, étaient d’anciens quarante-neuviens.

En 1858, la grande ruée vers l’or avait vécu. Cette année-là, l’historien John S. HITCHELL écrivit « Le pays était plein d’hommes qui n’arrivaient plus à gagner la vie à laquelle ils s’étaient habitués… ils étaient prêts à aller n’importe où s’il y avait un espoir raisonnable d’y trouver la richesse en creusant, plutôt que de se soumettre à une vie sans la grosse paie et les plaisirs dont ils avaient joui pendant des années dans les placiers de Sacramento. » Cela ne veut pas dire que tous les quarante-neuviens en ressortirent plus pauvres que lorsqu’ils y entrèrent. Loin de là. En fait, il restait juste assez d’histoires de succès pour continuer à faire rêver. Un chercheur d’or trouva une pépite de 2000 Dollars le premier jour de l’exploitation de sa concession. Pour un autre, ce qu’il écopa un jour en une seule batée fut estimé à 1500 Dollars. Il est vrai que certains trouvèrent littéralement leur fortune dans une nouvelle aventure encore jamais racontée, si l’on avait assez de force et de courage pour lui courir après. Toutefois, rien de cela n’aurait été possible sans l’outil qui donnait à chaque homme la même chance face au danger et à la difficulté, les armes des quarante-neuviens. Pour beaucoup, ces armes prouvèrent qu’elles étaient beaucoup plus précieuses que l’or.

DE CES ARMES, QUI VEND LESQUELLES AUJOURD’HUI AUX U.S.A. ?

Fusil de chasse juxtaposé :       DIXIE GUN WORKS

EUROARMS OF AMERICA

NAVY ARMS Co.

Fusil des Plaines :                     NAVY ARMS Co.

LYMAN PRODUCTS

CONNECTICUT VALLEY ARMS ( C.V.A. )

Missisipi Rifle 1841 :                DIXIE GUN WORKS

NAVY ARMS Co.

Colt 1847 Walker :                  DIXIE GUN WORKS

ALEN FIRE ARMS

Colt 1848 Dragoon :                ALLEN FIRE ARMS

Colt 1848 Baby :                     ALLEN FIRE ARMS

Colt 1849 Pocket :                  ALLEN FIRE ARMS

DIXIE GUN WORKS

Colt 1851 Navy :                     NAVY ARMS CO.

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ALLEN FIRE ARMS

LYMAN PRODUCTS

Poivrière :                                HOPPE’S

Deringer Philadelphia :  DIXIE GUN WORKS

Single Shot :                            CONNECTICUT VALLEY ARMS ( C.V.A. )

DIXIE GUN WORKS

ALLEN FIRE ARMS

NAVY ARMS CO.

DIXIE GUN WORKS – Gunpowder Lane, UNION CITY, TN 38261, U.S.A.

EUROARMS OF AMERICA – 10, W. Monmouth Street, WINCHESTER, VA 22601, U.S.A.

NAVY ARMS Co. – 689, Bergen Boulevard, RIDGEFIELD, NJ 07657, U.S.A.

LYMAN PRODUCTS – Route 147, MIDDLEFIELD, CT 06455, U.S.A.

CONNECTICUT VALLEY ARMS – Saybrook Road, HADDEM, CT 06438, U.S.A.

ALLEN FIRE ARMS – 1107, Pen Road, SANTA FE, NM 87501, U.S.A.

HOPPE’S – Airport Industrial Mall, COATSVILLE, PA 19320, U.S.A.

Et, puisqu’en fait ces maisons importent de l’Italien, n’oublions pas :

UBERTI – Via Carducci Giosue, 1, 25068 SAREZZO ( BS ), Italie

PEDERSOLI – Via Artigiani, 57, 25063 GARDONE VAL TROMPIA ( BS ), Italie

PIETTA – Via Mandolossa, 102, 25064 GUSSAGO (Bs ), Italie