Quelques armes Ă  chargement par la culasse

DANS LA GUERRE DE SECESSION

Traduction d’un article de A.M. BECK paru dans D.G.W. Blackpowder Annual 1993

Addenda extraits du FLAYDERMAN’s Guide to Antique American Firearms, 6ème. édition

Parmi les diverses armes Ă  chargement par la culasse, trois modèles furent en dotation en des quantitĂ©s dĂ©passant de loin toutes les autres. La Spencer, la Sharps et la Burnside. Nous avons choisi de faire tirer ces armes pour voir de quoi devait se contenter le troupier moyen ou le soldat d’infanterie chanceux. L’une des consĂ©quences les plus intĂ©ressantes de la Guerre Civile fut l’accĂ©lĂ©ration de la mise en service des armes Ă  chargement par la culasse. On acheta une variĂ©tĂ© surprenante de carabines et de fusils, dans le but de rĂ©-armer rapidement les troupes avec tout ce qui pouvait se charger par la culasse. Plusieurs armes issues de concepts parfaitement inefficaces furent mises en dotation, comme la Merrill de l’Union, la Starr et, dans une certaine mesure, la Gallager. Par contre, divers excellents systèmes apparurent. Parmi ceux-ci on compte la Spencer, la Maynard, la Burnside, la Smith et, bien sĂ»r, la Sharps. Elles ne sont pas seulement des exemples du gĂ©nie inventif du dix neuvième siècle, mais restent de belles et très bonnes armes de tir. On arrive Ă  trouver toutes ces armes dans des divers Ă©tats de conservation, allant du neuf « jamais tirĂ© Â», au piquĂ© ou au totalement inutilisable. Si l’on veut choisir une arme de l’époque de la Guerre Civile pour tirer avec, le plus important est l’état du mĂ©canisme de la culasse, celui du canon passant en second lieu. Les rayures de ces armes sont taillĂ©es très profondĂ©ment, et beaucoup tireront très bien mĂŞme avec un canon piquĂ©, bien que cela les rende beaucoup plus difficiles Ă  nettoyer. Presque toutes les armes de cette Ă©poque avec lesquelles on voudra tirer aujourd’hui demanderont un « rodage Â». Ceci reprĂ©sente Ă  peu près une centaine de coups, avant que l’arme commence Ă  grouper de manière rĂ©gulière et n’enplombe plus. Beaucoup ne seront pas au mieux de leur forme avant deux cent coups. Les tous premiers coups peuvent mĂŞme approcher la prĂ©cision d’un canon lisse. Il faut autant que possible utiliser du plomb pur pour couler des balles destinĂ©es Ă  ĂŞtre utilisĂ©es dans toute arme Ă  feu des annĂ©es 1860, et jamais plus dures que le plomb d’équilibrage. La plupart des canons sont en simple fer tendre, mĂŞme sur les Sharps et les Spencer. Bien que les canons de Burnside soient marquĂ©s « Acier fondu Â», ils sont eux aussi considĂ©rablement plus tendres que les canons modernes. Des balles trop dures se sont pas seulement moins prĂ©cises, mais elles usent inutilement le canon.

L’arme longue Ă  chargement par la culasse de la pĂ©riode de la Guerre de SĂ©cession probablement la plus connue est la Sharps, soit le modèle 1859, soit le 1863. Avec son bloc de culasse vertical et avec sa plaque et son joint flottants, la Sharps fuit moins et s’encrasse moins que toute autre arme Ă  cartouche combustible. On peut Ă©galement la faire tirer en utilisant, en cas d’urgence, la poudre et les balles sĂ©parĂ©ment. Ceci reprĂ©sentait un avantage plus important pour le War Department, le ministère de la guerre, que sur le terrain. Toutefois, aucune arme Ă  cartouche mĂ©tallique ne pouvait se vanter de faire pareil. La Sharps s’encrasse plus vite qu’une autre arme utilisant une munition Ă  douille mĂ©tallique, mais la rĂ©putation qu’elle s’était taillĂ©e sur la frontière de l’Ouest et pendant la guerre du Kansas, tout comme la qualitĂ© de sa fabrication et sa prĂ©cision, l’avaient rendue très populaire. Elle fut si populaire que la ConfĂ©dĂ©ration la copia en grande quantitĂ©s. Au dĂ©but de la guerre, la Sharps Ă©tait largement disponible sur le marchĂ© civil, mais les besoins du gouvernement augmentèrent rapidement, culminant dans une commande pour Â« toutes les carabines que vous pourrez fabriquer… Â» pour en doter la cavalerie FĂ©dĂ©rale. Plus de soixante quinze mille carabines plus tard, la guerre Ă©tait finie. Après la guerre, des milliers furent converties pour tirer la nouvelle cartouche .50-70 Govt. a percussion centrale. D’autres restèrent en service, inchangĂ©es. Pour tirer de manière authentique avec une Sharps, deux choses sont nĂ©cessaires : un moule pour la balle dans le calibre particulier de .52 qui, Ă  cause des rayures très profondes du canon, fait 0,54 pouce de diamètre en vrai, et ensuite, de quoi obtenir du papier nitratĂ©. Les deux se trouvent chez Dixie Gun Works. Des firmes comme Regimental Qartermaster ( P.O. Box 553, Hatboro, PA 19040, U.S.A. ) et Rapine ( P.O. Box 119, East Greenville, PA 18041 ) vendent aussi le moule. Il oublie Pedersoli en Europe. Il faut suivre les instructions figurant sur le kit Ă  cartouches, pour fabriquer une munition presque identique Ă  celle qui Ă©tait distribuĂ©e par la FĂ©dĂ©ration juste avant la guerre, et la ConfĂ©dĂ©rĂ©e. Les cartouches distribuĂ©es aux FĂ©dĂ©rĂ©s pendant la guerre Ă©taient faites dans du drap enduit de gomme-laque.

Environ vingt cartouches, soit une boîte de cartouches complète, suffiront à donner une bonne idée de ce que peut faire une Sharps dans une journée de bataille. Presser la cartouche complètement dans la chambre pour que la balle soit bien prise dans les rayures et donne ainsi une précision constante, et pour permettre à la charge d’être utilisée totalement. En fermant la culasse, l’arrière de la cartouche est coupé et un peu de poudre s’échappe. Souffler dessus pour la faire partir, et tirer comme avec toutes les autres armes à percussion. Avec la pleine charge de 60 grains de FFg, le recul est acceptable, rappelant celui d’un fusil de chasse en calibre 12.

Les marquages incluent le nom du modèle sur le haut du canon près de la culasse, comme NEW MODEL 1859, NEW MODEL 1863 ou NEW MODEL 1865. Egalement sur le canon SHARPS RIFLE/MANUFG. CO./ HARTFORD, CONN. Sur le cĂ´tĂ© gauche de la carcasse C. SHARPS PAT./SEPT. 12th. 1848, sur la platine, près du centre C. SHARPS PAT./OCT. 5th. 1852, et sur le haut Ă  l’avant R.S. LAWRENCE PAT./APRIL 12th. 1859. D’autres marquages comme Lawrence et la date du brevet sont visibles sur la hausse, et H. CONANT PATENT/APRIL 1, 1856 sur l’arrière du bloc de culasse. Tous fĂ»ts et crosses en noyer huilĂ©, avec les marquages de l’inspecteur sur le cĂ´tĂ© gauche près du poignet. Finition gĂ©nĂ©ralement bronzĂ©e avec jaspage sur la platine, le bloc de culasse, la carcasse, le levier et la dĂ©tente. Les carabines sont Ă©quipĂ©es, sur le cĂ´tĂ© gauche de la carcasse jusqu’à la moitiĂ© de la poignĂ©e, d’une tige latĂ©rale avec anneau e selle coulissant, finie poli blanc. Garnitures en fer sur tous les modèles, sauf sur les toutes premières carabines en Modèle 1859… Les modèles Ă  culasse droite furent une amĂ©lioration certaine par rapport aux types prĂ©cĂ©dents Ă  la culasse oblique, et sont les plus courants parmi les carabines et fusils Sharps, atteignant jusqu’à 65 % de la production totale Sharps. Bien que l’on nomme ces armes d’après leurs modèles distinctifs et qu’elles portent de tels marquages ( New Model 1859, New Model 1863 ou New Model 1865 ), en fait il s’agit toujours d’un seul modèle. La diffĂ©rence de nom n’est qu’une diffĂ©rence de marquages sur le canon. Seules de toutes petites amĂ©liorations ont Ă©tĂ© apportĂ©es au cours de la production et les marquages du New Model 1859 se retrouveront sur le canon d’armes qui porteront les amĂ©liorations du New Model 1863. Des variations dans le mĂŞme modèle ont plus d’importance auprès du collectionneur que les marquages du canon, c’est pourquoi touts les modèles Ă  culasse droite sont compris dans le mĂŞme pour faciliter la comprĂ©hension. Les modèles Ă  culasse droite et fonctionnant Ă  percussion sont numĂ©rotĂ©s d’environ 30 000 Ă  environ 150 000. A partir du numĂ©ro 10 000, on fit appel Ă  de nouveaux marquages en utilisant le prĂ©fixe C, lettre reprĂ©sentant le Cent en chiffres Romains. Ce prĂ©fixe C dĂ©signe le numĂ©ro 100 000, et n’indique pas qu’il s’agit d’une carabine contrairement Ă  ce qui a Ă©tĂ© avancĂ©. En d’autres mots, le numĂ©ro de sĂ©rie C1 voudrait dire 100 001. Il règne une certaine confusion dans les numĂ©ros de sĂ©rie sur les trois diffĂ©rents modèles, mais les variations gĂ©nĂ©rales sont de 30 000 Ă  75 000 pour le New Model 1859, de 75 000 Ă  140 000 pour le New Model 1863, et de 140 000 Ă  145 000 pour le New Model 1865. Plus de 100 000 fusils et carabines Sharps de ces modèles furent achetĂ©s et utilisĂ©s par l’U.S. Army et la U.S. Navy, Ă  l’exception du tout premier modèle 1859. Les variations les plus connues sont :

CARABINES : Canon de 22 pouces toujours. Premier New Model 1859, garnitures en laiton et boĂ®te Ă  calepins aussi. Environ 3 000 fabriquĂ©es. Cote U.S. chez Flayderman 1994 de 1 000 $ en bon Ă©tat, Ă  3 250 $ en excellent Ă©tat. New Model 1859, avec garnitures et boĂ®te Ă  calepins en fer. Environ 30 000 fabriquĂ©es. Cote de 800 $ Ă  2 200 $. New Model 1863, avec garnitures et boĂ®te Ă  calepins en fer. Environ 40 000 fabriquĂ©es. Cote de 800 $ Ă  2 200 $. New Model 1863, garnitures en fer, pas de boĂ®te Ă  calepins. Environ 25 000 fabriquĂ©es. Cote de 800 $ Ă  2 200 $. New Model 1865, garnitures en fer, pas de boĂ®te Ă  calepins. Environ 5 000 fabriquĂ©es. Cote de 900 $ Ă  2 750 $.

FUSILS MILITAIRES : Sauf mention contraire, tous ces fusils ont un canon de 30 pouces et le fĂ»t plein tenu par trois bandes. Tous ont des boĂ®tes Ă  calepins en fer. New Model 1859, avec tenon pour baĂŻonnette-sabre près de la bouche. Environ 1 500 fabriquĂ©es pour l’armĂ©e et 2 800 pour la marine. Cote de 1 250 $ Ă  3 000 $. Idem que prĂ©cĂ©dent, mais avec baĂŻonnette Ă  manchon. QuantitĂ© fabriquĂ©e, estimĂ©e Ă  1 000 et probablement plus, pour l’armĂ©e. Cote de 1 250 $ Ă  3 000 $. New Model 1859, distribuĂ©s au 1er et au 2ème RĂ©giments des U.S. Sharpshooters du Colonel Hiram BERDAN. 2 000 achetĂ©s et donnĂ©s en dotation vers 1862. Les spĂ©cimens authentiques sont numĂ©rotĂ©s entre 54 374 et 57 567 selon MARCOT, mais il est possible que certains soient numĂ©rotĂ©s aussi bas que 36 000 selon SELLERS. On les trouve Ă©quipĂ©s pour recevoir les deux types de baĂŻonnette. La plupart ont une double dĂ©tente. Selon l’authentification et les accessoires, les cotes changent d’au moins 50 % par rapport Ă  celles qui sont donnĂ©es prĂ©cĂ©demment. New Model 1859, avec canon extra long de 36 pouces et tenon de baĂŻonnette près de la bouche. Environ 600 fabriquĂ©s. Cote de 1 250 $ Ă  3 250 $. New Model 1863, adaptĂ© pour la baĂŻonnette Ă  manchon. Environ 6 000 fabriquĂ©s. Cote de 1 000 $ Ă  2 500 $. MĂŞme modèle mais avec tenon pour baĂŻonnette-sabre, environ 1 000 fabriquĂ©s. Cote de 1 000 $ Ă  2 500 $. New Model 1865, sans tenon de baĂŻonnette. Environ 1000 fabriquĂ©s. Â» Les armes de sport Ă  percussion et le modèle avec le moulin Ă  cafĂ© sortent du contexte historique de cet article.

Comme les organes de visĂ©e de la Sharps Ă©taient rĂ©glĂ©s pour 100 yards, des coups Ă  50 yards donneront des impacts environ 4 pouces trop haut. On peut faire baisser le point moyen en rĂ©duisant la charge de poudre. Cependant, en dessous de 45 grains, la prĂ©cision disparaĂ®t. Une arme d’origine en bon Ă©tat devrait grouper rĂ©gulièrement en dessous de 2 pouces Ă  50 yards. En dĂ©pit des meilleurs efforts de MMr. SHARPS, CONANT, et plus tard LAWRENCE pour concevoir un joint d’étanchĂ©itĂ© des gaz plus efficace, les carabines Sharps fuient Ă  la culasse. Celles qui ont du jeu fuient plus, mais elles s’enrayent moins vite Ă  l’encrassement parce qu’elles ont du jeu. En tous cas, après environ dix coups, le levier de sous-garde commence Ă  devenir très dur Ă  manier et demande beaucoup d’efforts pour ouvrir la chambre. Le troupier apprit vite qu’en mouillant l’intĂ©rieur de la carcasse autour de la culasse, il ramollissait l’encrassement et rendait l’opĂ©ration plus facile. La meilleure façon de faire Ă  cette Ă©poque, et elle l’est encore aujourd’hui, Ă©tait de cracher sur la culasse. A la bataille de Gettysburg, les tireurs d’élite de BERDAN, les Sharpshooters, jeu de mots combinant « tireurs Ă  la Sharps Â» et « tireurs habiles, rapides et au regard perçant Â», dĂ©montrèrent que la Sharps pouvait tirer vite, mĂŞme encrassĂ©e. Lorsque LONGSTREET entreprit son mouvement d’encerclement par le flanc le deuxième jour de la bataille, les tireurs du Second U.S. Sharpshooters furent engagĂ©s pendant environ vingt minutes et tirèrent une moyenne de quatre vingt quinze coups par homme. Ils arrĂŞtèrent l’avance des ConfĂ©dĂ©rĂ©s alors qu’ils Ă©taient minoritaires Ă  un contre dix. Tous les fusils et toutes les carabines Sharps Ă  percussion ont la caractĂ©ristique de possĂ©der une lumière qui est longue et sinueuse. Si celle-ci n’est pas nettoyĂ©e soigneusement, on peut avoir des longs-feux, spĂ©cialement le premier coup après le nettoyage. Si la culasse est ouverte après un faux dĂ©part, de la poudre s’échappera et tombera dans le logement du ressort de levier entre la carcasse et la crosse, et pourra ĂŞtre allumĂ©e par les Ă©tincelles du coup suivant. L’explosion qui en rĂ©sultera fera Ă©clater la crosse et, au moins, brĂ»lera la tireur. La plupart des carabines Sharps des ConfĂ©dĂ©rĂ©s portant la mention « EclatĂ©e pendant la bataille Â» sur les registres, finirent de cette façon. La Sharps fut assez prise en aversion dans les rangs des Sudistes, jusqu’à ce que les raisons de ce problème furent comprises. Le fusil M 1859 de l’auteur a fait l’objet d’un tel Ă©clatement il y a longtemps, et une grande pièce de bois a Ă©tĂ© remplacĂ©e. Dans le cas oĂą le coup refuse vraiment de partir, il faut enlever le bloc de culasse en maintenant le canon vers le haut, et nettoyer toute la poudre non brĂ»lĂ©e avant de recharger. Ayant possĂ©dĂ© une rĂ©plique de Sharps Ă  cartouche papier, je confirme l’encrassement considĂ©rable et les difficultĂ©s pour faire partir le coup.

La carabine Burnside avait Ă©tĂ© bien acceptĂ©e avant la guerre et elle fut assez populaire dans les deux camps au cours des hostilitĂ©s. Les quantitĂ©s en dotation par les autoritĂ©s FĂ©dĂ©rales n’arrivèrent qu’en seconde place par rapport aux Sharps et Spencer. Il y eut aussi des achats substantiels de la part des Etats, particulièrement Rhode Island. MĂŞme le gouvernement ConfĂ©dĂ©rĂ© citait la Burnside comme un substitut standard, ayant apparemment sous la main des modèles du premier ou du deuxième type au dĂ©but de la guerre. Le mĂ©canisme fut inventĂ© bien avant la guerre par Ambrose BURNSIDE, nommĂ© GĂ©nĂ©ral plus tard et Commandant en chef de l’ArmĂ©e du Potomac. Le but avouĂ© de BURNSIDE Ă©tait de trouver un remède au problème des fuites considĂ©rables de gaz qui affectaient les carabines Hall Ă  chargement par la culasse. Les deux systèmes utilisaient un bloc de culasse pivotant. BURNSIDE y ajouta une cartouche Ă  douille en laiton pour permettre la fermeture de la culasse au niveau du joint avec le canon, et un piston flottant Ă  l’arrière de la chambre pour rendre la base de la cartouche Ă©tanche. Les fuites de gaz furent presque Ă©liminĂ©es. Bien que le gouvernement achetât deux cent carabines en 1856 et sept cent neuf autres en 1858, les armes ne virent pas beaucoup de service avant la guerre. Les livraisons Ă©taient très lentes. La plupart des carabines Ă©taient relĂ©guĂ©es Ă  titre expĂ©rimental le long de la frontière. Elles furent bien accueillies Ă  la fois par la troupe et par les pionniers, se vendant suffisamment bien sur le marchĂ© civil pour attirer la concurrence. Sam COLT, qui essayait de vendre ses fusils Ă  barillet Ă  l’armĂ©e et aux hommes de la frontière, les appela, tout comme les Sharps, Â« des armes de charlatans Â».

« FabriquĂ©es par Bristol Firearms Co. et son successeur Burnside rifle Co., comme indiquĂ© sous les modèles. Les quantitĂ©s totales fabriquĂ©es varient selon les sources. FabriquĂ©es de 1857 Ă  1865. Arme Ă  chargement par la culasse, Ă  percussion, de calibre .54. Les armes Burnside sont des objets de collection d’un intĂ©rĂŞt particulier Ă  cause de la personnalitĂ© de leur inventeur Ambrose E. BURNSIDE, TrĂ©sorier de la Burnside Firearms Co., que des difficultĂ©s financières forcèrent Ă  vendre ses parts en Juin 1859, et cĂ©lèbre GĂ©nĂ©ral de l’Union pendant la Guerre Civile. La cartouche est particulière elle aussi, Ă©tant faite soit en cuivre, soit dans du clinquant enroulĂ© en forme de cĂ´ne. First Model fabriquĂ© Ă  Bristol, R.I., par Bristol Firearms Co. vers 1857 ou 1858. QuantitĂ© totale fabriquĂ©e 300. Système d’amorçage incorporĂ© Ă  la carcasse. La culasse s’ouvre par le biais d’un levier situĂ© Ă  l’opposĂ© du chien, et qui actionne aussi le mĂ©canisme d’amorçage. Canon de 22 pouces. Garnitures en fer. Finition bronzĂ©e et jaspĂ©e. Crosse en noyer, sans fĂ»t Ă  l’avant. NumĂ©ros de sĂ©rie Ă  partir de 1 et plus haut. Haut de la carcasse marquĂ©e BURNSIDE’S/PATENT/MARCH 25th./1856. Le cĂ´tĂ© gauche de la crosse porte gĂ©nĂ©ralement le cartouche de l’inspecteur RHKW.

Les U.S. en achetèrent 200, et la plupart furent affectĂ©es au 1er. Cavalry Ă  Fort Leavenworth, Kansas, vers Janvier 1858, et furent portĂ©es lors de plusieurs expĂ©ditions. Quelques modèles expĂ©rimentaux, et peut-ĂŞtre autant que 50 pour le tir sportif, furent Ă©galement fabriquĂ©s. Cote de 3 500 $ Ă  7 500 $. Modèle de transition transformĂ© en usine et appelĂ© First/Second Model est rĂ©putĂ© fabriquĂ© aux fins d’essais, intĂ©grant des amĂ©liorations suggĂ©rĂ©es par l’utilisation sur le terrain par l’armĂ©e avec le First Model. Un modèle standard au numĂ©ro infĂ©rieur Ă  300 existe avec le levier retirĂ© et son logement arrondi bouchĂ©. Un ressort brevetĂ© par FOSTER est fixĂ© au levier de culasse. Le bouchon rond et la petite zone sur la carcasse tout autour ont Ă©tĂ© gravĂ©s d’un simple rinceau, que certains disent ĂŞtre censĂ© cacher l’apparence du bouchon. Marquages U.S. des deux cĂ´tĂ©s de la carcasse. Les estimations sont de moins de 50 pour ces armes transformĂ©es. Cote de 2 000 $ Ă  3 750 $. Second Model, fabriquĂ© par Bristol Firearms Co. et par Burnside Rifle Co., Ă  Providence, R.I., Ă  environ 2 000 au total de 1860 Ă  1862. Le mĂ©canisme de culasse s’ouvre par un verrou intĂ©rieur manĹ“uvrĂ© par le pontet. Canon de 21 pouces. Garnitures en fer. Bien que la finition soit souvent citĂ©e comme jaspĂ©e, on notera que l’on rencontre aussi des carcasses bronzĂ©es. Crosse en noyer, sans fĂ»t Ă  l’avant. NumĂ©ros de sĂ©rie Ă  partir de 250 et plus haut, continuant la lignĂ©e du First Model. Platine marquĂ©e parfois BRISTOL FIREARM CO. ou parfois BURNSIDE RIFLE CO. / PREOVIDENCE= R.I. Le canon est marquĂ© CAST STEEL 1861. Le haut de la carcasse BURNSIDE PATENT / MARCH 25th. 1856. Quelques verrous de culasse sont marquĂ©s G.P. FOSTER PAT / APRIL 10th. 1860. Le cĂ´tĂ© gauche de la crosse porte gĂ©nĂ©ralement le cartouche de l’inspecteur. On sait de source sĂ»re que ce modèle dota le First Rhode Island Infantry qui prit part Ă  l’attaque d’ouverture Ă  la bataille de Bull Run le 21 Juillet 1861. Des dotations en plus petites quantitĂ©s furent faites Ă  beaucoup d’unitĂ©s de cavalerie y compris le 1er. Maine, le 1er. NewJersey, le 1er. Pennsylvania, le 1er. et le 2ème. Indiana, le 1er. et le 2ème. Rhode Island, et le 1er. U.S. Cote de 1 100 $ Ă  3 250 $. Third Model, fabriquĂ© par Burnside Rifle Co., Providence, R.I.  Fabrication totale estimĂ©e Ă  1 500, toutes en 1862. Canon de 21 pouces. Ce modèle diffère du premier par la prĂ©sence d’un fĂ»t Ă  l’avant et une lĂ©gère modification dans la forme du chien. Garnitures, anneau de selle, crosse et finition pratiquement les mĂŞmes que sur le Second Model, sauf l’addition d’un fĂ»t Ă  l’avant et d’une capucine. Vu de l’extĂ©rieur, ce troisième modèle ressemble beaucoup aux 4ème et 5ème modèles plus couramment rencontrĂ©s. La diffĂ©rence la plus apparente est la culasse monobloc, pivotant sans charnière comme sur le Second Model. Les numĂ©ros de sĂ©rie partent de 1 500, continuant la lignĂ©e du Second Model. Platine marquĂ©e BURNSIDE RIFLE Co. / PROVIDENCE + R.I. Canon marquĂ© CAST STEEL et parfois 1862. Carcasse marquĂ©e sur le dessus BURNSIDE’S PATENT / MARCH 25th. 1856. Quelques verrous de culasse marquĂ©s G.P. FOSTER PAT / APRIL 10th. 1860. Cote de 750 $ Ă  2 000 $. Les Fourth et Fifth Models ont Ă©tĂ© fabriquĂ©s chez Burnside Rifle Co. selon les quantitĂ©s ci-dessous, entre 1862 et 1865. Il n’y a pas de difficultĂ©s pour identifier ces modèles et leurs variations. Au pire, la terminologie est difficile Ă  comprendre. La plupart des auteurs ont classĂ© les Burnsides en quatre modèles ou types. Soit le cinquième modèle n’a pas Ă©tĂ© mentionnĂ©, soit on a dit qu’il n’existait pas. Contrairement Ă  Edward HULL dans “The Burnside Breech Loading Carbines” et Ă  Norm FLAYDERMAN. Curieusement, l’U.S. Ordnance Dept. n’utilisa que l’appellation de « Modèle 1863 Â» pour les deux types, alors que le cinquième est marquĂ© MODEL OF 1864. Pourtant, aucun terme officiel n’a jamais Ă©tĂ© adoptĂ© par un catalogue ou un autre auteur. Pour les numĂ©ros de sĂ©rie, les Modèles 1 Ă  4 semblent se suivre normalement. Le Modèle 5 fit apparemment l’objet d’une numĂ©rotation Ă  part. On sait que beaucoup de rĂ©giments de cavalerie ont Ă©tĂ© armĂ©s avec ces modèles pendant la Guerre Civile. Parmi eux, le 1er. Michigan, le 3ème. Indiana, les 5ème., 6ème et 7ème. Ohio, le 1er. NewJersey, le 3ème. West Virginia, les 3ème., 14ème. et 18ème. Pennsylvania, et les 2ème., 12ème., 14ème. et 16ème. Illinois. Fourth Model. GĂ©nĂ©ralement pas mentionnĂ© en tant que tel, sauf sous l’appellation de « Transition Type Â», fabriquĂ© de 1863 Ă  1864, approximativement Ă  7 000 exemplaires. Le mĂ©canisme de culasse diffère de manière significative des modèles prĂ©cĂ©dents, prĂ©sentant une partie centrale du bloc de culasse qui est articulĂ©e sur une charnière, en facilitant l’introduction de la cartouche Burnside. Garnitures, anneau de selle et crosse identiques au Third Model, sauf les dates de fabrication des canons. Marquages de la carcasse identiques au Third Model. Cartouche de l’inspecteur sur le cĂ´tĂ© gauche de la crosse. Canon bronzĂ©. Carcasse bronzĂ©e ou jaspĂ©e. La carcasse ne possède pas l’emplacement sur le cĂ´tĂ© gauche pour la vis de guidage. Cote de 675 $ Ă  1 750 $. Fifth Model, le modèle qui fut le plus fabriquĂ©, vendu au gouvernement et mis en dotation, Ă  environ 43 000 exemplaires de 1863 Ă  1865. Canon bronzĂ©, boĂ®tier jaspĂ©, pratiquement identique au Fourth Model, mais on discerne bien le rail de guidage au milieu de la carcasse du cĂ´tĂ© droit, qui permet un mouvement plus souple du bloc de culasse. Bien que les premières livraisons fussent faites en 1863, on lit sur le haut du boĂ®tier BURNSIDE’S PATENT / MODEL OF 1864. Ceci est restĂ© inexpliquĂ©. Cote de 650 $ Ă  1 500 $. Â»

A l’entrĂ©e en guerre, les Burnside Ă©taient très populaires Ă  cause de leur faible poids et leur utilisation très propre. Beaucoup d’hommes de troupe se plaignirent quand les Burnside furent retirĂ©es pour ĂŞtre remplacĂ©es par les Sharps. Les troisième et quatrième modèles de Burnside, en plus de celui qui est appelĂ© « de transition Â», sont ceux que l’on trouve le plus souvent. Le troisième modèle prĂ©sente une charnière Ă  l’avant en dessous du bloc de culasse qui, lorsqu’il est ouvert, garde la chambre cachĂ©e entre les bords de la carcasse. Le modèle de transition et le quatrième modèle utilisent un double pivot qui prĂ©sente la chambre au dessus de la carcasse, rendant le chargement plus facile. Pour tirer avec une Burnside, il faut possĂ©der quelques douilles de laiton, et une balle courte et trapue de 375 grains qui fait presque 0,56 pouces de diamètre pour s’adapter au .54 qu’est le calibre du canon. Les douilles et le moule sont disponibles chez Dixie Gun Works et chez Regimental Quartermaster. Rapine peut Ă©galement fournir le moule. Les douilles de Burnside contiennent 50 grains de FFg, ce qui reprĂ©sente une charge assez puissante. On dit que des bisons ont Ă©tĂ© abattus avec une Burnside, Ă  des distances Ă©tonnamment longues. Aux distances normales de tir Ă  la cible, les pleines charges donnent des impacts très hauts. Une bonne charge pour 50 yards est 21 grains de FFg. Pour 100 yards, 38 grains vont très bien. Utiliser une bourre de coton entre la balle et la poudre pour garder la charge au fond. Elle rĂ©duira Ă©galement l’encrassement. Pour charger la Burnside, mettre le chien au cran du demi-armĂ© et presser ensemble les deux grandes pièces formant le pontet. Ce mouvement dĂ©verrouillera l’assemblage de la culasse et lui permettra de s’ouvrir Ă  travers la carcasse. Laisser tomber la cartouche dans la chambre, la queue en premier. Refermer l’ensemble en manĹ“uvrant le levier de sous-garde formĂ© par le pontet double, en s’assurant qu’il est bien verrouillĂ©. La sĂ©curitĂ© de la Burnside est ingĂ©nieuse. La queue de dĂ©tente arrive juste derrière le levier de verrouillage et viendra en contact avec lui si le verrou est ouvert, empĂŞchant le tir. Comme le GĂ©nĂ©ral BURNSIDE n’avait pas inclus d’amorce dans sa cartouche, la carabine doit ĂŞtre amorcĂ©e avec une capsule. Le forage du bloc rend l’amorçage plus difficile qu’il le pourrait, mais il garde la lumière de la cheminĂ©e très courte, en assurant un allumage efficace. La puissance et la prĂ©cision avec les charges rĂ©glementaires dans la Burnside ne sont pas vraiment aussi bonnes que dans la Sharps. A 50 yards sur bench-rest, les groupements moyens tournent autour de 2 pouces, mais la carabine est difficile Ă  manier pour obtenir cette prĂ©cision en tir Ă  bras franc. La Burnside pèse une livre de moins qu’une Sharps, sa plaque de couche est plutĂ´t mince et de plus, elle est pèse beaucoup plus lourd de l’arrière. Cela rend le recul un peu rude et le maintien Ă  l’épaule difficile. Un autre problème vient du fait que le chien se trouve presque dans la ligne de visĂ©e du cĂ´tĂ© droit, masquant les organes de visĂ©e quand il n’est pas au cran de l’armĂ©, ce qui rend le tir difficile pour les gauchers. Comme elle est rĂ©glĂ©e pour 125 yards, la Burnside « tape Â» Ă©tonnamment haut aux distances normales de tir Ă  la cible. Avec les charges pour le tir Ă  50 yards, la situation s’amĂ©liore. La prĂ©cision est exceptionnelle, facilement Ă©gale Ă  celle de la Sharps, avec en plus l’avantage d’un recul moins important. La Burnside est l’une des rares armes de la Guerre Civile possĂ©dant un extracteur. Après le tir de quelques coups, la chambre commence Ă  s’encrasser. Le piston flottant et la douille vide ont alors tendance Ă  rester coincĂ©s dans la chambre, mais la gâchette dĂ©passe juste assez Ă  travers la carcasse pour pousser le piston dans le bloc de culasse lorsque l’on ouvre le mĂ©canisme, et cela extrait la douille tirĂ©e. MĂŞme après plusieurs coups, les douilles sortent facilement. Au fur et Ă  mesure que l’encrassement augmente, il faudra pousser plus fort pour ouvrir la culasse, mais cela n’a rien Ă  voir avec l’effort nĂ©cessaire sur une Sharps. Malheureusement, la plupart des rĂ©pliques actuelles de douilles sont trop courtes pour permettre Ă  ce système de fonctionner. Ces douilles-lĂ  se coincent après quinze ou vingt coups. La platine de la Burnside est son point faible majeur. Le maĂ®tre ressort et le ressort de percuteur se cassent facilement lorsque l’on tire Ă  sec. Le cran du demi-armĂ© est lui aussi anormalement fragile. Ces problèmes ne sont pas liĂ©s Ă   l’âge avancĂ© de l’arme, car beaucoup de rapports officiels faisaient Ă©tat du manque de soliditĂ© de la platine pendant la guerre. Les pièces sont rares et chères, et il n’en reste pas.

Les fusils et les carabines Spencer furent achetĂ©s en plus grand nombre que toute autre arme Ă  chargement par la culasse pendant la Guerre Civile. Beaucoup de celles qui provenaient des derniers lots ne virent jamais le service, et on peut en trouver dans un Ă©tat neuf, proche de celui oĂą ces armes Ă©taient lorsqu’elles sont sorties d’usine. A la fin de la guerre, la plupart des troupiers de la FĂ©dĂ©ration Ă©taient armĂ©s de carabines Spencer, tout comme les ConfĂ©dĂ©rĂ©s. Christopher SPENCER dĂ©posa son brevet pour un fusil Ă  rĂ©pĂ©tition en 1860.

L’amélioration de la cartouche métallique par Smith & Wesson rendit possible un chargement mécanique sans mettre la capsule à percussion séparément avec la main. Un mouvement combiné du levier de sous-garde faisant pontet retire le bloc de culasse de sa mortaise et le fait pivoter en arrière à travers la carcasse pour récupérer une cartouche depuis un chargeur placé à l’intérieur de la crosse. En rabattant le levier, on chambre une nouvelle cartouche et on verrouille la culasse, et tout ce qu’il reste à faire c’est d’armer le chien à la main. Au départ du coup, la douille en cuivre se dilate et forme un joint d’étanchéité parfait pour les gaz. La Navy plaça la première commande du gouvernement en Juillet 1862, pour des fusils à trois bandes destinés à armer la Flottille du Mississipi. Ils furent livrés en Décembre. Les premières traces de l’utilisation du Spencer pendant la Guerre Civile datent d’Octobre 1862 à Cumberland, Maryland, par Francis LOMBARD du 1er. Massachussets Cavalry. On ne sait pas comment LOMBARD put faire l’acquisition d’une Spencer aussi vite après que la firme se fût créée. Il n’y a pas de traces à l’usine de cet achat. Les Spencer n’étaient pas encore censés être disponibles sur le marché civil, mais on s’accorde à croire que LOMBARD acheta le sien en privé. La toute nouvelle Spencer Repeating Rifle Company éprouvait des difficultés pour trouver un armurier capable de fabriquer ses fusils. Pour accélérer la production, les premiers Spencer comprenaient beaucoup de pièces achetées à la Sharps Rifle Manufacturing Company, ce qui explique pourquoi quelques pièces du Spencer ressemblent beaucoup à celles du Sharps. Les Spencer des premières productions avaient un canon de Sharps re-travaillé. Le fait que des réparations pouvaient être faites avec des pièces de Sharps re-travaillées constitua un argument de vente. L’armée ne voulut pas acheter de Spencer, convaincue qu’une arme à répétition était trop lourde et trop gourmande en munitions. Plusieurs unités commandèrent des armes à répétition et les achetèrent avec leur solde. Parmi celles-ci, on connaît la Lightning Brigade de WILDER, de l’Armée du Tennessee. Toutefois et lorsque les armes furent livrées, le gouvernement fléchit et les paya. L’une des premières mises à l’épreuve du Spencer et lieu à la bataille de Gettysburg, et les exploits de la Lightning Brigade de WILDER arrivèrent à convaincre le ministère de la guerre de faire travailler l’armurier vingt quatre heures sur vingt quatre. Après la guerre, les Spencer trouvèrent acquéreur dans l’Ouest en quantités surprenantes. Ces armes étaient choisies à la fois par la cavalerie, les colons et les Indiens. Beaucoup de modèles de la Guerre Civile furent renvoyés en atelier à Springfield pour y être réparées, re-conditionnées, re-tubées en calibre .50 et re-distribuées pour être utilisées une seconde fois.

« Ces fusil et carabines ont Ă©tĂ© fabriquĂ©s chez Spencer Repeating Rifle Company, Boston, Massachussets, avec une partie de la production sous-traitĂ©e Ă  Burnside Rifle Company, Providence, Rhode Island. Le total pour les fusils et les carabines s’élève Ă  environ 144 500, parmi lesquels 107 372 ont Ă©tĂ© vendus au gouvernement des Etats Unis. Les calibres en percussion annulaire sont listĂ©s ci-dessous. Arme Ă  rĂ©pĂ©tition Ă  sept coups, Ă  chargeur tubulaire placĂ© au milieu dans la crosse. ManĹ“uvrĂ©e en abaissant et relevant un levier formant pontet. Plusieurs longueurs de canon. Garnitures en fer. Plaque de couche, bandes et boĂ®tier jaspĂ©s, canon bronzĂ©, crosse et fĂ»t en noyer.

Marquages standard sur le haut de la carcasse SPENCER REPEATING / RIFLE CO. BOSTON, MASS. / PAT’D MARCH 6, 1860 en plus des autres marquages listés ci-dessous. L’une des armes les plus marquantes, les utilisées et les plus populaires de la Guerre Civile, la Spencer reçut l’unique distinction et avantage, après des essais de tir, d’obtenir l’aval du Président LINCOLN. Vers la fin de la Guerre Civile, la Spencer était clairement reconnu comme l’arme principale de cavalerie principale, et elle fut aussi largement utilisée durant les Guerres Indiennes. Les confusions dans l’identifications viennent de l’appellation des calibres. La cartouche à percussion annulaire utilisée pendent la Guerre Civile était la N° 56, ou .56-56, ces chiffres se rapportant aux mesures prises en haut et en bas de la douille en cuivre, ce qui veut dire qu’elle était droite. En fait, l’âme du canon dans lequel cette cartouche se tirait, était forée au calibre de .52, et aujourd’hui cette cartouche s’appelle la .52 chez les collectionneurs. Les cartouches utilisées dans les modèles postérieurs à la Guerre Civile étaient officiellement appelées .56-52 et .56-50, chacune étant légèrement conique et pouvant s’utiliser l’une et l’autre dans tous les modèles postérieurs à la Guerre Civile. De nos jours, les collectionneurs disent que ces armes sont en .50, en se référant au diamètre du canon. Les armes fabriquées chez Spencer ont toujours six rayures, quand celles qui l’ont été chez Burnside ou qui ont été converties à l’usine en ont trois. On connaît quelques rares variations de Spencers dans des calibres plus petits, avec des carcasses plus légères. On les considère comme des armes d’essais ou des prototypes et elles sont très rares. Leur valeur dépasse considérablement celle des productions standard. A l’occasion, on a aussi vu des modèles de sport.

CARABINES : Anneau de selle coulissant sur le cĂ´tĂ© gauche. Le fĂ»t court Ă  l’avant est maintenu par une capucine, et le passant arrière se trouve sous la crosse. Civil War Model : fabriquĂ© vers 1863 Ă  1865. Calibre de .52 Ă  percussion annulaire, alias .56-56. Canon de 22 pouces Ă  six rayures. Passant arrière pivotant, placĂ© sous la crosse. Environ 50 000 armes fabriquĂ©es. NumĂ©ros de sĂ©rie variant de 11 000 Ă  61 000. Cote de 1 000 $ Ă  3 000 $. Post-War Alteration, ou transformation après-guerre : Transformation par Springfield Armory de 1867 Ă  1874 en calibre .50 Ă  percussion annulaire, alias .56-52 et .56-50 interchangeables. Canon de 22 pouces re-tubĂ© pour le calibre plus petit, et forĂ© Ă  trois rayures. Petit mĂ©canisme pivotant dit « Stabler cut-off Â», ajoutĂ© devant la dĂ©tente pour permettre le tir au coup-par-coup. Il empĂŞche la culasse de s’ouvrir complètement. Ces armes se rencontrent très souvent re-conditionnĂ©es, bois et mĂ©tal, en arsenal. Les marquages sont souvent usĂ©s ou fins. Plus de 11 000 transformĂ©es ainsi. La crosse prĂ©sente un cartouche ovale sur le cĂ´tĂ© gauche, avec les marquages de l’inspecteur ESA. Les cotes varient de 900 $ Ă  2 200 $. Model 1865 : FabriquĂ©es de 1865 Ă  1866. Calibre .50. Canon de 20 pouces, Ă  six rayures. Environ la moitiĂ© ont Ă©tĂ© Ă©quipĂ©es du « Stabler cut-off Â». NumĂ©ros de sĂ©rie de 1 Ă  23 000. Marquage supplĂ©mentaire sur le tonnerre M 1865. Cotes de 800 $ Ă  2 000 $. Contract Model 1865 : FabriquĂ©es chez Burnside Rifle Company vers 1865. Identiques aux prĂ©cĂ©dentes, mais avec un canon Ă  trois rayures. Environ 34 000 armes fabriquĂ©es, sur lesquelles le gouvernement en acheta 30 502. On ne peut que faire des suppositions sur le destin de la diffĂ©rence de 3 500. Il est possible qu’elles aient Ă©tĂ© dĂ©truites suite Ă  un rebut du gouvernement, ou vendues Ă  titre privĂ© sur le marchĂ© civil, cette dernière hypothèse pouvant ĂŞtre retenue comme la plus plausible. Marquages sur le haut du boĂ®tier SPENCER REPEATING RIFLE / PAT’D MARCH 6, 1860 / MANUF’D AS PROV. R.I. / BY BURNSIDE RIFLE CO. / MODEL 1865. Les numĂ©ros de sĂ©rie propres varient de 1 Ă  34 000. Environ 19 000 ont Ă©tĂ© Ă©quipĂ©es du « Stabler cut-off Â», ce qui fait que les spĂ©cimens sans cet accessoire tendent Ă  coter un peu plus. Cotes de 800 $ Ă  2 000 $. Les carabines modèles 1867 et « New Model Â» de 1868 sont aussi en calibre .50, mais sortent du contexte historique de cet article.

FUSILS MILITAIRES OU MOUSQUETS : Canon de 30 pouces. FĂ»t long Ă  l’avant avec embouchoir en fer, maintenu par trois bandes. Passants de bretelle pivotants. Navy Model : Produit pendant la Guerre Civile de 1862 Ă  1864. Calibre .52, avec canon Ă  six rayures. Gros tenon sous la bouche pour recevoir une baĂŻonnette de type sabre. Achat total par la Marine U.S. de 1 009 pièces, parmi lesquelles 709 sont conformes Ă  cette description. On pense que le reste a Ă©tĂ© mis aux standards de l’ArmĂ©e comme citĂ© plus loin. Les numĂ©ros de sĂ©rie vont de 1 Ă  750. Ce modèle reprĂ©sente la première arme Spencer de tous types qui ait Ă©tĂ© achetĂ©e par les Etats-Unis. Les cotes varient de 1 400 $ Ă  3 250 $. Army model : Produit pendant la Guerre Civile de 1863 Ă  1864. Calibre .52, avec canon Ă  six rayures. Le guidon se divise en deux pour former un tenon destinĂ© Ă  recevoir une baĂŻonnette Ă  manchon. 11 470 ont Ă©tĂ© livrĂ©es. Les numĂ©ros de sĂ©rie vont d’environ 700 Ă  11 000, avec une autre petite sĂ©rie autour de 28 000. Cotes de 1 150 $ Ă  2 500 $. Â»

Les autres modèles, soit le 1865, le 1867, le New Model 1867 ou la transformation en 1871 par Springfield de carabines en fusils par remplacement du canon sur des Spencer model 1865 sortis de chez Burnside, datent d’après la Guerre de Sécession et sortent du contexte historique de cet article.

On rencontre généralement deux types de Spencer. Le modèle de la Guerre Civile, dont les dimensions sont presque identiques à celles du Sharps, possède un canon de 22 pouces ou de 30 pouces en calibre .52, similaire en forme. Beaucoup de ces armes furent transformées après la guerre pour tirer la munition plus moderne en calibre .50, et on les trouve avec un canon de .50 à trois rayures, re-tubé chez Springfield Armory. Les Spencer modèles M 1865, 1867 et New Model sont des productions d’après-guerre et ne diffèrent qu’en des détails mineurs. Ceux-là ont des canons de 20 pouces et de 30 pouces en calibre .50. Souvent, les Spencer sont équipés d’un système de blocage du chargeur. Le modèle le plus commun est celui conçu par STABLER, un petit bouton placé juste devant la détente, qui bloque l’ouverture totale du mécanisme en empêchant l’alimentation par le chargeur, et transformant ainsi l’arme en arme à un coup. Le New Model utilisait le système SPENCER, une pièce en forme de fourchette réglable insérée à la rampe d’éjection, qui donnait le même résultat. Aujourd’hui, le problème pour nous vient de la munition.

Les cartouches originales Ă  percussion annulaire sont rares, chères et seraient probablement sujettes Ă  des longs-feux si on les utilisait. Sans parler des cotes qu’elles atteignent en Europe dans les Bourses aux Armes ou entre collectionneurs… Il est plus facile de fabriquer des munitions pour les Spencer d’après-guerre. Un grand choix de moules Ă  balles d’origine en bon Ă©tat existe dans le calibre .50. Les modèles 1863 utilisaient un projectile de forme inhabituelle, lubrifiĂ© Ă  l’extĂ©rieur, et le seul moule pour cette balle vient de chez Rapine. La façon la plus facile pour faire revivre une Spencer est d’utiliser les douilles spĂ©ciales de chez Dixie Gun Works, qui sont amorcĂ©es avec une cartouche de .22 court. Ces cartouches doivent ĂŞtre rechargĂ©es une par une pour ĂŞtre sĂ»r que l’amorce sera juste en face du percuteur. La meilleure alternative est de convertir l’arme Ă  la percussion centrale, en remplaçant le bloc de culasse par un autre qui aura Ă©tĂ© modifiĂ©. Chez nous en France, Lynx vendait un kit de conversion il y a quelques annĂ©es, Le Hussard Ă  La Tour du Pin le faisait encore il y a quelques temps, peut-ĂŞtre qu’il le fait toujours, mais j’ai rencontrĂ© un ingĂ©nieux Arquebusier sur Nantes en 1994 qui en avait fabriquĂ© un lui-mĂŞme parce qu’il pensait que le kit Lynx Ă©tait trop imparfait et fragile. Son système fonctionnait très bien et ses rĂ©sultats au tir, debout Ă  50 mètres et Ă  bras franc juste Ă  cĂ´tĂ© de moi, Ă©taient surprenants de prĂ©cision. Les douilles peuvent ĂŞtre obtenues en raccourcissant des douilles de .50-70. Re-couper les douilles Ă  1,15 pouce en longueur pour la cartouche de .50. Pour la cartouche de .52, la re-couper Ă  0,90 pouce et presser la balle dans la douille jusqu’à la première portĂ©e. L’approvisionnement par le chargeur peut ĂŞtre obtenu en tournant le collet Ă  0,515 pouce au diamètre intĂ©rieur après un premier re-calibrage. Sur les deux douilles, tourner le bourrelet Ă  0,65 pouce et recuire le collet. Sur certaines armes, il faudra aussi chanfreiner l’avant du bourrelet. Pour le rechargement, on utilisera les outils standard en .50-70. L’outil de mise en place de la balle peut normalement ĂŞtre rĂ©glĂ© suffisamment bas pour faire son office. On ne peut pas sertir, mais ce n’est pas un problème. Les cartouches de .50 avaient une balle de 350 grains. Le diamètre minimum nĂ©cessaire est de 0,517 pouce. Il est pratiquement impossible de mettre en place une balle sur plus de 40 grains de poudre noire FFg. Vingt cinq grains constituent une bonne charge pour le tir Ă  la cible avec les cartouches de calibre .50, et on ne pourra pas en mettre plus dans les cartouches de calibre .52. La longueur totale de la cartouche finie devrait ĂŞtre de 1,69 pouce et, si tout se passe bien, elle passera dans le chargeur. La prĂ©cision et la puissance sont très bonnes dans les modèles chambrĂ©s en .50. Le modèle utilisĂ© pendant la Guerre Civile est un peu anĂ©mique, ne contenant que vingt cinq grains, mais il est très prĂ©cis. Le point d’impact se trouve environ six pouces trop haut Ă  50 yards, et deux pouces trop bas Ă  100 yards. Les Spencer sont lourdes, mais on les tient bien. Le recul est doux et des groupements de quatre pouces Ă  100 yards sont faciles Ă  obtenir. Après avoir tirĂ© avec les autres armes Ă  chargement par la culasse, on est surpris Ă  quel point une Spencer peut rester propre. La seule trace d’encrassement est une baisse dans la prĂ©cision. La centième cartouche chambre aussi bien que la première. C’était vraiment une avancĂ©e rĂ©volutionnaire en matière d’armement.

Le nettoyage d’une arme Ă  chargement par la culasse tout de suite après le tir est beaucoup plus important que sur une arme Ă  chargement par la bouche. Le nombre important de petites pièces qui s’articulent avec prĂ©cision dans la première se dĂ©tĂ©rioreront plus rapidement sous l’effet de la corrosion induite par l’encrassement. La Spencer est nettement l’arme supĂ©rieure, la plus facile Ă  manipuler et Ă  entretenir, et la plus prĂ©cise Ă  courte distance. La Burnside est plus lĂ©gère et plus pratique que la Sharps, elle est presque aussi prĂ©cise et ne s’encrasse pas autant. Par contre, la Sharps est plus robuste que la Burnside et moins sujette Ă  se retrouver hors de service. Elle est plus puissante et plus prĂ©cise, en tous cas Ă  courte distance, et elle possède moins de petites pièces qui peuvent se casser ou se perdre. C’est aussi la pire des trois Ă  nettoyer et la pire des trois Ă  utiliser une fois qu’elle est sale. Le tir avec ces trois armes est très amusant. Si on les traite avec le respect qui est dĂ» Ă  tout objet de plus de cent ans, leur utilisation se fait aussi en toute sĂ©curitĂ©. Il est recommandĂ© de faire vĂ©rifier une nouvelle acquisition par un armurier qualifiĂ© et habituĂ© aux armes anciennes, et de n’utiliser que de la poudre noire ou de la Pyrodex, puisque avec ces poudres, il est impossible de mettre en surpression la plupart des armes Ă  chargement par la culasse de la Guerre Civile.

Et que dire, dans cette Guerre de SĂ©cession qui a cessĂ© sassĂ©sĂ»r, des carabines Smith, des Joslyn, des Starr, des Gwyn & Campbell, des Warner, des Maynard, des Gallager, des Gibbs, des Triplett & Scott, des Morse, des Greene et autres Merrill ou Cosmopolitan pour les plus connues, toutes Ă  chargement par la culasse ? Sans parler des vieilles carabines Hall, ou celles Ă  barillet de chez Colt ou de chez Le Mat, ou encore des Henry Ă  magasin tubulaire…Il y a du boulot !

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William WALKER, Soldat de fortune

Traduction d’un article de J. CRUTCHFIELD paru dans D.G.W. Blackpowder Annual 1986

Demandez-voir Ă  l’AmĂ©ricain moyen qui Ă©tait William WALKER et il y a des chances que tout ce que vous aurez en rĂ©ponse sera un regard Ă©tonnĂ©. Or et pendant la dĂ©cade de 1850, WALKER Ă©tat un nom qui se prononçait dans tous les foyers des Etats Unis tout entiers. Un des premiers de ces sortes de mercenaires que l’on appelle communĂ©ment « soldats de fortune Â» et le seul autochtone amĂ©ricain qui fĂ»t jamais Ă©lu Ă  la tĂŞte d’un pays Ă©tranger, WALKER passa ces annĂ©es-lĂ  Ă  faire la une des journaux avec ses exploits au Mexique, au Nicaragua et au Honduras.Des rencontres frĂ©quentes avec des hommes d’affaires aussi importants que Cornelius VANDERBILT, ce magnat du transport et du rail qui voulait construire un canal Ă  travers l’AmĂ©rique Centrale, et mĂŞme le PrĂ©sident Franklin PIERCE ou James BUCHANAN avec qui il s’occupait des droits et des responsabilitĂ©s des citoyens amĂ©ricains Ă  l’étranger, avaient fait Ă  WALKER la publicitĂ© dont il avait besoin auprès de l’opinion publique pour gagner le soutien des masses Ă  ses missions indĂ©pendantes.Qui Ă©tait cet aventurier qui frĂ©quenta du magnat des affaires au PrĂ©sident AmĂ©ricain ? Pourquoi ce petit homme, mesurant Ă  peine cinq pieds et six pouces de haut et pesant un peu plus de cent livres, restait-il totalement sans la moindre impression devant les hommes d’affaire ou le gouvernement des Etats Unis, lesquels fronçaient tous les deux les sourcils au vu et au su de ses activitĂ©s théâtrales ? Qu’est-ce qu’il y eut en coulisses qui le poussa Ă  envahir le Nicaragua en 1855 et de s’y faire Ă©lire prĂ©sident en moins de cinq mois au cours d’élections totalement libres ? Et puis, qu’était ce petit quelque chose qu’il dĂ©gageait, qui faisait qu’on le respectait, ou qu’on le craignait selon la manière dont on voit les choses, au point que ce gouvernement rebelle fut officiellement reconnu par les Etats Unis ? Vraiment, qui Ă©tait ce William WALKER, cet homme Ă  qui l’Histoire donnerait un jour le nom de « Les yeux gris du destin Â», mais que si peu d’AmĂ©ricains connaissent aujourd’hui, mĂŞme de loin ? On ne connaĂ®tra jamais les rĂ©ponses Ă  certaines de ces questions, mais d’autres font transparaĂ®tre un peu de lumière, mĂŞme s’il y en a peu, sur ce mystĂ©rieux AmĂ©ricain qui tint toute l’AmĂ©rique Centrale Ă  sa botte durant les annĂ©es 1850.

William WALKER est nĂ© Ă  Nashville, Tennessee, le 8 Mai 1824. La maison familiale se trouvait dans l’un des quartiers rĂ©sidentiels les plus chics de la ville. Il naquit de Mary et James WALKER, Ă  une Ă©poque oĂą Nashville Ă©tait l’une des villes les plus importantes du pays. Ville natale du futur PrĂ©sident des Etats Unis Andrew JACKSON, Nashville n’avait Ă©tĂ© fondĂ©e que depuis 44 ans lorsque WALKER vint au monde, mais la petite ville sur les berges de la rivière Cumberland s’était dĂ©jĂ  gravĂ©e sa place dans les politiques d’état et nationale. Le père de WALKER, James, Ă©tait un agent d’assurance de Nashville qui avait rĂ©ussi, et la famille WALKER Ă©tait très respectĂ©e dans les milieux sociaux et d’affaires. Mary s’était convertie rĂ©cemment Ă  cette nouvelle religion appelĂ©e les Disciples du Christ, et mĂŞme James, auparavant presbytĂ©rien dĂ©vot, avait orientĂ© sa foi vers la nouvelle secte. Contrairement Ă  ce qu’il apprit plus tard, le jeune William fut Ă©duquĂ© au sein d’un foyer oĂą l’on craignait Dieu et oĂą on lisait la Bible très souvent. A l’âge de quatorze ans, William WALKER devint l’un des garçons les plus jeunes diplĂ´mĂ©s de l’UniversitĂ© de Nashville, et major de promotion en plus de cela. Ses parents espĂ©raient du jeune garçon qu’il embrasserait la carrière clĂ©ricale, mais un intĂ©rĂŞt prĂ©coce pour la mĂ©decine et une amitiĂ© avec un Ă©minent docteur local, convainquirent le jeune homme que son futur Ă  Nashville serait comme mĂ©decin. En 1843, après avoir Ă©tĂ© diplĂ´mĂ© Ă  la FacultĂ© de MĂ©decine de l’UniversitĂ© de Pennsylvanie, Ă  nouveau major de promotion, il revint dans sa ville natale, devenant sans aucun doute le plus jeune docteur en mĂ©decine des Etats Unis. Mais il avait toujours la bougeotte, et WALKER commença bientĂ´t Ă  s’ennuyer dans son cabinet tout neuf. Il dĂ©cida de s’inscrire Ă  l’UniversitĂ© d’Edinburgh, et c’est ainsi qu’il partit vers l’Ecosse dans le but de poursuivre ses Ă©tudes. Après Ă  peine deux mois Ă  l’UniversitĂ©, il partit pour Paris. C’est lĂ , après un sĂ©jour de plusieurs mois au cours duquel son attention fut attirĂ©e par les inĂ©galitĂ©s de la mĂ©decine devant les pauvres, que le jeune Dr. WALKER perçut ses premières vibrations de dĂ©senchantement pour le domaine mĂ©dical. Continuant son voyage sabbatique, il se rendit Ă  Heidelberg puis Ă  travers la majeure partie de l’Europe, avant d’arriver Ă  Londres en 1845. De retour Ă  Nashville, WALKER y trouva sa mère en train de mourir. Son incapacitĂ© Ă  aider, dans ses derniers jours, la seule personne de sa vie qu’il aimait et respectait vraiment, donna le coup de grâce Ă  son dĂ©goĂ»t grandissant pour la mĂ©decine.

A prĂ©sent, WALKER entrait dans une nouvelle phase de sa vie. Il dĂ©mĂ©nagea Ă  New Orleans et se mit Ă  Ă©tudier le droit. Admis au barreau de la Louisiane en 1847, il dĂ©buta comme homme de loi privĂ©. Mais sa carrière lĂ©gale fut aussi brève que celle qu’il avait suivi dans la mĂ©decine. En 1848, il embrassa furieusement une troisième vocation, celle du journalisme. Le travail de journaliste semblait l’intĂ©resser, et son nouveau travail le mena en Californie. Au cours de son rĂ´le Ă©ditorial pour un journal de San Francisco, WALKER se mit Ă  se sentir obsĂ©dĂ© par un rĂŞve, Ă  moitiĂ© patriotique, Ă  moitiĂ© aventureux. Le Tennesseeien se voyait le libĂ©rateur du Sonora, un Ă©tat Mexicain qui comprenait une partie de ce qui est aujourd’hui l’Arizona. C’est ainsi que, en suivant ses rĂŞves, il envahit le Mexique en Novembre 1853, avec une « armĂ©e Â» de 45 hommes. Estimant qu’il ne pourrait pas prendre la garnison bien dĂ©fendue de Sonora avec son armĂ©e de bric et de broc, WALKER atterrit plutĂ´t Ă  La Paz, en Basse Californie. DĂ©clarant la nouvelle RĂ©publique de Sonora, qui incluait Ă  la fois la Basse Californie qu’il occupait et l’ancien Ă©tat de Sonora, WALKER organisa des Ă©lections oĂą il devint lui-mĂŞme prĂ©sident. Viva el Presidente ! Viva la Revolucion ! Viva la Republica ! Vive le GĂ©nĂ©ral Alcazar ! A bas le GĂ©nĂ©ral Tapioca ! Il s’occupa un peu des affaires d’état dans sa nouvelle rĂ©publique, puis WALKER dĂ©cida de fomenter un plan d’invasion de l’ancien Ă©tat du Sonora. Incapable de traverser le Golfe de Californie Ă  cause du manque de bateaux, son armĂ©e de vagabonds se mit en route vers le nord, Ă  travers les territoires Indiens. Après ce qui s’avĂ©ra une marche dĂ©sastreuse, WALKER se rendit avec ce qui restait de son armĂ©e, le 8 Mai 1854, aux autoritĂ©s amĂ©ricaines sur la frontière internationale. De retour en Californie, en automne 1854 et grâce au plaidoyer Ă©mouvant de son avocat, WALKER fut dĂ©clarĂ© innocent du chef d’accusation de violation des lois sur la neutralitĂ©. Â« Nos Pères Pèlerins sont arrivĂ©s dans un pays sauvage, ils l’ont sauvĂ© des sauvages et ils en ont fait un havre de civilisation Â» dit l’avocat loquace. Â« Pourquoi WALKER n’aurait-il pas le droit de faire la mĂŞme chose pour le peuple oppressĂ© du Sonora ? Â» Huit minutes et demi après que l’affaire fĂ»t en dĂ©libĂ©rĂ©, le tribunal revint avec un verdict « Non coupable Â». L’échec de son escapade aventureuse et l’acceptation de ses actions par le public, voire mĂŞme son approbation, aiguisèrent l’appĂ©tit de WALKER et le poussèrent Ă  faire quelque chose d’encore plus grand.Sa prochaine aventure, l’invasion, l’occupation et son Ă©lection Ă  la prĂ©sidence du Nicaragua, serait le point culminant de sa courte vie. Le Nicaragua Ă©tait mĂ»r pour la rĂ©volution. Des dissensions internes et une lutte pour le pouvoir entre plusieurs petits chefs indigènes avait littĂ©ralement dĂ©chirĂ© le pays en morceaux. WALKER tira avantage de la situation, mais cette fois, il fit les choses lĂ©galement. A la fin de 1854, WALKER signa un contrat avec le gouvernement en place au Nicaragua qui lui permettait de faire entrer dans le pays 300 colons devant occuper une concession de 50 000 acres. En retour, les AmĂ©ricains devraient faire leur service militaire, mais toucheraient une compensation mensuelle. Pour ĂŞtre certain que l’opĂ©ration serait absolument lĂ©gale, WALKER fit signer les papiers par le U.S. District Attorney de San Francisco, c’est-Ă -dire le Procureur, et par le Commandement de la Division du Pacifique de l’ArmĂ©e des Etats Unis. Avec la bĂ©nĂ©diction de son gouvernement, WALKER et 56 de ses camarades quittèrent San Francisco et le 1er. Juin 1854, son navire, le « Vesta Â», dĂ©chargea les hommes et leur Ă©quipement dans le port de Ralejo au nord du Nicaragua. Qui a dit que l’AmĂ©rique n’était pas un pays impĂ©rialiste ? Entre la Guerre du Mexique et celle contre l’Espagne, sans oublier les petites guĂ©guerres de la fin du dix-neuvième siècle et au dĂ©but du vingtième, Ă  Cuba, dans les Philippines ou en Chine, ces aventures Sud-AmĂ©ricaines rocambolesques ne sont pas surprenantes.WALKER et ses hommes furent immĂ©diatement intĂ©grĂ©s Ă  l’ArmĂ©e Nicaraguayenne. Sa première mission fut d’occuper la ville toute proche de Rivas, tenue par l’une des factions rivales. L’armĂ©e des AmĂ©ricains de WALKER fut augmentĂ©e de 100 soldats rĂ©guliers Nicaraguayens, qui dĂ©sertèrent immĂ©diatement dès que les combats dĂ©butèrent. C’est ainsi que WALKER et son armĂ©e de 56 tĂŞtes firent face Ă  une garnison de 500 hommes armĂ©s. Après une bataille qui dura plusieurs heures et qui se termina par des pertes ennemies de 200 soldats comparĂ©s aux 11 AmĂ©ricains, les hommes de WALKER Ă©vacuèrent la ville. Bien que ce fĂ»t une dĂ©faite technique pour WALKER, l’histoire aurait très bien pu ĂŞtre une victoire, si ce n’est Ă  cause de la trahison de l’un des GĂ©nĂ©raux Nicaraguayens qui avait alertĂ© la garnison de Rivas de l’arrivĂ©e imminente des AmĂ©ricains. Après plusieurs jours d’escarmouches, dont la plupart furent gagnĂ©es par l’armĂ©e de WALKER avec un taux de perte Ă©tonnamment faible pour les AmĂ©ricains, il marcha sur Granada, la capitale du pays. La citĂ© se rendit immĂ©diatement, et le « GĂ©nĂ©ral Â» WALKER fit une entrĂ©e victorieuse dans la ville. Â« Viva el Presidente ! Viva la Revolucion ! Vive le GĂ©nĂ©ral Tapioca ! A bas le GĂ©nĂ©ral Alcazar ! Non, c’est le contraire, je ne sais plus, ils changent tout le temps… »

Au cours des mois qui suivirent, WALKER consolida son pouvoir au point de devenir l’individu le plus puissant et le plus respectĂ© du pays, malgrĂ© qu’il n’eĂ»t aucune autre fonction que celle de chef de l’armĂ©e. En Juin 1856, on tint de nouvelles Ă©lections, des Ă©lections qui alignaient trois « politicos Â» autochtones contre WALKER pour l’enjeu de la prĂ©sidence. Sur 23 000 votes exprimĂ©s, William WALKER en rĂ©unit 16 000, et devint ainsi le PrĂ©sident lĂ©gitime du Nicaragua. Les capacitĂ©s politiques de WALKER n’étaient pas aussi bonnes que ses prouesses militaires et, comme il avait dĂ©crĂ©tĂ© plusieurs rĂ©formes dĂ©placĂ©es, sa popularitĂ© commença vite Ă  se faner. Les armĂ©es de plusieurs pays d’AmĂ©rique Centrale envahirent le Nicaragua en Septembre 1856, et ce n’est seulement après que les citoyens se rendirent compte que WALKER Ă©tait le moins mauvais des diables, qu’ils arrivèrent Ă  sa rescousse et retardèrent l’inĂ©vitable de quelques mois. Pendant ce temps, les problèmes avec les intĂ©rĂŞts financiers amĂ©ricains en AmĂ©rique Centrale commencèrent Ă  faire de plus en plus d’ombre au dessus de la tĂŞte de WALKER. Dans son escalade vers le haut, il avait marchĂ© sur les doigts de pieds de gens puissants. L’un de ses plus ardents ennemis Ă©tait le Commodore Cornelius VANDERBILT. Un gros investisseur dans une grosse compagnie dont l’objectif Ă©tait de construire un canal Ă  travers le Nicaragua, VANDERBILT avait perdu plus d’un million de Dollars dans le tumulte et le chaos qui frappèrent le rĂ©gime en place lorsque WALKER fit son coup. Et puis, si VANDERBILT n’avait pas Ă©tĂ© un adversaire de poids, le Nashvillien se retrouvait aussi avec le Gouvernement des Etats Unis aux trousses, pour violation des lois de neutralitĂ©. Et vas-donc au charbon, en Juin 1854, tout le monde Ă©tait d’accord. Deux ans et demi après, il est persona non grata. Quand tu seras en haut, je te ferai bien glisser en te mettant des peaux de banane sous les godasses pour te laisser tomber ! Je crois plutĂ´t qu’il n’avait pas pigĂ© que l’autre gros con et son gouvernement voulaient annexer le pays pour pouvoir prendre les dividendes du passage par le canal tout en ayant une plate-forme stratĂ©gique. C’est d’ailleurs ce qu’ils ont fait juste après avec Panama. Mais ce crĂ©tin d’ancien toubib devenu avocat puis journaliste avant d’être aventurier et candidat prĂ©sident voulait le gâteau Ă  lui tout seul, ce salaud. Washington disait que WALKER n’avait aucun droit de se trouver au Nicaragua pour commencer, et encore moins d’en ĂŞtre le PrĂ©sident ! La dĂ©ception constante du peuple Nicaraguayen avec ses politiques, la position du gouvernement des Etats Unis sur son rĂ´le dans une intervention sur les affaires intĂ©rieures d’un pays ami, sans parler de la mauvaise publicitĂ© qu’il se faisait dans la communautĂ© financière, tout se rĂ©unit pour prĂ©cipiter le PrĂ©sident WALKER dans sa chute. En Mai 1857, il dĂ©missionna de sa fonction. MarquĂ© officiellement comme un renĂ©gat par Washington, le PrĂ©sident WALKER fut accueilli en hĂ©ros Ă  son retour aux Etats Unis. Il visita plusieurs villes, faisant des discours, et recevant en retour les clĂ©s des villes et regardant des parades donnĂ©es en son honneur. En Novembre 1857, WALKER fit une tentative osĂ©e pour rejoindre le Nicaragua. EncerclĂ© par un bataillon de 300 U.S. Marines, WALKER se rendit au Commodore Hiram PAULDING et fut Ă  nouveau renvoyĂ© aux States. Toujours en hĂ©ros, il attisa la question de l’AmĂ©rique Centrale en dĂ©clarant que l’U.S. Navy avait violĂ© l’espace Nicaraguayen lorsqu’elle l’avait arrĂŞtĂ©, car il Ă©tait en fait le PrĂ©sident en exil de la RĂ©publique oĂą tout s’était passĂ©. La rĂ©action de l’opinion publique amĂ©ricaine fut telle que le Ministère de la Marine fut officiellement rĂ©primandĂ© et que toutes les accusations retenues contre WALKER furent retirĂ©es. Plusieurs autres tentatives de re-capturer le Nicaragua Ă©touffèrent toutes dans l’œuf. Finalement, en 1860, alors qu’il se prĂ©lassait dans le succès de son livre qu’il avait rĂ©cemment publiĂ©, Â« The War In Nicaragua Â», WALKER essaya une nouvelle fois. C’est un peu comme les politiques de chez nous. Une fois qu’ils sont en place, plus moyen de les dĂ©loger, et quand on y arrive enfin après qu’on ait rĂ©ussi Ă  les faire passer devant un tribunal pour avoir fait du fric avec du sang contaminĂ© au sida par les droguĂ©s et les pĂ©dĂ©s, ils reviennent dès qu’ils ont rechargĂ© les batteries. A croire que le pouvoir, c’est de la drogue. AccompagnĂ© d’un petit contingent de soldats, il dĂ©barqua au Honduras, d’oĂą ils avaient l’intention de voyager Ă  travers les terres jusqu’au Nicaragua. Après avoir pris la ville portuaire de Trujillo, WALKER se retrouva cernĂ© de toutes parts, sans avenue pour s’échapper. La fin Ă©tait proche. Il se rendit aux autoritĂ©s Britanniques qui avaient promis de le laisser passer s’il arrĂŞtait le combat. Au lieu de cela, il fut immĂ©diatement livrĂ© au gouvernement Hondurien. Le 12 Septembre 1860, au milieu d’une foule ricanante et moqueuse de Honduriens, William WALKER fut exĂ©cutĂ© publiquement. Ca, ça ne m’étonne pas de la part de ces tordus d’angliches. C’est bien eux. On ne peut jamais leur faire confiance. Faux-frères. Fidèles Ă  leur rĂ©putation de traĂ®tres.

Après nous avoir fait la guerre pendant cent ans, après nous avoir mĂ©chamment brĂ»lĂ© une brave petite pucelle innocente qui voulait juste qu’ils retournent chez eux parce que chez nous, ils avaient rien Ă  foutre, après avoir mis des bâtons dans les roues Ă  tous leurs voisins pendant des siècles, dont la France principalement, après avoir abandonnĂ© nos pères aux Stukas sur les plages de Dunkerque et massacrĂ© notre Marine Ă  Mers-el-KĂ©bir, après avoir gĂŞnĂ© par tous les moyens qu’ils trouvaient tout ce qui a pu contribuer Ă  l’élaboration du MarchĂ© Commun, après avoir importĂ© des ratagasses Ă  pleins containers entiers Ă  ne plus savoir qu’en foutre d’autre que leur filer des aides sociales et des allocations payĂ©es par la communautĂ© pour qu’ils achètent des Kalachnikov avec avant de les faire envoyer Ă  leurs frères qui sont restĂ©s faire la guerre chez eux, après avoir butĂ© leur propre princesse chez nous pour nous accuser, alors qu’elle avait un polichinelle Ă©gyptien dans le tiroir qu’il Ă©tait inconcevable de laisser prendre un jour la couronne d’Angleterre, ils nous ont encore empoisonnĂ© il n’y a pas longtemps au Kreutzfeldt-Jacob et ils ont coĂ»tĂ© une fortune Ă  la C.E.E. avec leur vache folle et leur fièvre affreuse qu’ils importent de l’autre cĂ´tĂ© du monde par une transaction contraire au principe de l’Europe. Et ces connards d’amerloques les prennent toujours pour leurs « cousins Â» ! L’une des plus grandes ironies de tout l’épisode William WALKER est le fait que, juste quelques annĂ©es après sa mort, son ennemi le plus farouche, ce Cornelius VANDERBILT qui joua un rĂ´le si important dans sa chute, fit don des fonds nĂ©cessaires pour construire un collège dans la ville natale de WALKER, Nashville, Tennessee. Il n’y a pas de doute que VANDERBILT avait dĂ©jĂ  oubliĂ© le temps des ses aventures avec la compagnie du canal en AmĂ©rique Centrale, et on peut supposer que tout souvenir de William WALKER avait disparu lui aussi. Mais de nos jours, l’hĂ©ritage du Commodore est prĂ©sent dans l’existence de l’UniversitĂ© Vanderbilt, alors que seule une petite marque historique montre la maison qui vit l’enfance de William WALKER, ce petit homme qui, pendant quelques mois, avait tenu le destin de toute l’AmĂ©rique Centrale entre ses mains.

Bon, première constatation. Il ne s’agit dĂ©jĂ  pas du fameux Texas Ranger WALKER qui donna son nom au cĂ©lèbre revolver pondu par Mr. Samuel COLT, d’autant plus que ce WALKER-lĂ  avait laissĂ© sa peau au Mexique pendant la guerre de conquĂŞte que firent les Etats Unis dans la plus pure des politiques impĂ©rialistes, et Ă  l’époque de notre petite aventure au Nicaragua, ses os Ă©taient dĂ©jĂ  blanchis depuis longtemps par les vautours, les vers et les insectes. Mais toute cette histoire, qui a sĂ»rement eu mille fois son corollaire depuis avec des acteurs amĂ©ricains ou russes et dans d’autres pays, pourrait ĂŞtre française. Elle rappelle Ă©trangement celle de Robert « Bob Â» DENARD avec ses histoires d’arabes et d’africains, comme le coup d’état qui avait foirĂ© au Dahomey car « donnĂ© Â» depuis la mĂ©tropole, et ceux des Comores, oĂą l’aventurier fonçait Ă  chaque fois avec la bĂ©nĂ©diction cachĂ©e des salauds hypocrites chefs de son propre gouvernement. Et si vous vous faites prendre, on ne vous connaĂ®t pas. Vous n’avez pas droit Ă  l’échec. Cette cassette se dĂ©truira toute seule dans les secondes qui suivront sa fin. Sauf les fonctionnaires narvalos qui loupent leur coup, tellement facile, d’essayer de faire couler le Rainbow Warrior, ou en laissant des traces trop grosses pour que ce soit vraiment un oubli, dans cette histoire sordide d’une certaine paillote qu’on a cramĂ© sur la cĂ´te Corse. Ceux-lĂ  ont quand mĂŞme eu le droit de se faire oublier, plutĂ´t que de se faire pendre ailleurs ou couper la tĂŞte. On n’est pas des sauvages, tout de mĂŞme. Mais c’est malheureusement ce qui est arrivĂ© Ă  WALKER, tous les DENARD, BARRIL et autres gros BONNET ayant juste eu la chance de vivre dans un monde oĂą les peines pour gĂŞneurs, dont la peine capitale, n’existent plus. Au dix-neuvième siècle, on les aurait suicidĂ©, pour qu’ils ne parlent pas. Aujourd’hui, on leur donne peut-ĂŞtre de l’argent, ou on les laisse essayer de vendre un livre qui n’intĂ©resse presque personne d’autre que les romantiques et les rĂŞveurs… Et maintenant, l’AmĂ©ricain qui arrive au Nicaragua se fait traiter pĂ©jorativement de « sale gringo Â», quand c’est l’un de ses ancĂŞtres qui a appris Ă  celui de l’autre le mot « RĂ©volucion Â», lequel a pris depuis une signification beaucoup plus « rouge Â». Ironie du sort, qui joue avec les mots… Mais faut dire que l’AmĂ©rique Centrale est quelque chose de fou. On se rappelle encore la Guerre du Foot de 1971 entre le Salvador et son voisin, une guerre qui a dĂ©marrĂ© Ă  cause d’un match de foot qui avait fait dĂ©border le vase de sois-con. Mais qui est-ce qui fait vraiment la politique et qui dĂ©cide du sort du peuple ? Les gĂ©nĂ©raux, ou bien les financiers ? Le GĂ©nĂ©ral ALCAZAR, ou bien Mr. VANDERBILT ?

Le prince des pistoleros

Traduction d’un article de Joe BILBY paru dans D.G.W. Blackpowder Annual 1986

Bill MASSIE Ă©tait en train de regarder ses cartes lorsque cela se passa. Il entendit l’explosion du coup, sentit son bras s’engourdir, et leva les yeux. Il vit l’homme en face de lui tomber par terre, puis il vit Mc. CALL qui reculait au milieu d’un nuage de fumĂ©e de poudre noire, criant Ă  tout de monde de sortir, ramenant le chien de son revolver en arrière avec son pouce et le laissant retomber en pointant l’arme en direction du barman sans que le coup ne parte, le bruit vide et mĂ©tallique du faux-dĂ©part le suivant jusqu’à la porte. Lorsqu’il fut parti, on ne pouvait plus rien faire d’autre que regarder la flaque de sang qui s’agrandissait sous la tĂŞte de « Wild Bill Â», Bill le Sauvage. Une lĂ©gende Ă©tait morte. Vive la lĂ©gende.

Cette lĂ©gende Ă©tait nĂ©e sous le nom de James Butler HICKOCK, le 27 Mai 1837, Ă  Homer, Illinois. Comme beaucoup de jeunes hommes de sa gĂ©nĂ©ration, HICKOCK brĂ»lait du dĂ©sir d’aller vers l’Ouest et il partit pour le Kansas, y arrivant en plein milieu de la « guerre Â» entre les partisans de l’esclavagisme et ceux de l’abolitionnisme. Après avoir servi pendant un moment dans la Milice d’Etat Libre de James H. LANE, il essaya le fermage, puis dĂ©riva vers le nord et, en Juillet 1861, travaillait Ă  la station du Pony Express de Rock Creek, Nebraska. David C. Mc. CANLES arriva Ă  Rock Creek pour demander le paiement de l’argent qu’on lui devait chez RUSSEL, MAJORS & WADELL, Ă  qui il avait vendu la station. Un fusil de chasse pendait en travers du pommeau de la selle de Mc. CANLES, qui menaça les occupants de la station, y compris HICKOCK. Le fait que HICKOCK s’amusait avec la maĂ®tresse de Mc. CANLES, Sarah STULL, n’avait rien pour arranger une situation dĂ©jĂ  explosive. Les dĂ©tails de ce qui suivit ne sont pas clairs, mais HICKOCK tira et tua Mc. CANLES avec un fusil puis sortit son Colt Navy en ventilant du mĂŞme coup les deux compagnons du mort, lesquels furent finis par les autres employĂ©s de la station, portant des haches et des houes. AccusĂ©, en mĂŞme temps que les autres, de ces meurtres devant les tribunaux du Nebraska, HICKOCK, Ă©galement appelĂ© parfois « Dutch Bill Â», Bill le Hollandais, fut relâchĂ© après avoir brillamment plaidĂ© la lĂ©gitime dĂ©fense.

BientĂ´t, il partit pour le sud, oĂą on avait besoin de quelqu’un qui savait tirer vite et bien au revolver Colt. Fils d’un abolitionniste qui avait tenu une station de chemin de fer souterrain, c’est-Ă -dire une station de mĂ©tro, il y avait peu de doute pour savoir de quel cĂ´tĂ© « Bill Â» HICKOCK se battrait lors de la Guerre Civile. En Octobre 1861, il servait comme chauffeur dans l’armĂ©e FĂ©dĂ©rale. BientĂ´t, on lui confia des rĂ´les oĂą il y avait plus d’action, comme Ă©claireur, dĂ©tective de l’armĂ©e et espion. Le mois de Juillet 1865 vit HICKOCK, Ă  prĂ©sent connu sous le nom de « Wild Bill Â», arriver Ă  Springfield, Missouri, comme un homme de la ville et un joueur professionnel. Springfield grouillait de toute sorte de types de la frontière et de soldats de l’Union dĂ©mobilisĂ©s, aux poches gonflĂ©es de rappels de paie. Presque tous ces hommes Ă©taient armĂ©s, et quatre annĂ©es de conflit avaient submergĂ© toute inhibition qu’ils auraient pu avoir Ă  rĂ©gler leurs disputes avec leurs armes. Le 21 Juillet, HICKOCK et un certain Davis TUTT, des copains qui s’étaient fâchĂ©s Ă  cause de dettes de jeu, de la possession d’une montre Waltham et de l’affection d’une femme, se battirent au revolver Ă  percussion dans le jardin public de Springfield. TUTT manqua son coup. La balle de HICKOCK frappa son ancien ami au torse et le tua, Ă  une distance que plusieurs personnes estiment entre cinquante et cent yards. La loi Ă©tait marginale Ă  Springfield et le Lieutenant Colonel Albert BARNIZ du 2ème. Ohio Cavalry arrĂŞta Wild Bill, qui fut presque immĂ©diatement relâchĂ© sur caution. L’accusation initiale de meurtre rĂ©duite Ă  celle d’homicide, HICKOCK fut acquittĂ© après un procès de deux jours, le 5 AoĂ»t, il postulat tout de suite pour le poste de Marshall de la ville, mais on le lui refusa. A part le fait d’avoir tuĂ© TUTT, la chose la plus significative qui arriva Ă  Wild Bill lors de son sĂ©jour Ă  Springfield fut sa rencontre avec le journaliste George Ward NICHOLS, un ancien officier de l’Union. PrĂ©sentĂ© Ă  HICKOCK juste après le fameux duel, NICHOLS fut fascinĂ© par ce pistolero aux cheveux longs et il interviewa Wild Bill pour un article qui fut publiĂ© dans le magazine Harpers de FĂ©vrier 1867. En plus de dĂ©crire le combat contre TUTT, NICHOLS donnait les dĂ©tails d’une version de l’affaire Mc. CANLES qui dĂ©crivait HICKOCK presque comme un hĂ©ros HomĂ©rique se dĂ©battant contre neuf hommes armĂ©s provenant du gang des « M’Kandlas Â», des sympathisants des ConfĂ©dĂ©rĂ©s.

Selon NICHOLS, Wild Bill tua tous ses adversaires avec un fusil, un revolver et un couteau, en dĂ©pit du fait d’avoir Ă©tĂ© atteint de onze chevrotines. Le reste de l’article dĂ©taillait d’une manière adulatoire les exploits fantastiques de HICKOCK alors qu’il Ă©tait Ă©claireur et espion pour les FĂ©dĂ©rĂ©s pendant la guerre. Il est probable que HICKOCK, voulant seulement s’amuser avec son interlocuteur Ă  lui raconter des histoires typiques de la frontière, n’ait pas prĂ©vu que la publication de l’article du Harpers en ferait une cĂ©lĂ©britĂ© nationale, mais elle le fit. Le pays, soufrant d’un malaise d’après-guerre, recherchait de nouveaux hĂ©ros. NICHOLS, rĂ©pondant Ă  cette demande nationale, mĂ©nagea une niche Ă  Wild Bill dans le panthĂ©on amĂ©ricain. Bien que certains des exploits relatĂ©s dans l’article de NICHOLS furent rĂ©futĂ©s par des journalistes de la frontière, l’avis gĂ©nĂ©ral Ă©tait que HICKOCK Ă©tait en fait un homme au tir rapide et prĂ©cis, et que ses services pour l’Union, s’ils n’atteignaient pas les taux d’improbabilitĂ© suggĂ©rĂ©s par NICHOLS, Ă©taient reconnus d’importance locale.

C’est sans aucun doute grâce Ă  ce qu’il avait fait pendant la Guerre Civile, que HICKOCK reprit du service auprès du gouvernement Ă  Fort Riley, Kansas, en Janvier 1866. Il travailla de manière intermittente pendant les trois annĂ©es suivantes pour le DĂ©partement de l’Intendance de l’ArmĂ©e, Ă  pister des voleurs de matĂ©riel appartenant au gouvernement et Ă  servir aussi d’éclaireur Indien et de Deputy U.S. Marshall, c’est-Ă -dire flic. Le penchant de HICKOCK Ă  attirer les journalistes le fit rencontrer Henry Morton STANLEY, le futur explorateur africain, qui couvrait totalement, et efficacement, Wild Bill pour le Democrat de Saint Louis. Après avoir rendu visite Ă  sa famille dans l’Illinois en Avril 1869, et en convalescence suite Ă  la blessure d’un coup de lance Indienne qu’il avait pris au cours d’une reconnaissance pour l’armĂ©e, HICKOCK revint vers l’ouest et reprit ses fonctions de Deputy Marshall, Ă  Hays City, Kansas. En plus de ses fonctions fĂ©dĂ©rales, Wild Bill fut « Ă©lu Â» Sheriff du contĂ© de Ellis par le comitĂ© de vigilance de Hays City et le conseil d’administration du contĂ© en AoĂ»t 1869. Le 22 aoĂ»t, HICKOCK tira sur un homme ivre qui devenait agressif et qui commençait Ă  jouer du pistolet, et le tua. Un mois plus tard, il expĂ©dia vers ses ancĂŞtres un autre voyou du coin appelĂ© STRAWHUN, le Hun de paille, en rĂ©glant une histoire de bagarre de saloon. Son Ă©lection dĂ©clarĂ©e illĂ©gale par un tribunal, Wild Bill postula pour ce poste de Sheriff mais ce fut Peter LANIHAN qui l’obtint. Il quitta le poste Ă  la fin de l’annĂ©e, mais continua Ă  exercer comme officier fĂ©dĂ©ral, arrĂŞtant les voleurs de mules et les bĂ»cherons qui coupaient des arbres illĂ©galement. En Juillet 1870, HICKOCK fut attaquĂ© par plusieurs soldats du 7ème. Cavalry dans un saloon de Hays City. ClouĂ© au sol, il parvint Ă  s’en tirer avec son revolver, tuant l’un des soldats et en blessant sĂ©rieusement un autre. Bien que courageux, Wild Bill n’était pas fou, et il quitta Hays City plutĂ´t que de rĂ©gler les choses avec ses armes contre plusieurs centaines de militaires de la cavalerie. Il s’avĂ©ra par la suite que ni le gouvernement, ni les cavaliers, ne daignèrent donner suite Ă  l’affaire. Au cours de son sĂ©jour Ă  Hays City, Wild Bill fit plus que forger sa lĂ©gende. Il Ă©tait très habile au revolver, ses coups Ă©taient mortels et c’était un excellent officier de paix pour les standards de l’époque. Sa rĂ©putation d’homme de loi Ă©tait maintenant fermement Ă©tablie et elle le mena directement vers son emploi suivant.

Lorsque Tom SMITH, le Marshall d’Abilene, fut assassinĂ©, le conseil municipal lui donna plusieurs successeurs mais aucun ne faisait l’affaire. Il s’adressa alors Ă  HICKOCK, qui fut nommĂ© au poste le 15 Avril 1871. La ville d’Abilene, terminus du « Mc. Coy’s Extension Â» sur la fameuse piste Ă  bĂ©tail Chisholm qui venait du Texas, Ă©tait divisĂ©e en deux par les rails du chemin de fer de la Kansas Pacific. La zone oĂą le bĂ©tail Ă©tait dĂ©barquĂ© des wagons Ă  Abilene formait la « Mc. Coy’s Addition Â». C’était littĂ©ralement « de l’autre cĂ´tĂ© des rails Â». Elle fourmillait de cow-boys, de prostituĂ©es, de souteneurs, de joueurs et de voleurs, et elle Ă©tait noyĂ©e d’alcool. On sait que Wild Bill HICKOCK parvint Ă  maintenir l’ordre dans cette « addition Â» pendant huit mois sans tuer personne. Pourtant, la nuit du 5 Octobre, il rencontra une bande de Texans ivres dirigĂ©e par le joueur Phil COE, qui brandissait un revolver avec lequel il venait juste de tirer. Certains historiens prĂ©tendent qu’il y avait du « mauvais sang Â» entre HICKOCK et COE, Ă  propos de l’affection d’une « colombe salie Â». Quoi qu’il en soit et comme COE levait son arme, Wild Bill dĂ©gaina, tira et blessa mortellement le Texan. Se retournant instinctivement, HICKOCK tira Ă  nouveau sur un homme qui venait vers lui dans l’ombre. Malheureusement, la seconde victime de Wild Bill Ă©tait son ami et l’un de ses adjoints, Mike WILLIAMS.

Pendant que COE mourait, HICKOCK, rĂ©voltĂ© par la mort de WILLIAMS, ferma tous les saloons et les bordels de la ville. Bien que les Texans, eux aussi enragĂ©s mais par la mort de COE, eussent mis Ă  prix la tĂŞte de Wild Bill, personne n’osa la chercher. En DĂ©cembre, le conseil de la ville, dĂ©goĂ»tĂ© par le cĂ´tĂ© sordide du commerce des bestiaux, annonça que les « conducteurs Â» n’étaient plus les bienvenus Ă  Abilene. Et comme en consĂ©quence il n’avait plus besoin de son ancien paladin pour terroriser les rudes Texans, il rĂ©duisit les dĂ©penses municipales en renvoyant le Marshall HICKOCK. PersuadĂ© qu’il n’avait plus la rapiditĂ© nĂ©cessaire avec un six-coups, Wild Bill ne servit plus jamais comme homme de loi, peut-ĂŞtre Ă  cause de sa vue qui baissait, un facteur qui peut avoir contribuĂ© Ă  tirer accidentellement sur WILLIAMS, lequel fut le dernier homme Ă  tomber devant ses revolvers. HICKOCK Ă©tait âgĂ© de trente quatre ans lorsqu’il quitta Abilene. La « frontière du milieu Â» sur le « Kansas sanglant Â» avait vĂ©cu, et la Guerre Civile Ă©tait bien finie. Les Indiens, poussĂ©s plus Ă  l’Ouest, disparaissaient en mĂŞme temps que sa vue baissait. Pendant les cinq annĂ©es qui suivirent, Wild Bill erra Ă  la dĂ©rive, jouant pendant un petit moment pour un vieil ami, Bill CODY, dans un dĂ©sastre théâtral qui s’appelait « Les Eclaireurs des Prairies Â». Malheureux et comme CODY n’arrivait pas Ă  s’adapter au « show business Â», HICKOCK s’en revint vers l’ouest, sans passer par le Kansas qui se civilisait de plus en plus, et s’en fut vers le Wyoming. A Cheyenne, il reprit son vieux mĂ©tier de joueur professionnel et prĂ©para vaguement une expĂ©dition vers les Black Hills, les Collines Noires, pour y chercher de l’or, sans que l’on sache si c’était en y jouant aux cartes ou aux dĂ©s, ou en y creusant le sol. Wild Bill n’était plus le tireur au regard perçant de l’époque de Hays City ou d’Abilene, mais on lui donnait encore une place de choix au sein de la communautĂ© « sportive Â» de Cheyenne. En Mars 1876, pourtant, il fit un pas de plus sur le chemin de la civilisation en Ă©pousant Agnes Lake THATCHER, une veuve qui possĂ©dait un cirque et Ă  qui il Ă©crivait depuis plusieurs annĂ©es. Agnes finança Ă  crĂ©dit le voyage vers les Black Hills dont il parlait depuis longtemps mais pour lequel il n’avait pas l’argent, et il arriva Ă  Deadwood le 12 Juillet. Cinq jours plus tard, il Ă©crivait Ă  sa femme Â« Je suis sĂ»r que ça va bien se passer… Â» Le 2 AoĂ»t 1876, Ă  trois heures de l’après-midi, Jack Mc. CALL, un petit vagabond sans motifs apparents, s’approcha par derrière, mit son revolver contre la tĂŞte de Wild Bill HICKOCK, et laissa le chien s’abattre sur la seule bonne cartouche que contenait le barillet, en l’envoyant vers l’éternitĂ©. Ah, que voilĂ  une bien triste fin pour un tireur d’élite et un aventurier, l’ancien Ă©claireur chasseur d’Indiens et de voleurs, le sheriff qui rĂ©glait les comptes Ă  sa manière au plus grand plaisir des lâches bourgeois qui avaient trop peur de se faire flinguer et des riches avares qui ont prĂ©fĂ©rĂ© le jeter comme un malpropre une fois qu’il avait bien fait le mĂ©nage chez eux, cet homme qui voulait faire un peu d’argent pour enfin vivre paisiblement avec sa femme, et qui se fait tirer une balle dans la tĂŞte par un crĂ©tin, et par derrière, la façon la plus lâche de tuer un homme dans l’Ouest, et en plus de cela, par la seule cartouche en bon Ă©tat que contenait le revolver de son assassin. Ca ne peut pas ĂŞtre autre chose qu’un mauvais coup du sort.

La fumĂ©e s’était Ă  peine dissipĂ©e du saloon Number 10 et le corps du plus grand pistolero de tous les temps Ă©tait Ă  peine en terre, que les fabricants et briseurs de mythes se bagarraient dĂ©jĂ  autour de son âme. Bien entendu, ils avaient plus de matĂ©riel qu’il n’en fallait en moyenne pour travailler avec. Contrairement Ă  celles d’autres hĂ©ros, la lĂ©gende de Wild Bill HICKOCK commença alors qu’il Ă©tait encore vivant, une situation qu’il partagea avec les autres cheveux longs George Armstrong CUSTER et Buffalo Bill CODY. L’article de NICHOLS avait servi de fondation Ă  la fois pour l’élaboration et le dĂ©nigrement. En Juillet 1867 et comme HICKOCK se faisait rattraper par la littĂ©rature populaire de bas niveau, on publia « Wild Bill, the Indian Slayer Â», Wild Bill, le Tueur d’Indiens, dans les « Ten Cent Romances Â», les Romances Ă  Dix Centimes, de De WITT. L’illustration de la couverture de ce rĂ©cit, qui Ă©tait piratĂ© de l’article du Harper’s, montrait inexplicablement Wild Bill en train d’anĂ©antir le gang des « M’Kandlas Â», plutĂ´t que des Indiens. Un peu plus tard, De WITT publia « Wild Bill’s First Trail Â», la Première Piste de Wild Bill, une descente encore plus profonde dans la fosse d’aisance littĂ©raire des histoires Ă  dix sous. Malheureusement, la vĂ©ritĂ© sur HICKOCK n’a pas Ă©tĂ© très bien servie non plus par des Ă©crivains plus sĂ©rieux. Mari SANDOZ Ă©tait peut-ĂŞtre la plus grande artiste qui Ă©crivĂ®t sur l’ouest AmĂ©ricain, et l’une des rares personnes de race Blanche qui comprenaient bien l’esprit des Indiens. Pourtant, Madame SANDOZ n’aimait pas beaucoup Wild Bill HICKOCK. Dans « Le Chasseur de Bisons Â», elle l’accusait, en se basant uniquement sur des on-dit, d’avoir assassinĂ© le chef Sioux WHISTLER, le Siffleur.

William Elsey CONELLY, le premier biographe sĂ©rieux de Wild Bill, Ă©tait de ceux qui n’ont pas peur de dĂ©former les faits dans l’autre sens pour insĂ©rer son hĂ©ros Ă  une Ă©poque et un lieu convenant plus Ă  l’histoire qu’il Ă©crivait. CONNELLY n’avait pas peur non plus de publier comme vĂ©ritables, et sans les vĂ©rifier, des anecdotes qu’il rĂ©coltait auprès des hommes de la frontière prĂ©tendant avoir connu HICKOCK. Le livre « Wild Bill HICKOCK de Richard O’CONNOR, publiĂ© en 1950, avait mit les biographes Ă  l’œuvre mais reprenait un certain de nombre de mythes lui aussi, y compris la lĂ©gende disant que HICKOCK avait guidĂ© le SĂ©nateur Henry WILSON dans un tour sur l’Ouest en 1869. O’CONNOR acceptait lui aussi l’assertion que le combat de HICKOCK avec les cavalier de la 7ème. en 1870 avait Ă©tĂ© commanditĂ©e par le Capitaine Thomas CUSTER, le frère de « cheveux longs Â» CUSTER et qui allait mourir avec lui Ă  Little Big Horn, qui aurait utilisĂ© ses hommes pour assouvir une rancune personnelle qu’il aurait eu avec Wild Bill. S’il y avait eu la moindre raison valable pour Tom CUSTER d’entretenir quelque animositĂ© contre HICKOCK, il n’en existe pas la moindre trace historique. Il est Ă©galement improbable que CUSTER, qui avait reçu deux fois la MĂ©daille d’Honneur pendant la Guerre Civile, ait hĂ©sitĂ© Ă  rĂ©gler lui-mĂŞme l’affaire avec Wild Bill s’il eĂ»t senti qu’il avait des raisons de le faire, encore qu’il y ait un doute considĂ©rable, dans l’esprit de cet auteur, qu’il eĂ»t survĂ©cu Ă  une telle rencontre. Quatre vingt huit annĂ©es passèrent entre le moment oĂą le corps de James Butler HICKOCK gisait sur le plancher sale du saloon Number 10 et une biographie prĂ©cise et dĂ©finitive. Il est intĂ©ressant de noter qu’elle fut Ă©crite par un Anglais, Joseph G. ROSA. Le portrait du meilleur tireur de la frontière, They Called Him Wild BillOn l’appelait Wild Bill, fut brossĂ© par ROSA avec le talent mĂ©ticuleux d’un recherche sĂ©rieuse, et d’une bonne connaissance des armes du XIXème. siècle. Il ne semble pas que quelqu’un d’autre fera un jour une meilleure Ă©tude de HICKOCK. ROSA n’a pas seulement fait exploser les vieux mythes et recherchĂ© des faits nouveaux, mais sa connaissance des armes lui a permis de faire des hypothèses sur les armes Ă  feu que Wild Bill a probablement utilisĂ©es, tout comme sur son habiletĂ© Ă  les utiliser. Bien que les Ă©lĂ©ments de preuve disponibles indiquent que HICKOCK pĂ»t avoir choisi, Ă  la dernière annĂ©e de sa vie, des revolvers Ă  cartouches mĂ©talliques, dont des conversions en .38 Colt Ă  partir de revolvers Ă  percussion, il y a peu de doute que tous ses exploits au tir ont Ă©tĂ© accomplis avec des revolvers utilisant des capsules et des balles rondes, très probablement des colt Modèles 1851 Navy. La carrière de gunfighter, celui qui se bat avec des armes Ă  feu, de Wild Bill commença en 1861 et dura jusqu’en 1871, quand il rangea ses revolvers. Il est certain que HICKOCK n’utilisa jamais au combat le fameux Colt « Peacemaker Â», mis sur la marchĂ© en 1873, et il est probable qu’il n’en possĂ©da pas un de sa vie. De ses propres aveux Ă  NICHOLS, Wild Bill tira sur Mc. CANLES avec un « Hawkins Â» Ă  Rock Creek. Les fameux fusils « Hawken Â» fabriquĂ©s par les frères Jake et Sam HAWKEN Ă  St. Louis Ă©taient des armes de gros calibre, en moyenne du .53, solidement faites, au fĂ»t demi-long, et populaires parmi les hommes des montagnes et les autres hommes de l’Ouest avant la Guerre Civile. Le terme Hawken, très souvent mal utilisĂ© et dit Hawkin ou Hawkins, devint, Ă  l’époque et encore aujourd’hui, un terme gĂ©nĂ©rique pour tous les fusils Ă  demi-fĂ»t en gros calibre. On utilisa une photographie de l’un de ces fusils gĂ©nĂ©riques « Hawkins Â», provenant de la collection du Nebraska Historical Society, pour illustrer un rĂ©cent article sur HICKOCK, et on y dit que c’était l’arme qui tua Mc. CANLES. Il n’y a cependant pas d’autre indication sur la provenance du fusil. Bien que Mc. CANLES fut tuĂ© par une arme d’épaule, la cĂ©lĂ©britĂ© de Wild Bill provient de son habiletĂ© Ă  l’arme de poing. Il raconta Ă  NICHOLS qu’il avait utilisĂ© un Colt Navy en calibre .36 Ă  Rock Creek, après avoir posĂ© son fusil. Le Colt Navy Ă©tait une arme extrĂŞmement populaire sur la frontière, et on la considĂ©rait comme suffisamment puissante pour l’auto-dĂ©fense, tout en Ă©tant assez lĂ©gère pour qu’on pĂ»t la porter dans un Ă©tui Ă  la ceinture. Ce fut la première arme pratique Ă  combiner ces deux qualitĂ©s. HICKOCK portait une paire de ces revolvers, d’abord dans des Ă©tuis et plus tard simplement passĂ©s dans une large ceinture qu’il passait autour de ses reins. Les crosses de ses revolvers Ă©taient dirigĂ©es vers l’avant, permettant de les saisir d’une main ou de l’autre, une particularitĂ© qui lui sauva apparemment la vie lorsqu’il se battit avec les deux soldats du 7ème. Cavalry. Wild Bill parvint Ă  dĂ©gager sa main gauche et put tirer sur les deux hommes. Bien qu’il semble qu’il fĂ»t un peu ambidextre, HICKOCK portait deux revolvers, tout comme beaucoup d’hommes armĂ©s Ă  l’époque de la percussion, de façon Ă  disposer de douze coups sans recharger, une opĂ©ration qui prenait du temps mĂŞme si on avait des barillets sĂ©parĂ©s, dĂ©jĂ  chargĂ©s. On dit que, lorsqu’il fut Marshall Ă  Abilene, HICKOCK Ă©tait un vĂ©ritable arsenal ambulant, portant en plus de ses revolvers, deux Deringers Williamson Ă  un coup et un fusil de chasse double Ă  canon sciĂ©.

Wil Bill aimait les crosses en ivoire sur ses revolvers, une prĂ©fĂ©rence qu’il partagea au vingtième siècle avec l’expert en revolvers Elmer KETIH. Bien que l’ivoire, Ă  cause de son prix, soit rarement vue sur des armes modernes, il n’y a rien qui puisse Ă©galer cette sensation mĂ©langĂ©e de douceur et de soliditĂ© dans la prise en main d’un revolver Ă  simple action. Les crosses en ivoire contribuent aux qualitĂ©s de tir d’un revolver, et elles ne sont pas de la simple cosmĂ©tique comme celles en nacre, qu’un autre amateur de crosses en ivoire, le GĂ©nĂ©ral PATTON, disait qu’elles Ă©taient juste pour les « maquereaux Â». On connaĂ®t un revolver Colt Navy aux crosses en ivoire, gravĂ© « J.B. Hickock 1869 Â» sur le haut de la carcasse, qui est censĂ© avoir survĂ©cu Ă  HICKOCK. On a dit que ce revolver, tout comme son pendant qui manque d’ailleurs, furent offerts Ă  Wild Bill par le SĂ©nateur WILSON en 1869 et, selon le biographe O’CONNOR, furent Â« â€¦les armes aux poignĂ©es blanches qu’il porta jusqu’à la fin de ses jours. Â» Il semble que le fait soit inconnu de O’CONNOR, mais HICKOCK portait des « armes aux poignĂ©es blanches Â» avant 1869, et ROSA dit qu’il ne rencontra jamais WILSON. Le cĂ©lèbre photographe de la Guerre Civile Alexander GARDNER, prit une photo d’un groupe d’hommes Ă  Fort Harker, Kansas, en Septembre 1867. L’examen de ce clichĂ© montre clairement le Deputy Marshall HICKOCK portant une paire de revolvers aux crosses en ivoire, enfoncĂ©s dans leur Ă©tui et crosses pointant vers l’avant. O’CONNOR fut responsable d’avoir racontĂ© plusieurs histoires fantaisistes sur les armes de HICKOCK. Il Ă©crivit que Wild Bill Â« â€¦prĂ©fĂ©rait le Colt .44 Ă  double action. Â» C’est lĂ  une affirmation intĂ©ressante, tout spĂ©cialement si on considère que Colt ne produisit pas de revolver Ă  double action en .44 avant 1878, deux ans après la mort de HICKOCK. Par contre, il y a un revolver Ă  double action Belge, une copie du Beaumont-Adams Anglais en .45, dans la collection de la SociĂ©tĂ© Historique l’Etat du Kansas. Cette arme fut offerte Ă  la sociĂ©tĂ© comme une pièce ayant appartenu Ă  HICKOCK, mais il n’existe pas de document qui puisse le certifier. L’histoire que O’CONNOR tire peut-ĂŞtre le plus par les cheveux, et avec le Wild Bill, il y avait de quoi vu la longueur de sa chevelure, concerne une arme qu’il dĂ©crit simplement comme Â« un Colt portant le numĂ©ro de sĂ©rie 139345 Â», qu’un homme du nom de Fred SUTTON aurait achetĂ© Ă  Pat GARETT. Selon SUTTON, l’arme aurait Ă©tĂ© donnĂ©e Ă  GARETT par la sĹ“ur de HICKOCK, Lydia, une histoire pour laquelle il n’y a pas la moindre preuve. On dit que GARETT utilisa l’arme pour tuer Billy le Kid en 1881. Si l’arme avait Ă©tĂ© un Colt Navy, le numĂ©ro de sĂ©rie l’aurait placĂ© dans la production de 1864. Cependant, il est extrĂŞmement peu probable que GARETT ait fait face Ă  Billy le Kid avec un revolver obsolescent alors que l’usage de revolvers Ă  cartouches mĂ©talliques Ă©tait universel au soin des tireurs sĂ©rieux. Et s’il s’était agi d’un Colt Single Action Army, le numĂ©ro de sĂ©rie l’aurait datĂ© de 1892, ce qui se passe de commentaires. On peut penser que HICKOCK utilisa d’autres revolvers que des Colt Navy. On l’a vu faire une dĂ©monstration de tir au dĂ©but des annĂ©es 1870 pendant qu’il voyageait avec CODY, oĂą ses revolvers Ă©taient des Colt et Remington en .44. Il pouvait s’agir de revolvers Ă  percussion, des Colt 1860 et Remington 1863, ou bien les mĂŞmes armes converties aux cartouches mĂ©talliques. Les deux grands fabricants convertissaient leurs armes Ă  percussion aux cartouches Ă  cette Ă©poque, et Colt mit son premier revolver Ă  cartouche mĂ©tallique sur le marchĂ© en 1871. Un certain nombre d’armuriers privĂ©s rĂ©pondaient Ă©galement Ă  la demande du public et convertissaient des armes Ă  percussion dans leur propre atelier. C’est donc que les armes de ce type Ă©taient relativement communes. Il faut noter toutefois que Charles GROSS, qui connut HICKOCK Ă  Abilene, disait, en parlant des cartouches mĂ©talliques, que Â« Bill ne voulait pas les utiliser Â». En 1960, ROSA, qui prĂ©parait son manuscrit sur HICKOCK, correspondit avec le père du tir moderne de combat amĂ©ricain, Jeff COOPER, au sujet des possibilitĂ©s de prĂ©cision des revolvers Ă  capsules et Ă  balles. COOPER, que HICKOCK intĂ©ressait en tant que pionnier du « tir pratique Â», fit faire une sĂ©rie de tests au stand du Eaton Canyon Muzzle Loader’s Association, l’Association des Arquebusiers d’Eaton Canyon, Ă  Pasadena, Californie, et en publia les rĂ©sultats dans le numĂ©ro de Mars 1960 du magazine Guns & Ammo. COPPER se fit assister par une Ă©quipe de tireurs du club d’Eaton Canyon, qui apportèrent leurs propres armes. Nom de Dieu, çà, ça devait ĂŞtre bien ! Chez nous en France, les gens qui tirent Ă  la poudre noire sont considĂ©rĂ©s comme des rigolos par les tireurs classiques, faut dire qu’il y a beaucoup de rigolos, et chez les Arquebusiers, on se prend la tĂŞte avec des histoires de points…Toutes ces armes Ă©taient des originales en excellent Ă©tat de tir, et comprenaient une paire de Colt Navy 1851 en .36, une paire de Colt Army 1860 en .44 et un Remington Army en .44. Chaque revolver fut chargĂ© avec des balles rondes sur 25 grains de FFg dans les calibres .36 et 35 grains du mĂŞme carburant dans les .44.

Ces charges se rapprochaient des charges rĂ©glementaires des annĂ©es 1860. En reprenant une liste d’exploits attribuĂ©s Ă  HICKOCK et fournie par ROSA, l’équipe de COOPER dissipa des annĂ©es de foutaises imposĂ©es au public par des gĂ©nĂ©rations d’écrivains naĂŻfs ou dupes, et qui n’avaient pas la moindre notion de ce que c’est que le tir. COOPER dĂ©montra que des histoires aussi invraisemblables que celle qui est racontĂ©e par NICHOLS, oĂą HICKOCK aurait mis Â« six balles dans un cercle qui n’était pas plus grand qu’un cĹ“ur humain Â» Ă  cinquante yards Â« sans viser avec ses yeux Â», Ă©taient pratiquement Â« impossibles Ă  rĂ©aliser compte tenu des circonstances Â»Ca, c’est sĂ»r ! Quand on a des tireurs sportifs qui font des 100 sur 100 Ă  vingt cinq mètres en Mariette ou en Colt lors des concours, ce sont de sacrĂ©s champions. Et encore, un 100, c’est exceptionnel. Au Mariette, je n’en ai jamais vu faire de mes yeux, mais je sais que ça existe puisqu’on en voit de temps en temps sur les palmarès. GĂ©nĂ©ralement, on trouve plutĂ´t des 97 ou des 98. Et lĂ , c’est Ă  bras franc, dans le calme, et surtout en visant. Et cinquante yards, ça fait un peu moins de quarante six mètres, pas vingt cinq. Quand on connaĂ®t les faibles qualitĂ©s balistiques de la boule de plomb, on peut commencer Ă  rĂ©flĂ©chir sur la prĂ©cision Ă  une telle distance. Un 100 Ă  vingt cinq mètres reprĂ©sente dix coups dans un cercle de six Ă  sept centimètres, et tout ce qui est entre 90 et 100 veut dire qu’il y a des 9, c’est-Ă -dire une zone qui est un tout peu plus grande qu’un cĹ“ur humain. Alors, six coups dans le 9 Ă  quarante cinq mètres sans viser et dans le stress du combat, moi, je voudrais bien le voir ! De tous les tĂ©moignages sur les prouesses de Wild Bill au tir, le plus crĂ©dible est celui de Robert A. KANE, qui Ă©crivit deux articles au dĂ©but du vingtième siècle en donnant des dĂ©tails sur un spectacle qu’il avait vu au dĂ©but des annĂ©es 1870. Tous les tours d’adresse que relata KANE, y compris toucher des briques de la hanche Ă  quinze yards et faire rouler une boĂ®te de conserve de quatre quarts en tirant de chaque main Ă  dix yards, sont possibles et peuvent ĂŞtre rĂ©alisĂ©s par un tireur bien entraĂ®nĂ© au revolver. Aussi important que fut l’article de COOPER, il passa inaperçu des auteurs de scĂ©narios, Ă  une Ă©poque oĂą les Ă©crans de tĂ©lĂ©vision Ă©taient inondĂ©s de westerns. L’auteur se rappelle encore clairement Huge O’BRIEN, incarnant un Wyatt EARP tout propre et rasĂ© de près, disant Ă  l’un de ses compagnons qu’il Ă©tait capable de « caresser Â» le crâne d’un homme Ă  cinquante bons yards avec son Buntline Special, une arme totalement mythique. Ah, oui ! Le Buntline. Ce truc au canon dĂ©mesurĂ©ment long, attribuĂ© Ă  un certain Ned BUNTLINE qu’on ne connaĂ®t pas autrement comme armurier, peut-ĂŞtre Ă©tait-ce un propriĂ©taire, un Ă©crivain ou un metteur en scène de la Belle Epoque, et avec lequel cela doit ĂŞtre pratiquement impossible de tirer correctement d’une main ou autrement qu’avec une crosse rajoutĂ©e. D’autant plus que les traces les plus anciennes qu’on ait d’un Buntline datent de Janvier 1881 sous la forme d’une simple lettre, pas une arme, et que tous les Colt Buntline connus portent des numĂ©ros de sĂ©rie qui les datent de 1907 pour les plus vieux. De tels portraits irrĂ©alistes d’hommes et sur la prĂ©cision de leurs armes, combinĂ©s avec le mythe du « fast draw Â», l’histoire oĂą c’est Ă  celui qui dĂ©gainera le plus vite, un autre mythe issu tout droit de Hollywood, ont donnĂ© une fausse impression de l’Ouest amĂ©ricain Ă  toute une gĂ©nĂ©ration, sinon plus. La confrontation classique de deux adversaires dans la rue d’une ville de l’Ouest fut le produit de l’imagination de scĂ©naristes de Brooklyn. Je lis bien Brooklyn, et pas Hollywood. Or, Brooklyn, c’est Ă  New York sur la cĂ´te Atlantique, et Hollywood c’est Ă  Los Angeles, de l’autre cĂ´tĂ© du continent, sur la cĂ´te Pacifique. L’auteur amĂ©ricain se serait-il trompĂ©, ou alors ma culture cinĂ©matographique serait si pauvre que çà ? Peut-ĂŞtre que les scĂ©narii de l’époque s’écrivaient dans les mansardes des quartiers pauvres et qu’on allait ensuite les jouer sous le soleil de la Californie, pour oublier la tuberculose et les bagarres de rues entre  juifs, Italiens, Irlandais et nègres ? Mais le combat de HICKOCK contre TUTT dans le parc peut très bien avoir donnĂ© naissance Ă  ce mythe. Jeff COOPER nota qu’aucune personne contemporaine de HICKOCK n’avait jamais dĂ©crit quoi que ce soit sur sa manière de dĂ©gainer rapidement, Ă  part le fait qu’il Ă©tait « vite Â». La conclusion de COOPER Ă©tait qu’un bon tireur de l’Ouest au XIXème. siècle avait besoin d’être assez rapide Ă  mettre son arme en action, il devait savoir s’en servir avec prĂ©cision et il devait ĂŞtre animĂ© Ă  la fois de la grâce sous pression et d’une disposition Ă  tuer son adversaire sur-le-champ. Si c’est Jeff COOPER qui dit çà, c’est obligatoirement vrai. Le mec a servi dans l’armĂ©e pendant plusieurs guerres et avec les Forces SpĂ©ciales.Dans le mĂ©tier de tireur, la vitesse de l’éclair et mĂŞme la prĂ©cision du tir ne suffisent pas. Celui qui hĂ©site Ă  l’idĂ©e de tuer un autre ĂŞtre humain est perdu. Au cours de ses rencontres au face Ă  face, James Butler HICKOCK n’a jamais hĂ©sitĂ©. Il Ă©tait vraiment le « Prince des Pistoleros Â». Et un tueur.

Règlement et procédures pour le tir aux canons se chargeant par la bouche

Selon le Muzzleloading Artilleryman

3, Church Street – P.O. box 550 – Winchester, Massachussets 01890

On n’a pas besoin des américains en France, on sait se servir tout seuls des armes tirant à la poudre noire, mais ce petit truc m’a bien amusé quand je l’ai lu. Ca sent la crainte du procès typiquement américain parce que l’artilleur amateur n’aura pas été raisonnable. Comme je ne suis pas un artilleur confirmé mais juste utilisateur occasionnel de petites répliques, les termes techniques pour les accessoires sont susceptibles de s’appeler autrement dans le jargon des spécialistes. Et de toutes façons, les pièces d’artillerie dont se servent les gens qui tirent avec, comme le Parrott 1864 au calibre de 3 pouces ( 76,2 Millimètres ) pour 10 livres et pesant 880 livres ( 399,17 kilos ), ou bien le Tredegar 1863 de 12 livres, ne sont pas courantes en France. Les vrais artilleurs à poudre noire pas vraiment non plus. Mais on ne sait jamais, c’est mieux que de mourir con.

GENERALITES

Les règles suivantes s’appliquent aux équipes d’artilleurs utilisant des pièces fabriquées, ou transformées, selon les standards de sécurité modernes. L’âme du canon doit être faite dans un acier non soudé, d’une épaisseur minimum de ¼ de pouce ( 6,35 millimètres ) et elle doit être capable de supporter une pression de 85 000 PsI
( soit l’équivalent de 38 556 kilos par pouce carré, ou 5 511,19 KGS par CM² ). La culasse doit être vissée et goupillée. Les culasses soudées et goupillées peuvent être d’une résistance égale, mais leur installation relève d’un travail de spécialiste et d’un fabricant compétent. Les âmes sablées ne sont pas recommandées pour le tir. La cheminée doit être usinée de manière à assurer un passage direct à travers la fonte et l’âme en acier.

ZONE DE SECURITE

Etablir une zone de sécurité de 50 pieds ( 15,24 mètres ) entre les spectateurs et le canon. Aucune personne n’est autorisée à se trouver devant la bouche du canon, et à aucun moment de la séance de tir. Seuls les équipiers ou du personnel dûment autorisé et habilité peuvent se trouver dans cette zone, entre le canon et la ligne de spectateurs.

EQUIPEMENT NECESSAIRE

Dix membres au minimum pour l’équipe. Le couvercle de la caisse à munitions ne doit pas s’ouvrir à un angle de plus de 80 degrés. Une brosse à cheminée ou accessoire de nettoyage. Une aiguille à cheminée. Un doigtier. D’épais gants de soudeur. Un sac de cuir à utiliser pour passer les munitions, et un autre sac de cuir pour le matériel d’amorçage. Un fouloir. Une éponge mouillée. Une éponge sèche. Un grattoir. Un seau d’eau. De la poudre d’amorçage. De la mèche ou de la cordelette. Un chronomètre.

PROCEDURE STANDARD A DIX ETAPES :

I ) LE NETTOYAGE DE LA CHEMINEE :

Nettoyer la cheminĂ©e en premier lieu avant tout nettoyage, chargement ou tir, en utilisant l’une des trois mĂ©thodes approuvĂ©es suivantes :

  1. Le gaz comprimé. Utiliser du gaz carbonique, de l’air ou tout autre gaz pour finir de brûler ou éteindre les points chauds. On peut également utiliser des extincteurs ou des bombes d’air comprimé disponibles dans le commerce.
  1. Un écouvillon en bronze de calibre .22, ou toute autre brosse de taille appropriée, vissé sur une tige qui s’adaptera à la cheminée.
  2. L’aiguillette d’amorçage est passée plusieurs fois dans la cheminée, en tournant pour gratter.

II ) LA FERMETURE DE LA CHEMINEE :

Fermer la cheminée en pressant dessus avec le doigt, pendant tout le temps que dure le nettoyage et le chargement de la pièce. C’est-à-dire depuis le moment où le grattoir entre dans la bouche jusqu’au moment où le fouloir ressort après avoir assis le projectile. Utiliser un doigtier en cuir ou d’épais gants en cuir pour protéger le pouce.

III ) LE GRATTAGE :

Utiliser un outil à deux pointes aiguës, reproduisant un grattoir à canon identique à ceux de l’époque. Passer le grattoir deux fois dans le canon, en lui faisant faire deux tours complets à chaque fois au fond de la culasse, pour enlever tous les restes de gargousse, de poudre et pour en raffiner les résidus. Le grattoir doit s’ajuster à l’âme du canon pour que ses pointes enlèvent les résidus facilement.

IV ) LE PASSAGE DE L’EPONGE MOUILLEE :

  1. Passer une éponge mouillée, mais pas trempée, ajustée au calibre, fixée avec un brin de laine sur un cylindre de bois au bout d’un manche qui devra dépasser au moins d’un pied ( 30,48 centimètres ) de la bouche du canon une fois au fond.
  2. Pousser l’éponge contre le fond de la culasse et faire tourner deux fois complètement. Retirer l’éponge à moitié, tourner une nouvelle fois, enfoncer à nouveau l’éponge et tourner à nouveau deux fois.
  3. Enlever l’éponge. Si des résidus de poudre imbrûlés ou de gargousse sont visibles sur l’éponge, répéter entièrement la procédure en commençant par la phase III, c’est-à-dire le grattage.

V ) LE PASSAGE DE L’EPONGE SECHE :

Après le passage de l’éponge mouillée, on suit la même procédure avec une éponge sèche qu’avec l’éponge mouillée. L’éponge sèche est lavée régulièrement et séchée avec un tissu absorbant. Le but de l’éponge sèche est d’enlever l’excès d’humidité dans le canon. S’il reste de l’eau dans le canon, la charge suivante peut laisser des résidus imbrûlés qui deviendront dangereux s’ils sont encore incandescents.

VI ) LA MISE EN PLACE DE LA CHARGE :

  1. La charge de poudre doit être préparée à l’avance. Voir Règle de Sécurité N° 2 plus loin pour la préparation des gargousses. Il ne faut pas introduire la charge de poudre dans le canon avant d’avoir laissé passer une période de trois minutes. Utiliser le chronomètre.
  2. N’ouvrir la caisse à munitions que le temps d’en sortir une gargousse. Il est interdit d’ouvrir la caisse à munitions pendant qu’un autre canon se prépare à tirer ou pendant qu’il tire, et aussi longtemps que celui-ci n’est pas déchargé.
  3. Transporter la gargousse avec la charge de poudre depuis la caisse à munitions, qui sera située à au moins 25 pieds ( 7,62 mètres) derrière le canon, dans un sac de transport en cuir. Placer la gargousse d’une main devant la bouche du canon, en portant les gants de soudeur ou d’ouvrier de fonderie.
  4. Utiliser un fouloir Ă  tĂŞte lĂ©gèrement conique de type « Mississipi Â», pour forcer la main Ă  rester ouverte en cas d’ignition prĂ©maturĂ©e.
  5. Le fouloir doit être marqué de deux repères. Le premier pour indiquer la longueur devant rester hors du canon une fois la charge en place, et l’autre pour indiquer celle qui doit rester une fois le projectile mis en place sur la charge, lorsqu’on tire avec un projectile et pas à blanc.
  6. En portant les gants épais de protection, se tenir sur le côté du canon en restant le plus possible derrière la bouche. Prendre le fouloir de l’autre main, paume vers le haut et pouce ouvert pour pouvoir le lâcher en cas d’ignition prématurée. Pousser la gargousse de l’extérieur dans le canon avec le fouloir, par coups souples et courts, mais francs, sans à-coups pour éviter de broyer les grains de poudre.
  7. Dès que l’on sent que la charge est au fond, retirer la main et le fouloir. Après cinq à dix secondes, on s’assure que la charge est bien au fond, en passant à nouveau le fouloir et en s’aidant des repères sur son manche. Le fouloir se tient d’une main, pouce ouvert. A aucun moment de l’opération, autrement que nécessaire, l’artilleur se tient autre part que sur le côté du canon, et jamais juste devant la bouche.

VII ) LA MISE EN PLACE DU PROJECTILE.

  1. La procédure de mise en place du projectile est identique à celle de la mise en place de la gargousse. Le fouloir est utilisé par coups légers, souples et courts, le pouce ouvert sur le côté, d’une main et paume vers le haut, jusqu’à ce que le repère sur le manche soit visible à sa place.
  2. Comme dans toutes les armes se chargeant par la bouche et pour éviter de faire éclater le canon, il est essentiel de s’assurer qu’il n’y a pas d’espace vide entre la charge de poudre et le projectile au moment où le coup part.
  3. Lorsque le fouloir est retiré, une fois le projectile en place, on peut dégager le pouce de la cheminée.

VIII ) LE PERCAGE DE LA GARGOUSSE :

  1. Pour s’assurer de l’ignition, percer la gargousse contenant la charge de poudre en utilisant une vrille fixée à un manche. La manipulation se fait avec les gants de soudeur.
  2. La vrille ne doit pas être trop longue jusqu’à atteindre le fond de la culasse une fois enfoncée jusqu’au bout, de façon à ne pas former d’espace vide sous la cheminée.

IX ) L’AMORCAGE :

  1. L’amorçage de la cheminée dépend du type d’ignition utilisé. Les amorçages typiques sont la mèche et la poudre d’amorçage, la fusée, le pétard, l’amorce à friction, le .22 à blanc et la capsule à percussion.
  2. Si on utilise de la poudre, l’amorçage s’effectue avec un récipient d’une contenance maximum équivalente au nécessaire pour remplir la cheminée de poudre en granulation FFFg ou FFFFg. L’accessoire d’amorçage à poudre doit avoir une poignée, de sorte que la main de l’artilleur ne se trouve jamais au-dessus de la cheminée lorsque la poudre est versée dedans. Une douille de .38 ou de .45 à laquelle un fil de cuivre torsadé aura été soudé donne de très bons résultats. L’amorçage ne se fera jamais depuis une poire à poudre ou une fiole.
  3. Si on utilise des fusĂ©es ou des pĂ©tards, les artilleurs doivent se rappeler que des rĂ©sidus incandescents peuvent retomber au sol après l’explosion depuis le conduit de cheminĂ©e après le dĂ©part du coup. Attention : la fusĂ©e est souvent source de ratĂ© ou de long feu, qui sont susceptibles de pousser les spectateurs, les enfants, les photographes, ou les animaux de compagnie, Ă  avancer en dehors de la zone de sĂ©curitĂ©.
  4. Les amorçages à friction, les capsules à percussion et les cartouches de .22 à blanc, peuvent aussi former des débris incandescents. Tous les artilleurs de l’équipe doivent porter une protection sur la tête, comme toute sorte de chapeau ou de casquette, et les spectateurs doivent rester à distance de sécurité.

X ) LE TIR :

  1. L’artilleur chargĂ© de faire partir le coup Ă©tait l’homme N° 4 Ă  l’époque de la Guerre de SĂ©cession. Cet homme doit crier Ă  voix haute et distincte Â« PrĂŞt Ă  faire feu ! » ( « Ready to Fire Â» ), pour avertir les autres que le canon est sur le point de tirer et le chef de pièce que l’amorçage est en place. A ce cri, toutes les caisses Ă  munitions doivent immĂ©diatement ĂŞtre fermĂ©es. Le chef de pièce fait une dernière inspection rapide de l’espace en aval du canon pour s’assurer que personne, photographes, enfants, animaux de compagnie, etc…, n’est en danger et commande« Feu ! Â» ( « Fire ! Â» ). On met alors le feu Ă  l’amorce.
  2. La poudre d’amorçage, la fusée et le pétard sont allumés avec une mèche qui est suffisamment longue pour permettre aux canonniers de rester à l’extérieur des roues. La mèche est fabriquée dans une cordelette en coton imprégnée de nitrate de potassium ou d’acétate de plomb pour lui permettre de mieux brûler en se consumant plus lentement.
  3. Si on utilise une cordelette que l’on tire pour faire partir un amorçage à friction ou pour activer une platine à percussion ou des cartouches à blanc, elle devra être assez longue pour permettre aux canonniers de rester à l’extérieur des roues et de la zone du recul.
  4. Démarrer le chronomètre juste après le départ, pour s’assurer que les trois minutes de sécurité soient bien passées avant de recharger.

RATES

Si l’amorce brĂ»le mais le coup ne part pas :

  1. Commander Â« N’avancez pas, il y a ratĂ© Â» ( « Do not advance, the primer has failed Â» ). DĂ©marrer le chronomètre si ce n’est pas encore fait. Attendre trois minutes.
  2. Quand les trois minutes sont passées, s’approcher du canon par l’avant de façon à être à l’abri du recul en cas de long-feu. Se mettre à l’intérieur de la roue en prenant garde à ne pas passer devant la bouche, et travailler en avant de l’essieu. En portant les gants, nettoyer le cheminée avec la vrille, qui ne sera tenue que par le manche. Garder la tête à l’écart de la cheminée.
  3. Lorsque la cheminée est nettoyée, ré-amorcer et recommencer toute la procédure de tir avec tous ses commandements.

Si le canon ne tire toujours pas ou bout de trois essais, chasser la charge de poudre et le projectile avec l’extincteur à CO2, en le faisant fonctionner depuis la cheminée et en les poussant ainsi dehors.

HUIT REGLES DE BASE POUR LA SECURITE

  1. La charge de poudre ne doit pas dépasser 2 onces ( 56,70 grammes ) de poudre en granulation Fg, ou 3 onces de FFA, par pouce de calibre en diamètre.
  2. PrĂ©parer les gargousses Ă  l’avance. Utiliser un sac en plastique dont l’ouverture sera entortillĂ©e et fermĂ©e par un petit nĹ“ud. Fermer le nĹ“ud de façon Ă  ce qu’il reste plein d’espace Ă  l’intĂ©rieur du sac, mais que l’air retenu ne forme pas un ballon. Couper la partie de plastique qui dĂ©passe du nĹ“ud. Envelopper ce sac dans une double couche de feuille d’aluminium. Veiller Ă  ne pas faire Ă©clater le sac. Le sac empĂŞche les granulĂ©s de poudre d’être retenus dans les plis de l’aluminium. L’aluminium utilisĂ© seul laissera souvent des imbrĂ»lĂ©s, que l’on retrouvera dans le canon au moment du grattage. Note : La loi de l’état du Massachusetts obligeaient il y a quelques annĂ©es Ă  utiliser des gargousses qui se consumaient entièrement. Ces lois permettent aujourd’hui d’utiliser l’aluminium. Seules des Ă©quipes de canonniers parfaitement expĂ©rimentĂ©s pourront utiliser des gargousses de sacs en plastique non recouverts de feuille d’aluminium.
  1. Tous les membres de l’équipe de canonniers devront porter une protection des oreilles.
  2. Personne ne doit passer devant la bouche du canon lors de toute la durée des opérations de nettoyage, de chargement et de tir.
  3. La caisse à munitions doit être surveillée à tout moment, ou maintenue fermée. L’intérieur de cette caisse aura été auparavant tapissé d’un matériau ne faisant pas d’étincelles et non sensible à l’électricité statique, comme du bois, du cuivre, du plomb, ou autre, et la caisse elle-même doit être solide, construite dans du bois ou du métal.
  4. Il est interdit de fumer sur tout le pas de tir.
  5. Il est interdit de consommer des boissons alcoolisĂ©es sur tout le pas de tir. Tout artilleur qui montre des signes d’ébriĂ©tĂ© ou les effets d’une autre drogue, doit immĂ©diatement ĂŞtre remplacĂ©.
  6. Les projectiles doivent être fabriqués de manière à passer facilement dans un gabarit au calibre, avec la seule poussée du doigt. La longueur du gabarit au calibre est d’au moins 1,5 fois celle du projectile et son diamètre ne peut dépasser celui de l’intérieur du canon lorsqu’il était neuf.

IL FAUT TOUJOURS LAISSER PASSER TROIS MINUTES ENTRE LE COUP DE FEU ET LA MISE EN PLACE DE LA NOUVELLE CHARGE !

Ce règlement a été élaboré par le magazine The Muzzleloading Artilleryman en 1980 et 1983, écrit et édité par les membres du North-South Skirmish Association en les personnes de Matthew C. SWITLIK, Commandant de la batterie Clark, Bernard KURDT, Commandant du 120ème. Volunteers et Officier de Sécurité des Union and Confederate Volunteers, ainsi que C. Peter JORGENSEN, Artilleur.

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Le bon vieux Springfield 1842

LE BON VIEUX SPRINGFIELD 1842

Traduction d’un article de W. AUSTERMAN paru dans D.G.W. Blackpowder Annual 1986

Demandez Ă  tout groupe de collectionneurs d’armes ou d’historiens quelle fut l’arme qui exerça le plus d’influence sur le cours de la Guerre Civile, et la grande majoritĂ© citera sans aucun doute la carabine Spencer Ă  cause de sa fameuse puissance de feu et son rĂ´le important lors des victoires dĂ©cisives de l’Union comme Gettysburg et Nashville. Quelques-uns uns de ceux qui rĂ©flĂ©chiront un peu plus, ou ceux qui voudront installer la polĂ©mique, ne seront pas d’accord et dĂ©signeront le fatidique petit Deringer de gros calibre de John Wilkes BOOTH comme l’arme qui dĂ©cida de l’issue finale du triomphe de l’Union sur le Sud. Mais on peut Ă©galement avancer qu’il serait mieux de discuter sur une arme conçue pour un conflit plus ancien, dĂ©passĂ©e bien avant les premiers coups de feu qui ont saluĂ© l’aube sur Fort Sumter. Le mousquet Springfield Modèle 1842 n’a sĂ»rement pas tirĂ© les coups de feu qui eurent le plus d’influence dans la bataille. Mais si ces coups n’ont pas dĂ©cidĂ© de l’issue du conflit, il n’y a pas de doute qu’il y ont Ă©tĂ© pour quelque chose sur le long chemin d’agonie que les deux camps suivirent jusqu’à Appomattox. Ce ne fut qu’une autre de ces ironies du sort impliquĂ©es dans une guerre voyant pour la première fois une utilisation intensive de canons rayĂ©s dans l’artillerie et les armes lĂ©gères, de mitrailleuses et d’armes Ă  rĂ©pĂ©tition se chargeant par la culasse, qu’un mousquet Ă  canon lisse ait eu autant d’impact sur le cours de Ă©vènements.

Entre 1843 et 1855, on produisit quelques 275 000 de ces armes Ă  percussion en calibre .69 aux arsenaux de Harper’s Ferry et de Springfield. Une arme d’épaule pour le moins encombrante avec son poids de neuf livres et mesurant presque cinquante huit pouces de long, le modèle 1842 fut la première arme Ă  percussion, et la dernière Ă  canon lisse, produite pour les rĂ©giments d’infanterie de l’U.S. Army. Le modèle 1842 connut le service pendant la Guerre du Mexique, dotant les troupes rĂ©gulières, bien que beaucoup de rĂ©giments de volontaires eussent du se contenter des mousquets Ă  silex du modèle plus ancien. Comme le remarque le Lieutenant Ulysses S. GRANT : Â« L’infanterie sous les ordres du GĂ©nĂ©ral TAYLOR Ă©tait armĂ©e de mousquets Ă  silex et de cartouches en papier chargĂ©es de poudre et de balles ou de chevrotines. A la distance de quelques centaines de yards, un homme pouvait vous tirer dessus toute la journĂ©e sans que vous vous en rendiez compte. Â» L’arme Ă  percussion dĂ©trĂ´na vite le « culbuteur de citrouilles Â» Ă  silex Ă  la fin de la guerre, et le modèle 1842 rendit encore indiffĂ©remment des annĂ©es de service sur la frontière Ă  l’Ouest. Dans une compagnie d’infanterie moyenne, un coup sur six pouvait toucher une cible de la taille d’un homme Ă  cent yards sur le stand Ă  l’entraĂ®nement. En Juillet 1855, le SecrĂ©taire Ă  la DĂ©fense Jefferson DAVIS reconnut l’obsolescence du mousquet et ordonna que l’on fabriquât et distribuât une nouvelle gĂ©nĂ©ration de fusils Ă  canon rayĂ© utilisant la balle conique Minie. Les rĂ©giments de ligne furent enfin Ă©quipĂ©s d’une arme possĂ©dant une vĂ©ritable prĂ©cision Ă  longue distance.

Dans toute la nation, les vieilles armes furent gardĂ©es en stocks de rĂ©serve, Ă  la fois dans les armureries fĂ©dĂ©rales et dans celles d’état. Lorsque Ă©clata la Guerre Civile en Avril 1861, environ 213 000 fusils Modèle 1842 se trouvaient encore sur les râteliers entre le Massachusetts et la Californie. Ce furent les armes longues les plus facilement disponibles lorsque l’on se mit Ă  se tirer dessus de part et d’autre, et dans les premiers mois frĂ©nĂ©tiques de la guerre, les recrues s’estimaient chanceux si on leur attribuait l’un de ces « canon lisse Ă  percussion Â», en comparaison avec les anciens fusils Ă  silex qui Ă©taient Ă©galement distribuĂ©s. Le Nord jouissait d’une supĂ©rioritĂ© Ă©crasante sur le Sud en matière de capacitĂ© industrielle, mais cela allait prendre du temps avant de pouvoir le sentir. Au printemps de 1861, beaucoup de rĂ©giments de l’Union portaient le Modèle 1842 Ă  l’épaule. Parmi eux, on cite des unitĂ©s comme le 3ème. Connecticut, le 9ème. Massachusetts, le 8ème. et le 41ème. New York, et le 4ème. Volontaires d’Infanterie du Michigan. Jusqu’en Juillet 1863, le 12ème. New Jersey fit face aux charges de PICKETT Ă  Gettysburg avec ses Modèles 1842, et tira des volĂ©es foudroyantes de balles et de chevrotines dans les rangs des gris avec des effets significatifs. La situation Ă©tait pratiquement la mĂŞme du cĂ´tĂ© de la ConfĂ©dĂ©ration. Au printemps de 1861, les armureries du Sud comptaient un total de 78 931 Modèles 1842. Sur ce nombre, 1557 ont Ă©tĂ© comptabilisĂ©s comme rayĂ©s et Ă©quipĂ©s d’une hausse rĂ©glable vers 1850.

La grande majoritĂ© des armes d’épaule tirait donc un projectile sphĂ©rique de 414 grains dans un canon lisse, avec une charge de 130 grains de poudre noire. La gigantesque balle faisait de la lumière dans tout ce qu’elle touchait, si elle touchait quelque chose aux distances de combat… En plus des mousquets de Springfield et de Harper’s Ferry, les Rebelles disposaient aussi de versions de l’arme fabriquĂ©es localement. Entre 1852 et 1853, pendant une pĂ©riode oĂą les relations entre l’état et le gouvernement national commençaient dĂ©jĂ  Ă  s’envenimer, l’armurerie Palmetto de Columbia, en Caroline du Sud, produisit 6000 copies du Modèle 1842, très proches de l’original. MalgrĂ© l’importation d’une grande quantitĂ© d’armes depuis l’Europe, et la rĂ©cupĂ©ration de milliers d’autres sur les champs de bataille, la ConfĂ©dĂ©ration continua Ă  doter le Modèle 1842 comme arme d’ordonnance standard. Au fur et Ă  mesure que le temps passait, les Sudistes se rendirent de plus en plus compte qu’ils Ă©taient en dĂ©savantage lorsqu’ils Ă©taient confrontĂ©s aux troupes de l’Union.

Avec Ă  sa tĂŞte le GĂ©nĂ©ral Josiah GORGAS, le DĂ©partement de l’Equipement Militaire de la ConfĂ©dĂ©ration du Sud, le C.S. Ordnance Department, plein d’imagination et de ressources, prit note du problème et essaya de trouver un remède Ă  l’imprĂ©cision du canon lisse. Le Lieutenant-Colonel William LeRoy BROUN, commandant l’arsenal de Richmond Ă  partir de 1863, relate comment les penseurs de l’administration conclurent qu’il serait plus facile de changer le type de munition en dotation, que de rappeler tous les canons lisses et les faire rayer. Â« L’idĂ©e Ă©tait de tirer un projectile allongĂ© composite, fait de plomb et de bois dur, ou de papier-mâchĂ©, avec une tĂŞte en forme de fer de lance et un corps de plomb Â» se rappela BROUN plus tard. Â«  Le corps serait contenu dans un sabot creux en bois ou en papier-mâchĂ©. Â» La nouvelle balle Ă©tait conçue sur de solides bases thĂ©oriques. Â« Au dĂ©part du coup, le matĂ©riau plus lĂ©ger, se dĂ©plaçant plus vite, ferait ressortir la tĂŞte pointue et Ă©liminerait ainsi la traĂ®nĂ©e Â» prĂ©tendait BROUN Â« et le vol de la trajectoire serait le mĂŞme que celui d’une flèche, sans basculer sur le plus petit axe, comme si le centre d’inertie du projectile Ă©tait en avant du centre de rĂ©sistance Ă  l’air. En tous cas, c’était la thĂ©orie du projectile composite conçu pour le vieux mousquet Ă  canon lisse. Â» Ben mon vieux, çà c’est fort. Je connais le centre de gravitĂ©, mais le centre de rĂ©sistance de l’air… Boum, et le petit bout pointu sort de son prĂ©puce, comme sur une bite de chien. Je croyais que des hydrocĂ©phales, il n’y en avait qu’en France, mais je vois qu’il y en avait aussi Ă  l’époque chez ces braves Sudistes ! On Ă©labore une thĂ©orie tellement fantaisiste et tirĂ©e par les cheveux compte tenu d’une Ă©poque oĂą l’aĂ©rodynamique n’était mĂŞme pas encore une science comme elle l’est aujourd’hui, sans parler des complications induites pour la fabrication massive de ces nouvelles balles qui auraient du voler, que les sous-idiots d’en face n’y comprendront rien, et le soldat moyen n’aura qu’à Ă©couter aveuglĂ©ment son chef qui lui rĂ©pĂ©tera bĂŞtement comment que ça marche bien, ces nouveaux trucs qu’on nous donne, maintenant ! Il n’y a pas de traces de production ni de dotation en service de cette balle exotique, mais le concept de base Ă©tait très proche de celui des munitions modernes Ă  sabot utilisĂ©es pour percer les blindages et destinĂ©es aux canons Ă  haute vitesse armant les chars. PrĂ©cis ou pas, le canon lisse vit le feu dans les rangs des gris. L’arsenal d’Augusta, Georgia, contenait 12 380 Modèles 1842 au moment de la sĂ©cession, et beaucoup de rĂ©giments d’état furent dotĂ©s de la vieille arme lorsqu’ils furent rassemblĂ©s pour le service.

Les hommes du 14ème. Georgia Infantry apprirent Ă  manipuler et Ă  tirer en volĂ©es avec les anciennes reliques avant de marcher au combat sous les ordres du GĂ©nĂ©ral Robert E. LEE et sa lĂ©gendaire ArmĂ©e du Northern Virginia. Les GĂ©orgiens suivaient le Colonel R.W. FOLSOM en tant que partie d’une brigade formĂ©e par d’autres rĂ©giments de l’état, au moment oĂą l’armĂ©e de LEE se heurta Ă  une force FĂ©dĂ©rale commandĂ©e par le pompeux GĂ©nĂ©ral John POPE. Par un pluvieux 1er. Septembre de 1862, des Ă©lĂ©ments des deux armĂ©es ennemies se rencontrèrent près du petit hameau de Chantilly en Virginie. Les Rebelles se dĂ©ployèrent devant un petit relief connu sous le nom d’Ox Hill, la Colline du BĹ“uf, et tinrent la ligne contre les tuniques bleues qui attaquaient. Le Brigadier GĂ©nĂ©ral Isaac STEVENS saisit l’étendard d’un rĂ©giment de New York et mena ses hommes Ă  l’assaut. Les Yankees chargèrent en avant Ă  travers une pluie aveuglante, et ils Ă©taient sur le point de percer les positions GĂ©orgiennes quand une volĂ©e brĂ»lante partie de leurs mousquets stoppa net leur avance et laissa STEVENS Ă©tendu dans la boue, avec un trou bĂ©ant dans la tĂŞte. HĂ©ros de la Guerre du Mexique et anciennement gouverneur du Territoire de Washington, STEVENS Ă©tait un personnage populaire dans le Nord, et sa mort horrifia toute la division qu’il commandait durant la bataille de Chantilly.

Les Yankees, secouĂ©s, se retirèrent et se rassemblèrent Ă  distance des ConfĂ©dĂ©rĂ©s, pendant que les renforts arrivaient sur le terrain. La division du Major GĂ©nĂ©ral Philip KEARNY commença Ă  regarnir les rangs, et l’officier impĂ©tueux chercha immĂ©diatement Ă  frapper les Rebelles en retour. KEARNY Ă©tait une sorte de lĂ©gende dans l’ArmĂ©e de l’Union Ă  l’époque. Avocat millionnaire, il avait quittĂ© le barreau pour devenir un soldat professionnel. Cavalier nĂ©, il avait servi comme observateur avec les Français en Afrique du Nord, et perdu un bras au cours d’une action hĂ©roĂŻque pendant la Guerre du Mexique. Le GĂ©nĂ©ral Wilfried SCOTT disait de lui Â« C’était l’homme le plus brave que j’aie jamais connu, et un parfait soldat. Â» Le « parfait soldat Â» Ă©tait courageux Ă  l’extrĂŞme, et ce dĂ©faut le rattrapa sous la pluie sombre ce soir-lĂ  Ă  Ox Hill. Il donna des Ă©perons et fonça vers le front en ordonnant Ă  un rĂ©giment du Massachusetts de le suivre Ă  l’attaque. Les New Englanders pataugèrent en avant dans les restes dĂ©trempĂ©s d’un champ de maĂŻs alors que le crachement du feu jaillit des rangs ConfĂ©dĂ©rĂ©s. Comme les hommes d’infanterie hĂ©sitaient et le prĂ©vinrent qu’il y avait toute une division de dĂ©ployĂ©e dans la forĂŞt juste en face, KEARNY se mit en colère et fonça en avant sur son cheval pour les pousser Ă  le suivre, sinon ils auraient eu honte. On pouvait discerner des silhouettes dans l’ombre pendant que le GĂ©nĂ©ral approchait des bois. Le Simple Soldat L.G. PERRY du 14ème. Georgia faisait partie de ceux qui attendaient en embuscade lorsque le rĂŞche accent New-Yorkais de KEARNY se fit entendre avec cette question impĂ©rieuse Â« Qui est-ce qui vous commande, lĂ  ? Â» Une voix traĂ®nant de GĂ©orgien rĂ©pondit en lui demandant de se rendre. KEARNY fit faire demi-tour Ă  sa monture et lui planta ses Ă©perons dans les flancs. Il se mit debout dans les Ă©triers et se pencha presque horizontalement sur la selle, en lançant son cheval en avant. Le Simple Soldat PERRY leva son Modèle 1842 et laissa le chien retomber sur la capsule. La balle jaillit dans une gerbe de flammes oranges, s’engouffra dans le tube digestif de KEARNY et finit dans l’abdomen. KEARNY Ă©tait mort avant que son corps ne glissât de la selle. Avec deux gĂ©nĂ©raux de perdus et dix pour cent des forces totales de tuĂ©s ou de blessĂ©s, les hommes de l’Union se contentèrent de laisser se finir la bataille toute seule, les deux principales armĂ©es terminant une campagne qui avait dĂ©jĂ  vu une amère dĂ©faite infligĂ©e aux forces de POPE. L’armĂ©e de LEE restait dĂ©fiante, prĂŞte Ă  assĂ©ner un autre coup Ă  l’ennemi, lequel pleurait Ă  prĂ©sent deux personnages populaires Ă  cause des antiques canons lisses portĂ©s par les GĂ©orgiens Ă  Chantilly.

Huit mois plus tard, les Sudistes faisaient face Ă  une nouvelle invasion Nordiste quand le GĂ©nĂ©ral Joseph HOOKER mena l’ArmĂ©e du Potomac de l’autre cĂ´tĂ© de la rivière Rappahannock, dans un vaste mouvement pour capturer Richmond. Son corps d’armĂ©e marchait Ă  travers un sombre enchevĂŞtrement de broussailles et sur d’étroit sentiers sinueux, appelĂ© « La Jungle Â» par les Virginiens. HOOKER ramena son armĂ©e en arc de cercle s’incurvant Ă  l’ouest et au sud, autour d’un village appelĂ© Chancellorsville, pendant que LEE remontait rapidement en marchant le long de la rivière pour le rencontrer. Les ConfĂ©dĂ©rĂ©s alignaient Ă  peine 60 000 hommes et HOOKER 134 000, mais lĂ , le destin Ă©tait avec eux. L’un des corps d’armĂ©e de LEE Ă©tait dirigĂ© par le GĂ©nĂ©ral Thomas J. « Stonewall Â», le « Mur de Pierre Â», JACKSON. L’annĂ©e prĂ©cĂ©dente, il avait vaincu cinq armĂ©es Yankees dans la vallĂ©e du Shenandoah après une marche forcĂ©e, et jetĂ© la panique dans Washington D.C. avant de foncer vers le sud pour rejoindre LEE dans la dĂ©fense victorieuse de Richmond. A prĂ©sent, JACKSON Ă©tait sur le point de couronner le coup de maĂ®tre de sa carrière dĂ©jĂ  lĂ©gendaire. Quelque part au milieu des pins cachĂ©s, Ă  l’ouest des croisements menant Ă  Chancellorsville, il avait un double rendez-vous avec l’immortalitĂ© et le mousquet Modèle 1842. Après une hâtive rĂ©union le soir du 1er. Mai 1863, LEE et JACKSON mirent en action leur plan audacieux pour freiner l’élan de l’avance de HOOKER. Pendant que LEE emmenait avec lui une petite partie de l’armĂ©e de façon Ă  crĂ©er une diversion sur l’avant de HOOKER, JACKSON et 28 000 hommes s’élançaient vers le sud et l’ouest dans une longue marche forcĂ©e qui les amena juste contre le flanc exposĂ© de l’ArmĂ©e de l’Union Ă  la fin de l’après-midi du 2 Mai. Les hommes de JACKSON s’élancèrent dans le crĂ©puscule en hurlant, des Ă©clairs scintillant au bout de leurs fusils tout le long de leur ligne, pour piquer en avant dans les ombres Ă  l’est, comme l’auraient fait des fers de lance. CĂ , si ce n’est pas une charge Ă  la baĂŻonnette dans les lueurs rouges et grises du crĂ©puscule, je m’en mords le chinois. Brandissant au dessus d’eux leurs bannières rouges en lambeaux, ils s’abattirent sur l’ennemi avec un tel Ă©lan que le 11ème. Corps de l’Union fut bientĂ´t transformĂ© en une foule paniquĂ©e. A la tombĂ©e de la nuit, l’armĂ©e de HOOKER s’était repliĂ©e sur elle-mĂŞme comme un canif Ă  moitiĂ© fermĂ©, et les obus de l’artillerie ConfĂ©dĂ©rĂ©e pleuvaient sur son quartier-gĂ©nĂ©ral Ă  Chancellorsville.

JACKSON savait que l’aube pourrait bien rapporter la victoire finale sur l’ennemi, mais il lui fallait d’abord calmer la confusion et la dĂ©sorganisation qui avaient naturellement accompagnĂ© l’assaut de ses troupes. Alors que l’obscuritĂ© s’installait, il fit avec son Ă©tat-major le tour du front pour remettre de l’ordre et donner de nouvelles instructions pour l’action du lendemain matin. JACKSON avait hâte de mettre en place la division de choc du GĂ©nĂ©ral A.P. HILL pour la nouvelle attaque, et il s’élança en avant sur son cheval, cherchant son chemin Ă  travers les lignes pour atteindre son poste de commandement. Il Ă©tait vingt et une heure ce soir-lĂ  et la pleine lune brillait Ă  travers les reflets pourpres des feux et des fumĂ©es de poudre noire, quand JACKSON et ses aides repĂ©rèrent les postes avancĂ©s de l’Union dans la forĂŞt et s’en revinrent pour faire sur leurs chevaux le quart de mile qui les sĂ©parait de leurs propres positions. Les sabots des chevaux frappaient le sol avec un bruit sourd sur la vieille route de planches et, comme les officiers s’approchaient du 18ème North Carolina, on entendit le cliquetis des chiens que l’on amenait en arrière au cran de l’armĂ©. L’infanterie croyait que c’était la cavalerie Yankee qui venait vers eux. Un cri partit pour demander qui c’était, mais la rĂ©ponse se perdit immĂ©diatement dans le vacarme assourdissant de la mousqueterie alors que les armes s’allumaient tout le long de la ligne avant du rĂ©giment. Le Lieutenant George CORBETT de la Compagnie E savait que la volĂ©e tirĂ©e par ses hommes avait touchĂ© de plein fouet ce qui n’était plus maintenant qu’un nĹ“ud de chevaux et d’hommes se dĂ©battant dans l’obscuritĂ© Ă  quelques yards Ă  l’Est. Les baguettes de chargement cliquetaient dĂ©jĂ  dans les canons, brisant le silence qui avait soudain suivi, pendant que les « Tarheels Â», les Talons de Goudron, allusion aux semelles de goudron naturel avec lesquelles Ă©taient faits les croquenots des Sudistes, enfonçaient dĂ©jĂ  une nouvelle charge au fond de leur Modèle 1842 et cherchaient une capsule d’amorçage dans leur giberne. Une artillerie Unioniste Ă©nervĂ©e rĂ©pliqua Ă  la mousqueterie par un feu aveugle qui envoya des shrapnels volant Ă  travers la route, en sifflant mĂ©chamment au milieu de l’illumination de la scène par les Ă©clatements des obus. Lorsque le bombardement s’arrĂŞta, les aides de JACKSON et les soldats frappĂ©s d’horreur s’élançaient en courant, le portant vers un hĂ´pital de campagne. Oh, merde ! On a butĂ© le chef ! Merde, chef ! Mais qu’est-ce qu’on fait maintenant, chef ? On appela le docteur de l’état-major, le Docteur Hunter Mc. GUIRE, qui examina les blessures de JACKSON Ă  la lueur d’une lampe. A trois pouces en dessous de l’épaule gauche, une balle s’était taillĂ©e une tranchĂ©e Ă  travers le bras, y laissant dans son sillage un horrible mĂ©lange d’os Ă©clatĂ©s et de muscles dĂ©chirĂ©s. Plus bas, dans l’avant-bras, une autre balle Ă©tait entrĂ©e près du coude et Ă©tait descendue pour ressortir du cĂ´tĂ© intĂ©rieur du poignet. Un troisième projectile s’était Ă©crasĂ© dans la main droite. Il y Ă©tait encore, au milieu des dĂ©bris d’os. Mc. GUIRE dĂ©coupa la peau et sortit la balle. Il la fit rouler dans la paume de sa main. Â« Un Springfield Ă  canon lisse Â» dit-il tristement Â« Nos propres troupes. Â» La balle de mousquet sonna lugubrement lorsque le chirurgien la jeta sur le plateau. Ce bruit-lĂ  fut le glas qui sonnait sur la ConfĂ©dĂ©ration. JACKSON laissa sur la table d’amputation son bras gauche fracassĂ©, et mourut plus tard d’une pneumonie. Bonjour le minuscule pouvoir de pĂ©nĂ©tration de la grosse balle ronde mais, et hop, encore un manchot ! Quand c’était pas une jambe que les gĂ©nĂ©raux perdaient Ă  la guerre Ă  cette Ă©poque, c’était un bras, parfois la tĂŞte. Et si le mec ne mourait pas de gangrène, juste après il pouvait attraper tellement froid faute de soins, qu’il y laissait la peau lĂ  aussi. Et dire qu’il y a des gens qui trouvent que la guerre, c’est bien…Tout le Sud pleurait pendant que la grande victoire de LEE Ă  Chancellorsville Ă©tait ternie par la perte de son paladin. La guerre continua, et deux mois plus tard, LEE emmena son armĂ©e vers le Nord pour envahir le Pennsylvania dans l’espoir de gagner une victoire dĂ©cisive sur le sol de l’Union et de terminer ainsi le conflit en faveur du Sud. Le vieux corps d’armĂ©e de JACKSON fut attribuĂ© au GĂ©nĂ©ral Richard EWELL, un vĂ©tĂ©ran dĂ©garni qui avait autrefois vu du service sur la frontière avec les dragons au Texas et au Nouveau Mexique. Un an plus tĂ´t, EWELL avait perdu une jambe au combat. Encore un ! Qu’est-ce que je disais ? Au cours de sa convalescence, il avait Ă©pousĂ© une veuve locale. Ces deux expĂ©riences avaient secouĂ© et dĂ©stabilisĂ© le cĂ©libataire quinquagĂ©naire. Ce n’était plus le mĂŞme combattant fonceur que l’armĂ©e avait connu Ă  une Ă©poque. Lors de ses premières actions Ă  Gettysburg, EWELL hĂ©sita avant de lancer une attaque contre les troupes de l’Union dĂ©bordĂ©es et dĂ©sorganisĂ©es qui tenaient Cemetery Hill, la Colline du Cimetière, quel nom bien choisi, puisque tant de jeunes et de moins jeunes y laissèrent, non pas des plumes, mais aussi des bras, des jambes, des pifs, des pafs, des oreilles, des globos, des tĂŞtes, beaucoup la vie tout court. L’assaut tardif ne fut pas lancĂ© avec assez de dĂ©termination, et les tuniques bleues gardèrent le contrĂ´le de la colline, donnant ainsi la bataille au Nord.

Beaucoup d’érudits prĂ©tendent que, si JACKSON avait Ă©tĂ© Ă  la tĂŞte de ces troupes, il n’aurait pas laissĂ© passer l’opportunitĂ© et l’issue de la bataille aurait tournĂ© en faveur du Sud, avec un train d’évènements radicalement diffĂ©rent Ă  influer sur l’histoire de l’AmĂ©rique. Ben tiens. Et si nous, les Sudistes, on avait Ă©tĂ© plus nombreux, vous les Nordistes, vous auriez perdu la guerre de SĂ©cession qui a sèssĂ©sassĂ©sĂ»r. En tout Ă©tat de cause, beaucoup de ces morts au milieu des champs dĂ©vastĂ©s et des vergers dĂ©truits sur Gettysburg provenaient des rangs du 18ème. North Carolina, qui essayait de se racheter de sa bĂ©vue fatale de Chancellorsville. Quand, après Appomattox vingt et un mois plus tard, les derniers drapeaux furent pliĂ©s et rangĂ©s et les mousquets mis au râtelier, un certain Lieutenant CORBETT, hantĂ© par la honte, rentrait chez lui Ă  pied en Caroline du Nord, obsĂ©dĂ© par le bruit d’une terrible volĂ©e qui rĂ©sonnait encore dans sa tĂŞte. Pour JACKSON, STEVENS, KEARNY et des milliers d’autres, le Modèle 1842 avait stoppĂ© net tous leurs espoirs et leur ambition, en une âcre giclĂ©e de fumĂ©e de poudre et l’impact brutal d’une balle ronde en plomb tendre. Ce vĂ©tĂ©ran aguerri qui avait servi sous deux drapeaux rentrait dans l’ombre avec eux. Mais tout en laissant sa place aux armes modernes, rayĂ©es et au chargement par la culasse, le mousquet partagea l’épitaphe que Robert E. LEE fit plus tard sur la ConfĂ©dĂ©ration Â« Nous avons perdu mais, par la grâce de Dieu, une dĂ©faite en apparence se rĂ©vèle souvent ĂŞtre une bĂ©nĂ©diction. Â»

Mousquet U.S. Modèle 1842 Ă  percussion :

Fabriqué aux arsenaux de Springfield et de Harper’s Ferry entre 1844 et 1855 à environ 275 000 exemplaires, dont 172 000 par Springfield. Calibre .69, chargement par la bouche à un coup. Canon de 42 pouces, maintenu par trois bandes. Garnitures en fer. Pièces métalliques finition poli blanc. Baquette de chargement en acier, à tête tulipée. Tenon de baïonnette sous la bouche du canon. Crosse en noyer en dos de cochon. Platine marquée de l’aigle américain, au dessus d’U.S., devant le chien. Derrière le chien, marquée soit SPRING/FIELD/(date) ou HARPERS/FERRY/(date). Culasse marquée V/P/(tête d’aigle), parfois les initiales de l’inspecteur sont visibles. Cartouche de l’inspecteur estampillé sur le côté gauche de la crosse, de l’autre côté de la platine. Première génération de mousquet conçue aux arsenaux nationaux pour le système d’amorçage à percussion, le modèle présente d’importantes distinctions. Dernière arme U.S. à canon lisse, au calibre de .69, et première arme U.S. faite à la fois aux arsenaux de Springfield et de Harper’s Ferry avec toutes les pièces interchangeables. A part la forme de la platine, le mousquet U.S. Modèle 1842 est quasiment identique à son prédécesseur à silex, le mousquet Modèle 1840. Les spécimen qui portent les dates d’avant la Guerre du Mexique de 1847 tendent à bénéficier d’une petite plus-value. Cote de 700,00 $ à 2 250,00 $.

Mousquet U.S. Modèle 1842, canon rayĂ© :

Transformation par rayure du canon, effectuée aux arsenaux de Springfield et de Harper’s Ferry entre 1856 et 1859 à 14 182 exemplaires au total. Même arme que le Modèle 1842, à l’exception des rayures. Un peu moins de 10 000 exemplaires furent équipés avec des organes de visée pour le tir à longue distance, les 4 182 autres n’en ayant pas. Cotes de 800,00 $ à 2 500,00 $.

Sous influence

Marche forcée dans le brouillard de l’opium

Traduction d’un article de James STREET paru dans D.G.W. Blackpowder Annual 1990

Le 21 Novembre 1864, le GĂ©nĂ©ral ConfĂ©dĂ©rĂ© John Bell HOOD sortait Ă  cheval de Florence, Alabama, Ă  la tĂŞte de son ArmĂ©e du Tennessee. Bien que dans une grande souffrance physique, il avait gardĂ© le commandement de ses forces pour se rendre Ă  Nashville, la capitale de l’état du Tennessee. C’est lĂ  que HOOD se proposait d’écraser les troupes FĂ©dĂ©rales qui Ă©taient concentrĂ©es sous l’œil sĂ©vère du Major General Gorges Henry THOMAS, dit le « Rocher de Chickamauga Â», et d’inverser ainsi le cours de la Guerre Civile amĂ©ricaine Ă  l’Ouest. Huit jours plus tard, HOOD, attachĂ© Ă  son cheval, son bras gauche n’étant plus qu’un souvenir inutile de la bataille de Gettysburg, sa jambe droite manquante depuis la bataille de Chickamauga, merde alors, ça commence bien, les gĂ©nĂ©raux se sont dĂ©jĂ  transformĂ©s en robocops super durs après avoir perdu des morceaux Ă  travers le pays, leurs hommes qui avaient fait de mĂŞme prĂ©fĂ©rant ĂŞtre dĂ©mobilisĂ©s, s’approchait du village de Spring Hill, Tennessee, Ă  environ trente miles au sud de Nashville. Comme il l’écrivit dans ses mĂ©moires plus tard, HOOD avait l’intention d’exĂ©cuter lĂ  Â« la meilleure opĂ©ration de ma carrière de soldat Â», en isolant et en dĂ©truisant l’ArmĂ©e de l’Ohio du Major General John Mc. Allister SCHOFIELD qui battait en retraite, avant qu’il pĂ»t rejoindre THOMAS. Mais tout Ă  coup, on aurait dit que HOOD avait laissĂ© tomber son plan. Au lieu d’attaquer les FĂ©dĂ©rĂ©s qui marchaient pĂ©niblement le long de la Columbia Pike vers Spring Hill, HOOD, dont le credo Ă©tait l’attaque, lança une sĂ©rie d’ordres flous et se mit au lit pour le reste de la nuit. Les FĂ©dĂ©rĂ©s passèrent et atteignirent la ville toute proche de Franklin, un peu plus au nord, intacts. LĂ , ils occupèrent des positions solides. HOOD les attaqua le lendemain et ses hommes furent massacrĂ©s.

Après la campagne, le GĂ©orgien John W. TALLEY Ă©crivit au prĂ©sident ConfĂ©dĂ©rĂ© Jefferson DAVIS qu’il avait entendu des soldats dire Â« qu’au moins une fois, ils avaient vu la plupart des officiers supĂ©rieurs, depuis le GĂ©nĂ©ral HOOD jusqu’à plus bas, en Ă©tat d’ébriĂ©tĂ© avancĂ©e. Â» Il y a fort peu de chances que HOOD ait Ă©tĂ© ivre Ă  Spring Hill, parce que ce n’était pas un gros buveur notoire. Il est plus probable qu’il ait Ă©tĂ© sous l’influence d’opiacĂ©es. Personne ne peut dĂ©terminer avec certitude Ă  quel point l’usage de la drogue affecta les performances des militaires pendant la Guerre Civile. Mais une chose est sĂ»re : si HOOD Ă©tait dĂ©pendant des attĂ©nuateurs de douleur, il n’était pas le seul Ă  prendre des drogues. L’opium et l’alcool, dans leurs formes les plus diverses, Ă©taient très prisĂ©s auprès des soldats et des officiers, et pas toujours pour des raisons mĂ©dicales. On se rendit vite compte que le fait de boire de l’alcool Ă©tait un problème rĂ©el chez les militaires. On utilisait très largement les boissons alcoolisĂ©es dans les armĂ©es de l’Union et de la ConfĂ©dĂ©ration, souvent comme mĂ©dicaments, mais le plus souvent Ă  l’excès. Donc chez nous, nos anciens paras d’Indochine ou d’AlgĂ©rie, ou les anciens de l’Infanterie de Marine qui piquetaient sec quand ils sont rentrĂ©s, je veux dire ce qu’il en reste, c’est pas nouveau. Quoique maintenant, on a la relève, il y a ceux qui ont « fait Â» le Tchad, le Liban, la Guerre du Golfe, plus rĂ©cemment le Kosovo, et puis les nouveaux, ceux qui auront Ă©tĂ© en Afghanistan. Mais ceux qui ont fait les campagnes plus rĂ©centes connaissent plus le chite ou la ganjah, avec leur sipsi ou leur chillom, que le bon vieux whisky ou la bière qui transforment le ventre en « Ĺ“uf colonial Â». Et les Russes qui sont rentrĂ©s d’Afghanistan Ă©taient souvent « accros Â» Ă  l’hĂ©ro, tout comme leurs petits copains AmĂ©ricains quelques annĂ©es plus tĂ´t après un tour d’opĂ©rations au Vietnam. Sauf que lĂ , c’était autre chose, ils Ă©taient un peu comme des blessĂ©s de guerre, certains de leurs copains avaient eu des balles dans le corps ou des mines dans les pattes, eux ils avaient eu droit au poison que leur passaient leurs ennemis pour les diminuer. A la guerre, presque tous les coups foireux sont permis. Et il n’y a aucun doute que l’alcool reprĂ©sentait un problème pour les autoritĂ©s, parce que l’ivresse Ă©mousse la discipline des soldats. Pour les officiers, l’ivresse pouvait coĂ»ter des vies humaines et des victoires. Mais il est presque impossible de dire après-coup si un officier Ă©tait alcoolique ou pas, sauf s’il l’avouait. Un officier naval FĂ©dĂ©rĂ© exprima cependant l’opinion gĂ©nĂ©rale en disant qu’il Â« y a trois grands ennemis dans notre armĂ©e et notre marine… le premier c’est le whisky, le deuxième c’est le whisky, et le troisième c’est le whisky. Â» Le ministère de la guerre ConfĂ©dĂ©rĂ© avait une opinion similaire. Il donna des ordres en 1862 pour que tous les chefs suppriment l’ivresse par tous les moyens dont ils disposaient.

MalgrĂ© la dĂ©sapprobation officielle, les menaces et les ordres, les soldats et les officiers qui buvaient continuèrent Ă  le faire, beaucoup Ă  leur propre dĂ©triment. Au moins dix sept gĂ©nĂ©raux FĂ©dĂ©rĂ©s et dix ConfĂ©dĂ©rĂ©s terminèrent leur carrière Ă  cause de la façon dont ils gĂ©raient leur soif d’alcool. Boire de l’alcool Ă©tait considĂ©rĂ© comme « viril Â» et les gros buveurs n’étaient pas rares, mais on criait honte Ă  l’officier qui ne tenait pas l’alcool s’il buvait. MĂŞme après que le Lieutenant General Ulysses Simpson GRANT prĂ®t le commandement de toutes les armĂ©es FĂ©dĂ©rales, avant de devenir un jour PrĂ©sident des Etats-Unis, sa rĂ©putation de petit buveur l’empĂŞcha de se faire complètement accepter comme un gentleman par certains de ces confrères officiers. Le Major General Joseph HOOKER de l’Union, commandant l’ArmĂ©e du Potomac de Janvier Ă  Juin 1863, n’eut pas le succès de GRANT ni sa popularitĂ© pour diluer les effets de sa propre rĂ©putation de dĂ©bauchĂ© et de buveur. Il mourut querelleur, vieux avant l’heure, se souvenant amèrement des griefs qu’il avait contre ses anciens officiers. Charles Francis ADAMS, le fils de l’ambassadeur du PrĂ©sident Abraham LINCOLN Ă  la Cour Britannique de Saint-James, critiqua l’érection de la statue Ă©questre du HOOKER juste devant l’immeuble du State House, espèce de Conseil RĂ©gional, Ă  Boston, Massachusetts. Longtemps après la guerre, le vĂ©tĂ©ran de la Guerre Civile ADAMS fut sĂ©vère sur HOOKER dans son autobiographie : Â« Heureux d’avoir vu le jour au Massachusetts, il n’était Ă  peine plus, en 1861 et Ă  partir de cette date, qu’un militaire de West Point devenu aventurier soulard…en 1863…le quartier gĂ©nĂ©ral de l’ArmĂ©e du Potomac Ă©tait un endroit oĂą aucun homme qui se respectait n’aimait aller, et oĂą aucune femme dĂ©cente ne pouvait aller. C’était un mĂ©lange de bar et de bordel. Â» Il y avait les mĂŞmes histoires dans le haut commandement ConfĂ©dĂ©rĂ©. Le Major General Benjamin Franklin GREATHAM fut accusĂ© par le General Braxton BRAGG d’avoir Ă©tĂ© ivre lors de la bataille de Stones River, Tennessee, qui eut lieu du 31 DĂ©cembre 1862 au 2 Janvier 1863, et par le General HOOD lors de la manĹ“uvre de Novembre 1864 Ă  Spring Hill, Tennessee. Aucun des deux commandants ne donna de suite Ă  l’affaire, et les accusations ne furent jamais prouvĂ©es. BRAGG, connu comme un homme qui ne buvait jamais d’alcool, releva de leurs fonctions le Major General George B. CRITTENDEN et le Brigadier General William Henry CARROLL, juste avant la bataille de Shiloh, Tennessee en Avril 1862. BRAGG Ă©numĂ©rait la liste des fautes de CARROLL en citant Â« l’ivresse, l’incompĂ©tence et la nĂ©gligence. Â» On autorisa les gĂ©nĂ©raux Ă  dĂ©missionner parce que, dans chaque camp, on prĂ©fĂ©rait traiter les vices des officiers par un voile de silence. C’est seulement quand on ne pouvait plus passer outre Ă  leur intoxication, que les officiers Ă©taient punis publiquement. On vit un exemple flagrant de cette intoxication en service le 30 Juillet 1864, lors du siège de Petersburg, Virginia. Deux commandants de division FĂ©dĂ©rĂ©s, le Brigadier General James Hewett LEDLIE et le Brigadier General Edward FERRERO, manquèrent d’exploiter une percĂ©e dans les lignes ConfĂ©dĂ©rĂ©es alors qu’on venait de faire sauter une galerie remplie de poudre. PlutĂ´t que de mener leurs hommes Ă  travers le fameux « Cratère Â», les gĂ©nĂ©raux se terrèrent derrière leurs lignes, s’apitoyant sur leur sort autour d’une bouteille de rhum. Pendant que LEDLIE et FERRERO buvaient, leurs hommes sans chefs furent encerclĂ©s dans le « Cratère Â» et on dĂ©nombra plus de 3 800 pertes. A travers la rĂ©volte publique qui suivit, les deux furent officiellement blâmĂ©s. LEDLIE fut autorisĂ© Ă  dĂ©missionner. FERRERO, commandant la seule division de soldats noirs dans l’ArmĂ©e du Potomac, fut Ă©galement dĂ©clarĂ© coupable mais il ne fut pas puni. Au lieu de cela, on le nomma au grade de Major General en DĂ©cembre 1864.

Il n’est pas surprenant que l’usage et l’abus d’alcool fut tant rĂ©pandu Ă  la fois dans l’armĂ©e du Nord et celle du Sud. On trouvait facilement de l’alcool, sous toutes ses formes. Mais l’opium, rarement mentionnĂ© dans la littĂ©rature non mĂ©dicale ou les rapports de la Guerre Civile, Ă©tait Ă©galement facile Ă  trouver, que ce soit Ă  l’état pur ou sous forme de ses multiples concoctions dĂ©rivĂ©es : le laudanum, le parĂ©gorique, la morphine et plusieurs mĂ©dicaments connus. Les opiacĂ©s Ă©taient vendus librement et lĂ©galement par les marchands de tous les jours, et utilisĂ©s par quiconque voulait se soulager de telle ou telle des plaies majeures qui affligeaient l’humanitĂ©. Sauf pour la connerie humaine. LĂ , ça ne marche pas. Ca n’a jamais marchĂ©. On devient juste droguĂ© accro. Contre cette plaie-lĂ , le seul remède, c’est la balle dans la tĂŞte, autant avant la came qu’après. Et, au XIXème. siècle, il y avait peu de prĂ©jugĂ©s Ă  l’usage des opiacĂ©s. En tous cas, il est certain qu’il n’y avait pas l’équivalent du mĂŞme sentiment que nous Ă©prouvons de nos jours contre leur utilisation. On a utilisĂ© l’opium depuis très longtemps, environ 6000 ans. C’était un composant important dans les mĂ©dicaments Grecs, Romains et Arabes.

La source de l’opium, le pavot, Papaver Somniferum, Ă©tait cultivĂ© principalement dans les pays en dĂ©veloppement. J’ai prĂ©fĂ©rĂ© « pays en dĂ©veloppement Â» parce que c’est ce qu’ils sont devenus aujourd’hui, ou plutĂ´t ce qu’il en reste. L’auteur Ă©crit « dans les pays de civilisation naissante Â», ce qui n’est pas vraiment juste si l’on parle de l’Orient ou bien de l’Asie, lesquels ont connu leurs multiples civilisations bien Ă  eux, Scythe, Egyptienne, Hittite, Perse, Indoue, Khmère ou Chinoise, pour ne citer qu’elles, bien des lustres avant que n’existât le pays de ces prĂ©tentieux d’amerloques modernes. Son pouvoir de soulager la douleur Ă©tait, et il est toujours, sa plus grande contribution Ă  la mĂ©decine. Essayez d’imaginer la chirurgie moderne sans les opiacĂ©s. L’opium Ă©tait aussi prisĂ© pour sa capacitĂ© d’influencer l’humeur et de provoquer l’euphorie. Pendant la Guerre Civile, il permettait au soldat qui s’était fait amputer de prendre de la distance avec la douleur rĂ©siduelle d’une plaie ulcĂ©reuse ou purulente causĂ©e par le pilon, et de jouir d’un certain soulagement qui pouvait hâter sa sortie d’hĂ´pital. Au XIXème. siècle, il n’existait pas d’analgĂ©sique non narcotique avant l’introduction de l’aspirine en 1899. On se servait des opiacĂ©s pour traiter les maux de tĂŞte, les maux de dents, la goutte, les crampes menstruelles, n’importe quelles douleurs ou maux qui sont traitĂ©s aujourd’hui avec de l’aspirine ou d’autres analgĂ©siques. Au dĂ©but de la Guerre Civile, il y eut probablement quelque forme d’opium dans l’armoire Ă  pharmacie de la plupart des foyers. Dans « La MaĂ®tresse de la Plantation Â», une Ă©tude de 1982 sur la vie de la femme dans le Sud d’avant la guerre, l’auteur Catherine CLINTON Ă©crit qu’elle trouva des remèdes domestiques, contenant tous de l’opium, contre beaucoup de maladies courantes. Elle observe : Â« On utilisait le laudanum très couramment pendant toute la pĂ©riode prĂ©cĂ©dant la Guerre Civile, prescrit par frĂ©quences nĂ©fastes pour les « maux de bonne femme Â»â€¦ Contrairement Ă  l’image du vingtième siècle, le profil du dix-neuvième siècle indique que les toxicomanes se trouvaient, de façon disproportionnĂ©e, dans les hautes couches de la sociĂ©tĂ© du Sud, de couleur blanche et de sexe fĂ©minin. Les femmes de la famille de Jefferson DAVIS, suivie par un docteur très libĂ©ral dans ses dosages, devinrent dangereusement dĂ©pendantes. Â» Mais la plupart des gens qui utilisaient les opiacĂ©s ne devenaient pas des toxicomanes. Mary Boykin CHESTNUT, une figure notoire de la sociĂ©tĂ© ConfĂ©dĂ©rĂ©e, raconta en Juillet 1861 dans son journal Ă  Richmond, Virginia, comment elle refusa de prendre du laudanum, une teinture d’opium mĂ©langĂ© avec de l’alcool et de l’eau. Â« Je n’ai pas l’intention de me droguer maintenant Â» dit-elle. Â« Ma tĂŞte est suffisamment confuse telle qu’elle est, et mon cĹ“ur bat Ă  en jaillir de mon corps Ă  chaque bruit. Â» Plus tard, en 1865, Madame CHESTNUT fut rĂ©fugiĂ©e Ă  Lincolnton, North Carolina. LĂ , on lui donna un jour par accident une surdose de poudre de Dover, un mĂ©lange d’opium et d’ipecac. Elle en dormit pendant deux jours et deux nuits. Comme le docteur lui fit remarquer qu’elle Ă©tait dure Ă  tuer, Madame CHESTNUT rĂ©pliqua Â« Peut-ĂŞtre ai-je Ă©tĂ© sauvĂ©e par ce frelatage dont je me suis si souvent plainte, de tous les mĂ©dicaments ConfĂ©dĂ©rĂ©s. Â» Une fois appelĂ©s sous les drapeaux, les docteurs qui utilisaient largement des opiacĂ©s sur leurs clients civils, continuaient Ă  les utiliser librement sur leurs patients militaires. William H. TAYLOR Ă©tait aide-mĂ©decin dans l’ArmĂ©e ConfĂ©dĂ©rĂ©e de la Virginie du Nord, une organisation connue pour ses marches rapides. Après la guerre, il Ă©crivit qu’il avait simplifiĂ© les motifs de se porter pâle pendant la marche, Ă  une unique question de base :« Comment vont vos tripes ? Â» Sous-entendu, est-ce que vous chiez normalement ? Si elles Ă©taient ouvertes, sous-entendu, si le mec avait la chiasse, j’administrais un bouchon d’opium. Si elles Ă©taient fermĂ©es, je leur donnais une boule de masse bleue, un mĂ©lange composite et instable de mercure. Â» Du mercure ! Du poison pour donner la courante au constipĂ©. Comme la chiasse du typographe qui manie trop de plomb. Les remèdes de l’époque donnaient donc d’autres maladies comme le saturnisme ou le cancer mais, de toute façon, le soldat Ă©tait destinĂ© Ă  prendre du plomb dans le buffet Ă  beaucoup plus courte Ă©chĂ©ance alors, mĂ©taux lourds pour mĂ©taux lourds, du plomb ou du mercure, c’est du kif. Un mĂ©decin FĂ©dĂ©rĂ© trouva une mĂ©thode encore plus rapide pour traiter ceux qui se faisaient porter pâles. Il administrait son diagnostic et son traitement depuis son cheval, distribuant de la morphine en poudre en la versant dans sa main et en la faisant lĂ©cher par le patient. InjectĂ©e par la seringue hypodermique, tout nouvellement inventĂ©e, la morphine Ă©tait la forme prĂ©fĂ©rĂ©e d’opium pour traiter les blessĂ©s. Et bien que les seringues fussent rares, mĂŞme dans les armĂ©es les mieux Ă©quipĂ©es, on distribua 29828 onces de sulfate de morphine aux soldats de l’Union. Ce chiffre semble insignifiant comparĂ© Ă  aux presque 10 millions de pilules d’opium et aux 2,841 millions d’onces d’autres opiacĂ©s qui furent administrĂ©s par les autoritĂ©s mĂ©dicales FĂ©dĂ©rales jusqu’en 1865.

Bien qu’il ne fĂ»t pas douĂ© d’autant d’ubiquitĂ© du cĂ´tĂ© ConfĂ©dĂ©rĂ©, l’opium se trouva en quantitĂ©s raisonnables jusqu’à la fin de la guerre, grâce aux infirmeries capturĂ©es et aux contrebandes passant Ă  travers le blocus naval avec lequel les FĂ©dĂ©rĂ©s avaient fermĂ© les ports du Sud. Les opiacĂ©s furent utilisĂ©s Ă  profusion pour traiter les maladies, mais c’est en soulageant les douleurs des blessĂ©s et en chirurgie qu’ils furent le plus efficaces. Le dĂ©sir de ce soulagement fit que beaucoup de soldats devinrent des toxicomanes, car la douleur persistait encore longtemps après le traitement mĂ©dical Ă  cette Ă©poque-lĂ . Et après la guerre, il Ă©tait facile de trouver des anciens combattants qui souffrirent l’agonie toute leur vie Ă  cause de blessures de guerre ou de maladies qu’ils avaient contractĂ©es pendant la guerre. Dans son livre « Paradis Obscur : La DĂ©pendance Ă  l’Opium en AmĂ©rique avant 1940 Â», David COURTWRIGHT cite une Ă©tude de 1868 intitulĂ©e « L’Habitude de l’Opium, avec des Suggestions pour le Remède Â» : Â« Des survivants de centaines de champs de bataille, mutilĂ©s et brisĂ©s, des soldats malades et rendus infirmes par leur sĂ©jour dans des prisons hostiles, des femmes et des mères devenues anxieuses et sans espoir Ă  cause de la mort de ceux qu’elles aimaient, ont souvent trouvĂ© dans l’opium un soulagement temporaire Ă  leurs douleurs. Â» Pendant le Guerre Civile, autant le mĂ©decin de l’armĂ©e Ă©tait-il une source pour se procurer de l’alcool Ă  des fins non mĂ©dicinales, autant il Ă©tait, ou ses adjoints, une source pratique pour se procurer des opiacĂ©s, et pas seulement pour les petits chineurs, mais aussi pour des officiers de haut rang. Si un gĂ©nĂ©ral voulait des pilules d’opium, quel Ă©tait le mĂ©decin qui lui aurait refusĂ© le soulagement qu’il recherchait, quand d’un autre cĂ´tĂ© il prescrivait le mĂ©dicament de toutes façons ? Tout ce qu’un mĂ©decin avait Ă  faire pour satisfaire une telle demande, c’était de se tourner vers son armoire Ă  pharmacie, ou alors le patient pouvait se servir lui-mĂŞme dans le stock libre qui s’alignait sur les Ă©tagères de l’infirmerie de l’unitĂ©. Le Dr. Charles Beneulyn JOHNSON, mettant par Ă©crit les rĂ©miniscences des jours oĂą il avait servi comme adjoint dans le service mĂ©dical d’un rĂ©giment de l’Union, dĂ©crivait le contenu des armoires Ă  pharmacie. Â« En campagne, nos stocks se limitaient nĂ©cessairement aux remèdes standards. Â» Il se rappelle Â« parmi lesquels on pourrait citer l’opium, la morphine, la poudre de Dover, la quinine, la rhubarbe, les sels de Rochelle, les sels d’Epsom, l’huile de castor, le sucre de plomb, le tannin, le sulfate de cuivre, le sulfate de zinc, le camphre, la teinture de fer, la teinture opii, le camphorata, le sirop de squills, le simple sirop, l’alcool, le whiskey, le brandy, le porto, le sherry, etc. Lorsque nous installions un camp oĂą il Ă©tait prĂ©vu de rester plusieurs jours, ces articles Ă©taient dĂ©ballĂ©s et posĂ©s sur des Ă©tagères provisoires faites de couvercles de caisses. D’un autre cĂ´tĂ©, lorsque arrivait l’ordre de marcher, les mĂ©dicaments Ă©taient Ă  nouveau rangĂ©s dans des caisses, les bouteilles emballĂ©es avec du papier, etc. Â» JOHNSON continuait Â« Presque tous les mĂ©dicaments se trouvaient sous forme de poudre ou en liquide. Les cachets n’étaient pas encore en usage, et les pilules Ă©taient loin d’être aussi nombreuses qu’aujourd’hui… Â» Le docteur notait Â«â€¦l’une des rares pilules que nous avions en stocks…était composĂ©e de deux grains de camphre et d’un grain d’opium. L’asafetida, la valĂ©riane et l’opium ou ses dĂ©rivĂ©s Ă©taient pratiquement tout ce que nous avions pour supprimer la nervositĂ© et provoquer le sommeil. Â»

Parmi les aphorismes que l’on attribue Ă  cet extraordinaire ConfĂ©dĂ©rĂ©, mais Ă  peine lettrĂ©, que fut le Lieutenant General Nathan Bedford FORREST, l’un dit Â« La Guerre veut dire combattre, et combattre veut dire tuer. Â» Tous les gĂ©nĂ©raux de la Guerre Civile n’avaient pas une telle approche d’amalgame entre la guerre et la violence. Beaucoup prĂ©fĂ©raient essayer tous les moyens de dĂ©faire l’ennemi sans combattre. Ceux-lĂ  furent souvent les mĂŞmes gĂ©nĂ©raux qui n’arrivaient pas Ă  contrĂ´ler le dĂ©sir naturel de leurs hommes Ă  rester oĂą ils Ă©taient, aussi longtemps qu’ils Ă©taient saufs. L’historien T. Harry WILLIAMS appela ce phĂ©nomène Â« l’inertie de la guerre Â», ce moment oĂą Â« l’armĂ©e du gĂ©nĂ©ral commence Ă  rĂ©sister… lorsque toute l’inertie de la guerre en arrive Ă  se stabiliser sur place, et que seule l’étincelle de son propre but et son esprit arrivera Ă  la relancer en avant… un chef doit avoir dans sa trousse de secours une force mentale et un pouvoir moral qui lui permettra de maĂ®triser quel que soit l’évĂ©nement ou la crise qui puisse survenir sur le champ de bataille. Â» Mais, les gĂ©nĂ©raux inertes de cette guerre Ă©taient-ils fondamentalement de mauvais chefs, ou bien est-ce qu’il y avait d’autres raisons de leurs glissades dans la faiblesse ? Lorsqu’il fit la liste de toutes les qualitĂ©s qu’il estimait nĂ©cessaires Ă  un bon gĂ©nĂ©ral, le MarĂ©chal Maurice de SAXE, grand esprit militaire de France du XVIIIème. siècle, prĂ©senta les classiques comme le courage, l’intelligence, etc. Puis il ajouta la santĂ©.

Il n’est pas certain que l’issue de la Guerre Civile eĂ»t Ă©tĂ© diffĂ©rente si tous les gĂ©nĂ©raux avaient Ă©tĂ© en bonne santĂ©. Mais le fait est qu’ils ne l’étaient pas, et peut-ĂŞtre beaucoup de leurs comportements erratiques et lĂ©thargiques tĂ©moignent-ils de leur frĂŞle santĂ©, et de l’utilisation de l’opium, cette panacĂ©e que beaucoup de docteurs prescrivirent Ă  tout bout de champ. Bon d’accord, ils Ă©taient peut-ĂŞtre malades jusqu’à se doper Ă  la chnoufe, mais ce n’étaient quand-mĂŞme pas des petites natures ces mecs, faut avoir de sacrĂ©es couilles pour mener la charge avec un bras qui pend et une jambe qui manque, comme ce HOOD Sudiste, attachĂ© sur son cheval avec ce moignon de merde qui devait lui faire un mal de chien Ă  chaque mouvement, et sur un cheval au galop ça bouge, fonçant en avant sabre au clair Ă  travers les balles adverses.

La santé de Braxton BRAGG aurait du l’exclure de toute considération pour un commandement sur le terrain. En 1861, lorsque le premier coup de feu fut tiré à Fort Sumter, près de Charleston, South Carolina, BRAGG avait déjà développé toute une longue liste de maladies chroniques, incluant la malaria, la dyspepsie, c’est-à-dire une mauvaise digestion, et des furoncles. Sa femme et ses amis savaient que, plus la pression était grande, plus il se plaignait, et plus il était enclin à avoir des furoncles, des maux de tête et d’autres maladies douloureuses. Son comportement en tant que chef de l’Armée Confédérée du Tennessee fut aussi mystérieux pour ses contemporains qu’il l’est encore aujourd’hui pour les historiens. Et le penchant de BRAGG pour tourner le dos à la victoire au dernier moment, quittant la bataille alors qu’il avait tous les atouts en main, fut à l’origine d’une histoire disant que, lorsqu’il mourut, il alla au paradis, et alors qu’il s’approchait des portes du paradis, elles s’ouvrirent, puis BRAGG battit en retraite. Certains critiques et historiens attribuent les échecs de BRAGG à la stupidité, l’incompétence et la lâcheté. Mais il est possible que ses erreurs aient été le résultat de sa santé et du niveau rudimentaire, voire primitif, de la médecine pendant cette guerre. Le comportement de BRAGG trahissait l’usage d’opiacés. Sur le terrain, il semblait se retirer au fur et à mesure que se développait la bataille, et perdre le sens de l’endroit où il se trouvait. Il se montra incapable d’adapter ses plans à des situations qui changeaient sur le champ de bataille.

Mais BRAGG n’était sĂ»rement pas un idiot, comme le prouve sa rapiditĂ© Ă  se dĂ©placer en Septembre 1862, du Tennessee vers le Kentucky, pour arracher l’Etat Ă  l’Herbe Bleue au Major General de l’Union Don Carlos BUELL. Ce n’était pas un lâche, comme le montraient ses Ă©tats de service durant la Guerre du Mexique et lors de la bataille de Shiloh. Mais, lorsqu’il fut promu Ă  un commandement supĂ©rieur, BRAGG devint plus distant avec ses hommes, Ă©vitant tout commandement actif au cours de la bataille. Son comportement pourrait bien avoir rĂ©sultĂ© d’une santĂ© prĂ©caire, et de l’utilisation d’opiacĂ©s. BRAGG peut très bien avoir cru au contenu tout Ă  fait infondĂ© de son propre tĂ©lĂ©gramme du 31 DĂ©cembre 1862 au PrĂ©sident ConfĂ©dĂ©rĂ© Jefferson DAVIS, selon lequel il avait gagnĂ© la bataille de Stone’s River dès le premier jour. L’euphorie provoquĂ©e par l’opium peut avoir produit cet effet, lui faisant croire lui-mĂŞme que ce qu’il avait dĂ©sespĂ©rĂ©ment voulu Ă©tait devenu vrai. L’euphorie peut avoir poussĂ© BRAGG Ă  se retirer de devant les troupes de BUELL après avoir fait prisonnier toute la garnison FĂ©dĂ©rale de Munfordville, Kentucky, en Septembre 1862 et en capturant Frankfort, la capitale d’état. Cette mĂŞme euphorie peut lui avoir fait hâter son dĂ©part vers Richmond avant la bataille de Perryville, Kentucky, en Octobre 1862, disant que son armĂ©e avait rejoint celle du Major General Edmund Kirby SMITH, alors que les forces de SMITH Ă©taient encore Ă  plus de cent miles. Les visions faussĂ©es qu’avait BRAGG du succès et sa paranoĂŻa Ă  l’égard de ses officiers après chaque dĂ©faite, pourraient avoir Ă©tĂ© les fruits de son suivi mĂ©dical. Le galant John Bell HOOD, agressif, vigoureux et efficace dans l’ArmĂ©e de Virginie, devint la victime de ses dĂ©lires après avoir Ă©tĂ© Ă©branlĂ© par une sĂ©rie de blessures. Il laissa ses plus beaux attributs et sa raison sur la table d’opĂ©ration du chirurgien. La douleur du moignon sur sa jambe droite devait lui faire un mal horrible quand il chevauchait attachĂ© Ă  sa selle. Les trĂ©pidations et les rebonds, le frottement abrasif de la chair Ă  peine cicatrisĂ©e contre le tissu rĂŞche du pansement ou d’un tampon n’auraient pas pu ĂŞtre endurĂ©s sans quelque sorte d’analgĂ©sique. Un opiacĂ© Ă©tait le mĂ©dicament standard. La drogue aurait fait dormir HOOD Ă  Spring Hill, pendant que les FĂ©dĂ©rĂ©s s’échappaient du piège qu’il leur avait tendu. La douleur Ă©tait un fardeau terrible Ă  endurer pour HOOD, mais HOOD fut encore pire Ă  endurer pour l’ArmĂ©e du Tennessee.

L’attirance qu’avait le Major General de l’Union Joseph « Fighting Joe Â», Joe le Battant, HOOKER pour les liquides spiritueux et les femmes sous spiritueux Ă©tait de notoriĂ©tĂ© publique Ă  l’époque oĂą il menait l’ArmĂ©e du Potomac vers la bataille Ă  Chancellorsville, Virginia, en May 1863. Si HOOKER Ă©tait vraiment un alcoolique, et s’il respectait son serment de ne pas boire pendant qu’il commandait, il est fort probable qu’il Ă©tait sous opiacĂ©s pour l’aider contre le manque, les opiacĂ©s Ă©tant Ă  cette Ă©poque couramment utilisĂ©s pour traiter le delirium tremens. Ce scĂ©nario mĂ©dical pourrait expliquer ses pauvres performances sur le champ de bataille. Ou alors, c’est qu’il y en avait un autre. Le plan de HOOKER pour la bataille de Chancellorsville Ă©tait excellent. Ce sont ses qualitĂ©s de chef qui firent dĂ©faut au fur et Ă  mesure qu’il tomba dans la lĂ©thargie. Le gĂ©nĂ©ral admettait la chose lui-mĂŞme. Et puis, le 3 Mai, HOOKER dit qu’il avait Ă©tĂ© heurtĂ© Ă  la tĂŞte par une colonne cassĂ©e par un tir de canon, alors qu’il se tenait sous le porche d’une maison. Il prĂ©tendait qu’il avait très mal. Maman j’ai très bobo ! J’ai besoin d’un fix ! Vite, il m’en faut un !  Le mĂ©decin de l’ArmĂ©e du Potomac, le Docteur Johnathan LETTERMAN, confirma plus tard que HOOKER avait eu très mal, mais ne dĂ©crivit pas la nature de la blessure, ni l’amplitude de la douleur, ni si l’on avait administrĂ© de l’alcool ou de la morphine. Mais le comportement de HOOKER pour le restant de cette journĂ©e-lĂ  indique qu’on a pu lui faire prendre un mĂ©dicament « toxique Â», car il dĂ©laissa le commandement de son armĂ©e et s’en fut dormir dans sa tente. Pris sous doses plus faibles que du whisky, l’opium est un somnifère efficace.

Les trois gĂ©nĂ©raux dont il a Ă©tĂ© question ici ne furent pas les seuls Ă  faire preuve de comportement radicalement diffĂ©rents durant la bataille, des changements qui pourraient trahir l’ingestion d’alcool ou d’opium. BRAGG, HOOD et HOOKER n’étaient que de simples exemples de haut rang. Les opiacĂ©s peuvent avoir jouĂ© sur la timiditĂ© du Lieutenant General ConfĂ©dĂ©rĂ© Richard Stoddert EWELL, qui se prĂ©cipita courageusement dans Gettysburg en juillet 1863, attachĂ© Ă  son cheval avec une jambe en moins, et poursuivant les FĂ©dĂ©rĂ©s en les chassant hors de la ville, mais qui tomba ensuite dans l’inertie. Et que dire de l’ennemi de BRAGG, BUELL, qui s’assit derrière ses lignes pendant toute la bataille de Perryville en Octobre 1862, après ĂŞtre tombĂ© de cheval ? Il y en a encore d’autres. Il ne faut pas en conclure que tous les chefs militaires de la Guerre Civile Ă©taient des alcooliques ou des droguĂ©s. Ulysses S. GRANT Ă©tait sĂ»rement connu pour ĂŞtre un buveur Ă  deux mains, mais l’alcool ne l’empĂŞcha pas de remporter des victoires. Une autre observation importante au sujet de GRANT, c’est qu’il n’eut jamais besoin des services d’un mĂ©decin Ă  cause d’une santĂ© prĂ©caire. Rien que cet Ă©tat de fait peut avoir Ă©tĂ© une bĂ©nĂ©diction pour l’Union. A cause de l’état des arts mĂ©dicinaux et de la science pendant la Guerre Civile, quelques officiers, faiblement Ă©tayĂ©s par l’alcool ou les opiacĂ©s, arrivèrent Ă  garder des positions de grandes responsabilitĂ©s mĂŞme en Ă©tant inaptes Ă  tout service militaire. D’autres furent retenus après avoir souffert de blessures ou contractĂ© des maladies qui avaient diminuĂ© leurs capacitĂ©s, alors qu’ils auraient du ĂŞtre dĂ©mobilisĂ©s ou affectĂ©s Ă  des rĂ´les non combattants. Mais au lieu de cela, l’histoire est parfois faite d’hommes qui ne virent leur champ de bataille qu’à travers les nuages de la dĂ©fonce.

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Le Remington « rolling block » militaire

Traduction d’un article de George J LAYMAN paru dans D.G.W. Blackpowder Annual 1988

« D’une simplicitĂ©, d’une robustesse, d’une durabilitĂ© et d’une rapiditĂ© de feu inĂ©galĂ©es… Plus de 1 600 000 du cĂ©lèbre fusil Remington ont Ă©tĂ© vendus Â» Ces mots sont tirĂ©s du catalogue d’armes Remington de 1902.

Des déclarations aussi vantardes que celle-là, faites en tant que publicité pour le fusil militaire Remington Rolling Block modèle 1897 qui venait de sortir, rappelait au monde que cette célèbre famille d’armes à feu n’était toujours pas près d’être mise à la retraite.

Le Springfield Trapdoor, le fusil Sharps et presque toutes les autres armes d’épaule militaires à un coup étaient tous, il est vrai, condamnés à l’obsolescence pour le tournant du siècle. Mais le fusil à chargement par la culasse conçu par Joseph RIDER et inspiré de Leonard GEIGER n’était, lui, pourtant pas encore considéré comme dépassé. Jusqu’à 1900, pas moins de vingt-cinq nations avaient, soit adopté, soit commandé, d’innombrables quantités de Remington Rolling Block pour leurs forces armées ou garde nationale ou civile. Jusqu’à une époque aussi tardive que la Première Guerre Mondiale, le gouvernement Français avait commandé plusieurs milliers du fusil Remington Rolling Block pour poudre sans fumée en calibre 8 millimètres, et dans cette deuxième décade du vingtième siècle, ils combattaient aux côtés des Browning Automatic Rifle et d’autres armes contemporaines de l’époque.

Au moins quatre pays avaient obtenu des droits de fabrication pour produire l’arme dans leurs propres arsenaux. A la fin de la Première Guerre Mondiale, plus de 2 000 000 de ces fusils Ă  bloc roulant existaient, produits soit par Remington ou par d’autres nations outre Atlantique.

Mais les temps n’avaient cependant pas toujours été fastes pour la Remington Arms Company, car la compagnie avait presque sombré dans l’oubli juste avant que le système du bloc roulant grimpât vers la gloire. En 1865, Remington fit l’expérience d’un baisse d’affaires due à la saturation en matière d’armes juste après la Guerre Civile, tout comme pratiquement la totalité de ses concurrents. Après avoir vendu plusieurs milliers de ses excellents revolvers à percussion au Gouvernement Fédéral, Remington se retrouva brusquement en compétition avec le gouvernement des Etats Unis, pour le marché des surplus d’armes et de munition à la fin de la guerre. Les institutions militaires n’avait plus besoin maintenant de ces vastes quantités d’armes d’ordonnance qu’elles avaient en trop. Il fallait quelque chose de révolutionnaire pour satisfaire le nouveau marché sophistiqué de l’armement d’ordonnance américain.

L’usine d’Oliver WINCHESTER à New Haven, état du Connecticut, avait innové avec B. Tyler HENRY, sous la forme de la Winchester modèle 1866 en fusil et en carabine. C’est ce qui mit le concurrent direct du fusil Henry à l’époque de la guerre, la Spencer Repeating Arms Company, sur le chemin de la catastrophe financière. Le pain et le beurre de Remington étaient à ce moment-là les revolvers à percussion modèles New Army et Navy, qui avaient été ponctuellement livrés au gouvernement. Son concurrent le plus sérieux, la Colt Patent Firearms Company, qui avait commencé elle aussi comme fabricant de revolvers, était déjà en train d’améliorer ses armes de poing à percussion en les transformant pour tirer des cartouches métalliques.

Vers la fin de 1863, Remington donna des instructions à Joseph RIDER de Newark, Ohio, pour qu’il reprît un système d’arme d’épaule à un coup qui lui avait été proposé à l’origine par Leonard GEIGER de New York. Joseph RIDER fut donc le concepteur du fusil Remington Rolling Block. Le premier brevet du nouveau système fut déposé en 1868. RIDER naquit en 1817 et mourut en 1901. Il était originaire de Newark, Ohio. Le résultat final des travaux de RIDER deviendrait la pain béni de Remington, en donnant au public l’occasion d’acquérir une arme extraordinaire.

Bien que RIDER commençât déjà à travailler sur le système original GEIGER vers la fin de 1863, l’arme ne fut pas produite avant le début de 1865, quand les hostilités entre le Nord et le Sud furent sur le point de s’achever. Connue sous le nom de carabine Remington Split Breech, soit à bloc pivotant, ce précurseur du bloc tournant fut immédiatement achetée par le gouvernement, mais arriva trop tard en service pour voir le combat. Bien que l’arme fût chambrée pour la cartouche relativement moyenne à percussion annulaire Spencer en calibre .56, RIDER savait que son système de bloc pivotant laissait beaucoup à désirer en matière de solidité. Il eut tôt fait d’améliorer le système, en remplaçant le bloc d’origine se séparant en deux, par un autre beaucoup plus robuste.

La carabine Remington Ă  bloc pivotant de RIDER

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Croquis original du brevet de Leonard GEIGER du 27.01.1862

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RIDER le prĂ©senta Ă  l’inspection chez Remington vers la fin de 1865, et il devint le système Number One, c’est-Ă -dire NumĂ©ro Un. ProfondĂ©ment confiant, Remington fut persuadĂ© que le fusil avec son nouveau système de bloc roulant serait un coup au but immĂ©diat dans les forces des Etats Unis. MalgrĂ© les arguments plutĂ´t convaincants de la compagnie que le nouveau fusil serait le bon choix pour convertir les milliers de mousquets Ă  chargement par la bouche en calibre .58 disponibles dans les inventaires du gouvernement, le Ministère de la Guerre, ou War Department, avait dĂ©jĂ  d’autres idĂ©es en tĂŞte. Après avoir Ă©tĂ© choisi lors des essais d’armes Ă  chargement par la culasse de 1865, le système dit « Trapdoor Â» conçu par F.S. ALLIN chez Springfield Armory Ă©tait parti pour devenir la nouvelle arme de service de l’Army. En dĂ©pit du fait que l’arme de Remington possĂ©dait une système plus simple, supĂ©rieur, l’Army se cantonna dans son choix « maison Â». Le Rolling Block ne fut achetĂ© qu’en quantitĂ©s limitĂ©es pour les tests et les Ă©valuations.

Le brevet de Joseph RIDER renouvelé le 31.12.1872

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Jamais découragés ni lents à la détente, les frères REMINGTON ouvrirent intrépidement un marché nouveau et lucratif de l’autre côté de l’Atlantique ! Si l’habileté au commerce fut jamais un facteur de succès en matière d’affaires, ce fut bien là la clé de l’ascension du Remington Rolling Block vers la gloire. En Février 1866, les frères étaient prêts à lancer une tournée de démonstration du bloc roulant en Europe. Entre eux, ils décidèrent que celui qui serait le plus capable et le plus convaincant de toute la famille, serait Samuel. Samuel REMINGTON était un gentilhomme poli, sociable et à l’esprit vif, dont la qualité exceptionnelle était qu’il pouvait être parfaitement à l’aise, aussi bien avec les gens les plus frustes qu’avec le prince le plus impérial. Cette qualité s’avérera être le secret du volume des ventes du Rolling Block. En été 1866, Sam s’embarqua pour l’Europe, emportant avec lui des fusils et des carabines à bloc roulant. Au fur et à mesure qu’il voyageait à travers le continent, les observateurs militaires de tous les pays apportèrent une attention toute particulière à ces armes. A elle toute seule, l’Europe était sur la brèche pour l’adoption d’une arme à chargement par la culasse de bonne conception. Aidées par la personnalité extravertie et vive de Sam, les présentations firent que le système à bloc roulant devint incroyablement populaire auprès de beaucoup de hauts dignitaires Européens. Lors de l’Exposition Impériale de Paris en 1867, à la surprise de Samuel REMINGTON lui-même, la Haute Commission de l’Armement, sous la présidence du Maréchal de France CANROBERT et les experts en armes d’ordonnance de Belgique, d’Autriche, de Suède, d’Espagne et de l’Italie, accordèrent la Médaille d’Argent de l’exposition au système Remington Rolling Block !

Peu de temps après, Sam prit la première grosse commande de sa compagnie de la part d’un client EuropĂ©en, le Danemark. Ce pays commanda 42 000 fusils et carabines pour ses forces armĂ©es et, en travaillant ensemble, Remington et les autoritĂ©s d’ordonnance danoises dĂ©veloppèrent la cartouche de 11,7 X 51 MM dite aussi « Remington Danois Â». Il s’agissait d’une cartouche Ă  percussion annulaire utilisant une balle de 380 Grains poussĂ©e par 50 Grains de poudre noire Fg. En 1871, le Danemark avait obtenu les droits de fabrication pour produire le Rolling Block Ă  son propre arsenal de Copenhagen, et avait modifiĂ© la cartouche en percussion centrale. Le Rolling Block fut utilisĂ© par les Danois comme arme militaire de première ligne jusqu’en 1884, oĂą elle fut remplacĂ©e par une arme Ă  rĂ©pĂ©tition. En 1868, la Suède commanda 40 000 fusils, Ă  livrer sur une pĂ©riode de deux ans. Son voisin la Norvège suivit peu de temps après. La cartouche qui fut dĂ©veloppĂ©e pour ces deux pays scandinaves fut la 12,11 MM dite « Remington NorvĂ©gien/SuĂ©dois Â», dont la longueur n’était qu’un tout petit peu plus courte que la cartouche de .50/70 Govt. des Etats Unis. Comme par rĂ©action en chaĂ®ne, Samuel REMINGTON prenait des commandes partout oĂą il s’arrĂŞtait. Et sur le chemin du retour, la Marine des Etats Unis, la cĂ©lèbre United States Navy, dĂ©jĂ  satisfaite de ses pistolets Rolling Block qu’elle avait achetĂ©s en 1866, commanda 5 000 carabines Ă  la fin de 1868. En 1870, la Navy commanda 12 000 fusils « Ă  deux bandes Â» en .50/70 Govt., qui furent distribuĂ©s au Marine Corps et furent les premières armes d’épaule militaires tirant Ă  cartouche utilisĂ©es par les Etats Unis lors d’un conflit Ă  l’étranger. En 1871, le navire USS « COLORADO Â» et une petite flottille de vapeurs jeta l’ancre sur la cĂ´te CorĂ©enne, près de l’île de Kanghwa Do. Quand les nĂ©gociations pour ouvrir les portes du royaume ermite CorĂ©en s’envenimèrent, une altercation s’ensuivit et dĂ©gĂ©nĂ©ra en une sĂ©vère fusillade. Les fusiliers marins de la Navy se retrouvèrent infĂ©rieurs en nombre mais, après plusieurs jours d’accrochages, les forces CorĂ©ennes furent maĂ®trisĂ©es et le bastion de l’île fut pris. La fiabilitĂ© et le tir rapide du Remington Rolling Block avaient assurĂ© aux U.S. leur première victoire en terre Ă©trangère. En termes de chiffres purs dans les achats de Remington Rolling Block, l’Espagne remporta la première place des premiers clients en grande quantitĂ©. En 1866, les Espagnols achetèrent 10 000 conversions du fusil Ă  chargement par la bouche en calibre .58. Parfaitement satisfaite après l’évaluation du nouveau système, l’Espagne commanda 85 000 fusils et 10 000 carabines en 1869, dans le calibre 11,5 X 58 MM dit « Remington Espagnol Â». Ce calibre de 11 MM, alias .43 Espagnol, avait Ă©tĂ© conçu spĂ©cialement pour ĂŞtre le nouveau calibre rĂ©glementaire de l’Espagne, et il servit aux cĂ´tĂ©s de son homologue local, dit .43 Reformado, pendant plus de vingt-cinq ans. La fin officielle de son service fut l’annĂ©e 1898. Au dĂ©but de 1870, l’Espagne obtint les droits pour la fabrication du Rolling Block Ă  Oviedo, et il y Ă©tait encore fabriquĂ© dans les annĂ©es 1930 pour le marchĂ© civil espagnol.

Au cours des dĂ©monstrations de Samuel REMINGTON Ă  la fin des annĂ©es 1860, l’Egypte se montra fort intĂ©ressĂ©e par l’acquisition d’une arme Ă  chargement par la culasse pour son armĂ©e. Après voir envoyĂ© une commission Ă  l’Exposition ImpĂ©riale de Paris de 1867 pour se renseigner sur le Remington Rolling Block, le KhĂ©dive d’Egypte, IsmaĂ«l PACHA, invita Sam au Caire pour une Ă©valuation officielle. Les forces armĂ©es Ă©gyptiennes Ă©taient en cours de rĂ©-organisation par l’ancien GĂ©nĂ©ral ConfĂ©dĂ©rĂ© STONE et, après que leur utilisation du Remington Rolling Block eĂ»t Ă©tĂ© homologuĂ©e en 1869, le KhĂ©dive estimait qu’il Ă©tait impĂ©ratif pour lui d’en prendre livraison le plus vite possible. Dans l’esprit de faciliter une expĂ©dition rapide de 60 000 fusils et carabines, le dirigeant Egyptien offrit Ă  REMINGTON une parcelle de terrain dans le quartier le plus chic du Caire. Incapable de refuser sans offenser le KhĂ©dive, Samuel accepta et y fit construire une riche rĂ©sidence. Il ne l’utilisa toutefois qu’occasionnellement, et l’endroit servit aux Britanniques jusque dans les annĂ©es 1950, comme rĂ©sidence pour leurs personnalitĂ©s basĂ©es en Egypte. Les fusils Ă©gyptiens furent, tout comme leurs prĂ©dĂ©cesseurs des contrats europĂ©ens, chambrĂ©s pour une autre de ces cartouches Ă  percussion centrale dĂ©veloppĂ©es par Remington. Le 11 X 50 R MM dit « Remington Egyptien Â» ou .43 Egyptien, Ă©tait constituĂ© d’une balle calepinĂ©e en papier de 400 Grains, sur une charge de 75 Grains de poudre noire FFg. Elle donnait suffisamment de pouvoir d’arrĂŞt et de stabilitĂ© pour une utilisation dans les vents violents du dĂ©sert du Sahara. Mais la commande initiale de 60 000 fusils et carabines n’arriva jamais au Caire.

Juste avant le dĂ©but de la guerre Franco-Prussienne en 1870, la France envoya des acheteurs Ă  travers le monde pour se procurer des armes de tous types. La France Ă©tait en train de reconstruire et de moderniser frĂ©nĂ©tiquement ses forces, essentiellement armĂ©es de l’inefficace fusil Chassepot. D’une manière ou d’une autre, les acheteurs arrivèrent Ă  convaincre le gouvernement Egyptien qu’ils avaient besoin d’obtenir la toute nouvelle commande de Rolling Blocks, et les Egyptiens rĂ©silièrent d’eux-mĂŞmes le contrat qu’ils avaient conclu avec Remington. Le lot complet de fusils fut dĂ©tournĂ© vers Paris. En 1870-71, la France fit Ă  son tour une commande Ă  Remington, pour 130 000 fusils Rolling Block supplĂ©mentaires, mais elle dut les accepter en .43 Espagnol. MalgrĂ© ses fusils Rolling Block, son armĂ©e Ă©quipĂ©e de bric et de broc ne se dĂ©brouilla pas trop bien pendant la guerre Franco-Prussienne, et elle dut cĂ©der une grande partie de son territoire Ă  l’Allemagne. Mais, malgrĂ© ses pertes, la France, satisfaite de ses Remington Rolling Blocks, commanda 145 000 autres de ces fusils Ă  chargement par la culasse en 1874, sous le modèle « Garde Civile Â», et chambrĂ©s pour la nouvelle cartouche d’ordonnance en 11 MM Gras. Cette version arma les forces coloniales au Maroc, en AlgĂ©rie, et dans d’autres parties du monde.

En 1875, l’Egypte, après avoir passĂ© une nouvelle commande de 90 000 fusils Rolling Blocks, reçut finalement la quantitĂ© totale et les utilisa tout au long de la moitiĂ© du XIXe. siècle. Beaucoup des Rolling Block Egyptiens furent donnĂ©s au Soudan, et une quantitĂ© d’entre eux, dans les mains des Soudanais de Mahdi, les « fuzzy wuzzys Â», ou « foufous crĂ©pus Â», eut une part de responsabilitĂ© dans la dĂ©faite du GĂ©nĂ©ral Britannique Charles GORDON dit « le Chinois Â», lors du siège hĂ©roĂŻque de Khartoum en 1885.

Bien que le Danemark, l’Espagne, la France et l’Egypte fussent parmi les plus grands acheteurs de Remington, après 1873 beaucoup d’autres pays se portèrent acquĂ©reurs du « meilleur fusil militaire de son temps Â». En 1874, Les Etats Pontificaux commandèrent un nombre aujourd’hui inconnu de ces fusils pour armer les Gardes Suisses du Vatican, chambrĂ©s dans leur propre calibre 12,7 X 45 R MM dit « Remington Pontificio Â». Cette cartouche Ă  percussion centrale Ă©tait inhabituelle dans le fait que certaines Ă©taient fabriquĂ©es en papier et d’autres en cuivre, et que le bourrelet Ă©tait une pièce sĂ©parĂ©e attachĂ©e Ă  la douille. Entre 1871 et 1874, la Chine acheta 144 000 fusils, et en 1876, le Mexique fit sa deuxième acquisition de 4 000 armes avant de passer d’autres commandes. Le Rolling Block Ă©tait tellement populaire au Mexique que, mĂŞme bien après ses heures de gloire dans les annĂ©es 1870, beaucoup de ces vieux Remington Ă  poudre noire chevauchaient avec les soldados de Pancho VILLA en 1916. Le chambrage des Remington Rolling Block en .43 Espagnol concernait les trois-quarts des ventes de ce fusil entre 1870 et 1890, avec pratiquement toute l’AmĂ©rique Centrale et l’AmĂ©rique du Sud utilisant ce calibre.

Les seules exceptions furent le BrĂ©sil, qui commanda ses fusils en 11 MM « BrĂ©silien Comblain Â», et quelques autres pays d’AmĂ©rique Latine qui passèrent commande pour des armes rayĂ©es dans leur propres calibres. De toute Ă©vidence, beaucoup de clients militaires du Rolling Block ne voulaient pas de l’équipement standard des versions de production du Remington. C’était vrai Ă©galement pour les Etats Unis. Remington avait finalement rĂ©ussi Ă  convaincre au moins une partie de l’autoritĂ© militaire des Etats Unis que son Rolling Block Ă©tait un bon fusil de première ligne. En 1872, New York acheta un lot de fusils pour sa milice d’état, et demanda que ces armes chambrĂ©es en .50/70 fussent Ă©quipĂ©es d’un deuxième verrou de sĂ»retĂ©. Le Colonel George W. WINGATE dĂ©crivit le mieux ce mĂ©canisme dans son livre “Manual for Rifle Practice” Ă©crit en 1875 : Â« Le chien est disposĂ© de façon Ă  opĂ©rer en connexion avec un deuxième verrou, construit de manière Ă  permettre au chien de passer assez loin sous le bloc de culasse pour mettre celui-ci en sĂ©curitĂ© dès qu’il est fermĂ©. Dans cette position, le verrou secondaire est engagĂ© avec le cran du demi-armĂ©, et l’arme ne peut pas tirer sans que le chien soit armĂ© Ă  nouveau. Â» Ceci n’état pas une nouveautĂ© chez Remington, puisque le Rolling Block modèle 1871 de l’U.S. Army, fabriquĂ© chez Springfield Armory avait Ă©tĂ© construit avec un « système de sĂ©curitĂ© Â». On en sait pas si les armes produites Ă  Springfield l’ont Ă©tĂ© sous contrat avec Remington ou pas. Ce fusil ne fut cependant que l’un des concurrents aux essais des armes Ă  chargement par la culasse de 1872, et seules 10 000 de ces armes furent construites.

Vers les annĂ©es 1890, la fin de l’ère de la poudre noire approchait Ă  grands pas. En 1896, Remington sortit une version modernisĂ©e de son Rolling Block, le Fusil Militaire Modèle NumĂ©ro Cinq « Sans FumĂ©e Â», dit Modèle 1897. Ce fusil se vendit bien, malgrĂ© le fait que plusieurs fusils militaires Ă  rĂ©pĂ©tition tirant de la poudre sans fumĂ©e fussent dĂ©jĂ  en usage Ă  l’époque. La publicitĂ© de Remington elle-mĂŞme le dit peut-ĂŞtre mieux que n’importe autre dĂ©claration : Â«  Ces armes ont Ă©tĂ© produites pour satisfaire un besoin urgent de fusils Ă  grande puissance construits autour du système simple de Remington, que les armĂ©es connaissent si bien et pour qui les fusils compliquĂ©s Ă  chargeur ont Ă©tĂ© une source constante de problèmes et de dangers. Â» Une autre considĂ©ration importante dans la transition entre la poudre noire et la poudre sans fumĂ©e pour les autoritĂ©s militaires du monde entier, Ă©tait le prix. Un exemple : L’Allemagne prĂ©sentait ses divers modèles de fusils Ă  rĂ©pĂ©tition avec la culasse Mauser Ă  un prix standard de 35,00 $. Beaucoup de pays, particulièrement en AmĂ©rique Latine, ne pouvaient pas se permettre de payer ce prix, spĂ©cialement s’ils devaient rĂ©-armer leur force militaire toute entière. Les Remington Rolling Block modèles 1897 et 1902 Ă©taient listĂ©s Ă  20,00 $ pour le fusil et 18,00 $ pour la carabine, et ces prix Ă©taient souvent rĂ©duits jusqu’à 50 % pour les contrats militaires ! Après avoir fini le lot de 50 000 fusils chambrĂ©s en 8 MM Lebel qui avaient Ă©tĂ© commandĂ©s par la France de 1915 Ă  1916 pendant la Première Guerre Mondiale, la section « Rolling Block Â» de l’usine d’Ilion, dans l’état de New York, dĂ©monta et dĂ©mĂ©nagea tous ses outillages et Ă©quipements. Seul resta en fabrication le Fusil de Sport Modèle NumĂ©ro Quatre jusqu’en 1934, quand la production s’arrĂŞta pour lui aussi. L’utilitĂ© pratique du Remington Rolling Block militaire en tant qu’arme de combat efficace a depuis longtemps disparu. Sa dernière performance dans les mains d’une puissance militaire a Ă©tĂ© contre l’Espagne lors de la Guerre de 1898. Mais, entre 1961 et 1965, au dĂ©but de la Guerre du Vietnam, on a vu quelques Rolling Blocks dans les mains du Viet Cong. Ces fusils, chambrĂ©s pour la cartouche de 7,62 MM Russian, avaient probablement Ă©tĂ© donnĂ©s aux Nord-Vietnamiens par la Russie dans les annĂ©es 1950, et provenaient de surplus achetĂ©s par le gouvernement du Tsar Ă  Remington en 1915. Aujourd’hui, beaucoup de tireurs aux armes anciennes utilisent des fusils Remington Rolling Block et semblent vouloir continuer Ă  le faire pour les prochaines annĂ©es Ă  venir. Pendant plus d’un siècle, cette arme vĂ©nĂ©rable est restĂ©e, sans aucun doute, Â« Le Meilleur Choix du Monde ! Â»

Pour les Français, on retient : Premier contrat en 1870, 130 000 en .43 Espagnol ; Contrat Egyptien commandĂ© en 1869 et piquĂ© en 1871 : 60 000 en .43 Egyptien ; Deuxième contrat de 1871 Ă  1874 : 145 000 en 11 MM Gras ; Troisième contrat en 1915 : 50 000 en 8 MM Lebel. Soit un total de 385 000 fusils au moins sur une estimation de 2 000 000, ou près de 20 % de la production totale. Et nos acheteurs n’ont mĂŞme pas eu Ă  donner un morceau de terrain Ă  l’oncle Sam comme les Egyptiens, juste une montagne de pĂ©pètes pour des armes qui ne nous ont servi Ă  rien de bien Ă  l’époque… Derrière, la Chine avec 144 000 de 1871 Ă  1874, puis l’Espagne avec 95 000 en 1869 et l’Egypte avec 90 000 en 1875.

LA MORT DE « CHEVEUX JAUNES »

Traduction d’un article de Tom E. O’NEIL paru dans D.G.W. Blackpowder Annual 1993

C’était le 27 Juin 1876. La brume du petit matin se dissipait alors que les soldats du GĂ©nĂ©ral Alfred TERRY arrivaient dans la vallĂ©e de la rivière Little Big Horn. A cet endroit, deux jours plus tĂ´t, Georges Armstrong CUSTER ainsi que deux cent dix hommes de son bien-aimĂ© 7ème. U.S. Cavalry et sous son commandement, avaient rencontrĂ© leur destin. Au fur et Ă  mesure que les hommes de TERRY avançaient sur le champ de bataille, ils dĂ©couvraient des corps horriblement mutilĂ©s et le spectacle de ce qui avait du ĂŞtre un combat dĂ©sespĂ©rĂ©. Quand les soldats arrivèrent plus haut dans les collines, ils trouvèrent le corps de celui que la Guerre Civile avait rendu cĂ©lèbre, le chef de la Guerre Indienne, mort Ă  l’âge de trente six ans. On retrouva les restes de la « Fleur de l’ArmĂ©e AmĂ©ricaine Â» Ă©parpillĂ©s sur une surface que l’on pourrait appeler la zone de commandement, un petit promontoire en haut de ce qui est devenu « La Colline de la Dernière Position Â». C’est lĂ , aux cĂ´tĂ©s de celui de CUSTER, que l’on retrouva les corps de neuf hommes, dont son premier assistant, le Lieutenant William Winer COOKE, et son frère Thomas Ward CUSTER qui lui avait servi d’aide de camp pendant cette campagne. On retrouva le cadavre de CUSTER sur celui de deux cavaliers, le Chef Trompette Henry VOSS et le Porte-Drapeau le Sergent John VICTORY. VICTORY gisait face au ciel, le bras droit coupĂ© Ă  la hauteur de l’épaule. VOSS gisait en croix sur lui, face contre terre. CUSTER se trouvait entre les deux, presque nu, affaissĂ© en position couchĂ©e. Seules ses hanches touchaient le sol, son bras gauche Ă©tait Ă©tendu naturellement, et sa jambe droite reposait sur un autre corps couchĂ© Ă  ses pieds. Son avant-bras droit Ă©tait si contractĂ© que son coude s’appuyait sur l’un des corps sur lequel il Ă©tait couchĂ©. Sa tĂŞte pendait. On aurait vraiment cru qu’il Ă©tait en train de faire une de ses fameuses siestes, mais il ne devait jamais se rĂ©veiller de ce sommeil-lĂ . Le corps de CUSTER avait Ă©tĂ© dĂ©pouillĂ© de ses vĂŞtements, Ă  l’exception de ses chaussettes de laine et de la cambrure de l’une de ses bottes. Il y avait deux blessures par balles sur le cadavre : l’une dans la tempe gauche, Ă  mi-hauteur entre l’oreille et l’œil, et la deuxième traversait la cage thoracique juste sous le cĹ“ur. La mutilation du corps Ă©tait faible en comparaison de la plupart des soldats qui avaient Ă©tĂ© horriblement dĂ©figurĂ©s. Une flèche avait Ă©tĂ© poussĂ©e dans son pĂ©nis et la cuisse gauche avait Ă©tĂ© lacĂ©rĂ©e au couteau, mettant l’os Ă  nu. Son auriculaire droit avait Ă©tĂ© coupĂ©, probablement pour rĂ©cupĂ©rer son anneau de West Point. Le cadavre avait virĂ© au noir sous l’effet de l’exposition au soleil, et le torse et l’estomac Ă©taient gonflĂ©s par l’expansion des gaz qu’ils renfermaient. Des milliers de mouches tournaient autour du cadavre qui commençait dĂ©jĂ  Ă  pourrir. Bizarrement, au milieu de tout ce carnage, des tĂ©moins rapportèrent que son visage exprimait presque la paix, et qu’il ne laissait paraĂ®tre aucune trace d’agitation. On a suggĂ©rĂ© de dĂ©terrer le corps de CUSTER pour l’examiner avec des mĂ©thodes modernes et dĂ©terminer comment il mourut. CUSTER fut d’abord enterrĂ© dans une tombe peu profonde et une annĂ©e passa avant que l’armĂ©e revĂ®nt sur les lieux et enterrât Ă  nouveau les hommes. Il semble que le cadavre fut tirĂ© de son trou par les loups et les coyotes. La troupe chargĂ©e du nouvel enterrement, dirigĂ©e par le Capitaine Michael SHERIDAN, frère du GĂ©nĂ©ral Phil SHERIDAN, ne fut mĂŞme pas sĂ»re d’avoir trouvĂ© la bonne tombe. En toute connaissance de cause, les restes qui sont enterrĂ©s Ă  West Point sont au mieux le crâne de CUSTER, une partie de la colonne vertĂ©brale, et une poignĂ©e d’ossements plus petits.

A l’époque de sa mort, George Armstrong CUSTER avait le grade de Lieutenant Général, pas de Général. Comme beaucoup d’officiers, il avait gravi les échelons pendant la Guerre Civile. A l’âge de vingt quatre ans, CUSTER avait été nommé Major Général pour commander la Troisième Division de Cavalerie de l’Armée du Potomac. Ceci ferait de lui le deuxième des officiers supérieurs les plus jeunes de l’Histoire, une distinction qu’il tient toujours. Seul le Marquis de Lafayette, lors de la Guerre de la Révolution, était plus jeune que lui. A la fin de la Guerre Civile, tous les officiers brevetés reprirent leur rang normal dans l’armée. Encore Major Général, CUSTER avait été envoyé au Texas pour combattre éventuellement contre les Français au Mexique. Au Texas, CUSTER se vit notifier qu’il avait été relégué à son rang normal de Capitaine. Il ne s’agissait pas là d’une punition, mais d’une pratique militaire courante en ces temps-là. En un rien de temps, CUSTER fut promu Major, puis Lieutenant Colonel. On n’avait encore pratiquement jamais vu ce genre de promotion à l’époque et elle en dit beaucoup sur la confiance que les supérieurs de CUSTER plaçaient en lui.

En fait, CUSTER n’était pas le vrai commandant officiel du tout nouveau 7ème. U.S. Cavalry. Ce poste Ă©tait occupĂ© par un certain Colonel SMITH, puis par un Colonel STURGIS, dont le fils allait d’ailleurs mourir avec CUSTER. Le GĂ©nĂ©ral SHERIDAN gardait toujours ces Colonels loin du 7ème. Cavalry lorsque celui-ci Ă©tait en campagne. C’est pourquoi CUSTER Ă©tait, en mission, considĂ©rĂ© comme le vrai commandant du 7ème. Pour le public, le 7ème. Ă©tait « Celui de CUSTER. Â»

Les annĂ©es passant, beaucoup de lĂ©gendes ont crĂ» sur la vraie cause de la mort de CUSTER, certaines d’entre elles sortant tout droit d’Hollywood. Nous allons essayer de retracer tous ses gestes et tenter de montrer comment CUSTER mourut probablement, et quand. La cause exacte de la mort de CUSTER restera un mystère Ă©ternel. Ce n’est rien d’autre que l’un de tous ces puzzles formant ce Dimanche de Juin 1876, l’annĂ©e oĂą la nation cĂ©lĂ©brait son centenaire. Si l’on veut Ă©tudier la nature de sa mort, il faut en mĂŞme temps prendre en compte tous les endroits oĂą elle eĂ»t pu avoir lieu. Parmi toutes les thĂ©ories sur l’endroit oĂą CUSTER est mort, on a : il a Ă©tĂ© tuĂ© par l’un des Ă©claireurs Indiens avant que l’unitĂ© fĂ»t vraiment engagĂ©e dans la bataille ; il a Ă©tĂ© tuĂ© par une balle Indienne Ă  l’endroit oĂą le canyon Medecine Tail Coulee donne sur la Little Big Horn River ; il a Ă©tĂ© tuĂ© en haut des collines s’éloignant de Calhoun Hill ; ou il a Ă©tĂ© tuĂ© sur la « colline de la Dernière Position Â». Dans les « tueurs Â» de CUSTER on trouve, mis Ă  part l’éclaireur mentionnĂ© prĂ©cĂ©demment, ou les Ă©claireurs, certains Indiens, son frère Tom, ou d’autres officiers. Certains suggèrent qu’il mourut de sa propre main. Beaucoup de ces scĂ©narios de mort, Ă  cause de leur cĂ´tĂ© « sensationnel Â», ont trouvĂ© leur voie dans des publications prestigieuses. Malheureusement, peu d’entre elles constituent des preuves de ce qui s’est vraiment passĂ©. Depuis 1876, chacun de ces scĂ©narios de mort a eu ses champions, et en analyse finale, chacun d’eux mĂ©rite un peu de crĂ©dibilitĂ© puisque la vĂ©ritĂ© ne sera jamais connue. Mais un peu de travail de dĂ©tective permettra de mieux comprendre le mystère, Ă  dĂ©faut d’arriver Ă  une conclusion certaine.

Il y a très peu de preuves que CUSTER pĂ»t ĂŞtre tuĂ© plus tĂ´t ou près de Cedar Coulee, ou mĂŞme un peu après, lĂ  oĂą le Medecine Tail Coulee donne sur la rivière. Cette version de la mort de CUSTER ressemble plus Ă  de la fiction qu’à une sĂ©rieuse investigation historique et/ou militaire. D’après ce que nous savons des mouvements militaires ce jour-lĂ , l’éventualitĂ© d’une blessure ou d’une mort prĂ©maturĂ©es de CUSTER reste assez faible. Par exemple, David H. MILLER raconta que l’Indien White Cow Bull prĂ©tendit en 1938 avoir tuĂ© un homme vĂŞtu de peau Ă  l’embranchement du Medecine Tail Coulee, et que la monture de sa victime avait quatre « chaussettes Â» blanches, tout comme Vic, le cheval sur lequel Ă©tait montĂ© CUSTER lors de la bataille. Il est vraiment extraordinaire que la mĂ©moire de cet Indien fĂ»t restĂ©e aussi vive soixante deux ans après le peu de temps que dura cette action Ă  cet endroit-lĂ . Il faut prendre en considĂ©ration deux Ă©tats de fait importants. Le premier, c’est que plus tĂ´t dans la journĂ©e, CUSTER avait enlevĂ© sa veste de peau et avait mis sa chemise bleue. Avec une tempĂ©rature ambiante tournant autour de 90°, soit + 32,22 ° C, et une saturation en vapeur d’eau en rapport avec cela, il est hautement improbable qu’il ait remis sa veste depuis. Le deuxième, c’est que si White Cow Bull Ă©tait vraiment lĂ , dans un air chargĂ© de fumĂ©e et de poussière, il devait ĂŞtre lui-mĂŞme en train de courir de tous les cĂ´tĂ©s pour Ă©viter qu’on lui tire dessus. En gardant cette situation Ă  l’esprit, il est plutĂ´t difficile de croire que quelqu’un pĂ»t se souvenir de la couleur des chaussettes d’un cheval qu’il voyait de l’autre cĂ´tĂ© de la rivière. Une autre thĂ©orie dit que CUSTER fut abattu par un Ă©claireur Indien fĂ©lon. Cette histoire est presque aussi vieille que la bataille elle-mĂŞme. Elle a Ă©tĂ© exploitĂ©e au point de dĂ©signer l’éclaireur Mitch BOUYER. La lĂ©gende selon laquelle BOUYER Ă©tait de connivence secrète avec les hostiles parce qu’il Ă©tait demi-sang eut sa ration de gloire dans la presse, mais elle ne rĂ©siste pas non plus Ă  l’analyse. Premièrement, il n’y a aucune raison pour laquelle BOUYER ou tout autre Ă©claireur eĂ»t pu tuer CUSTER. A quoi cela aurait-il servi ? Et imaginer une situation oĂą CUSTER ou ses officiers autour de lui eussent pu regarder calmement l’un ou l’autre des Ă©claireurs sorte son arme et lui tire dessus, est plutĂ´t tirĂ© par les cheveux. Si BOUYER ou tout autre Ă©claireur avaient fait ça, il aurait Ă©tĂ© abattu sur le champ, et le corps du meurtrier, ou de celui qui aurait essayĂ© de le devenir, aurait Ă©tĂ© retrouvĂ© Ă  cet endroit. Avant l’engagement final, CUSTER libĂ©ra tous les Ă©claireurs de leur service sauf BOUYER lui-mĂŞme, et les Ă©claireurs quittèrent la zone des combats et vĂ©curent jusqu’à des âges avancĂ©s. Le corps de BOUYER fut retrouvĂ© Ă  des miles de l’endroit oĂą il aurait tuĂ© CUSTER.

L’autre histoire sur un CUSTER blessĂ© aurait eu lieu le long de la zone de bataille après qu’il eĂ»t quittĂ© Calhoun Hill. Il faut rĂ©flĂ©chir sur les raisons pour lesquelles le rĂ©giment dut manĹ“uvrer Ă  Calhoun Hill comme il l’a fait. Selon toute probabilitĂ©, lorsque CUSTER y arriva depuis la colline de Nye-Cartwright Ridge, il en avait assez d’attendre le Capitaine Frederick BENTEEN comme l’autre le lui avait proposĂ© directement. Plus tĂ´t dans la journĂ©e, BENTEEN avait Ă©tĂ© envoyĂ© en Ă©claireur vers le Sud avec deux compagnies pour observer les Indiens et les empĂŞcher de se sauver. Lorsque CUSTER trouva finalement le village principal, il envoya un ordre Ă  BENTEEN qui disait : Â« BENTEEN, revenez. Grand village. Faites vite. Apportez les bagages. W.W. COOKE. P.S. Apportez les bagages Â». CUSTER donnait lĂ  au Capitaine l’ordre exprès de revenir aussi vite que possible, en apportant avec lui la logistique qui incluait les rĂ©serves de munitions pour le rĂ©giment. L’ordre Ă©tait signĂ© de l’adjoint de CUSTER, William Winer COOKE, un officier nĂ© au Canada qui avait servi pendant la Guerre Civile. BENTEEN semble s’être dĂ©placĂ© Ă  la vitesse d’un singe paresseux alors qu’un trot ou un galop s’imposaient, et n’apporta pas non plus les rĂ©serves de munitions. En fait, il ne rĂ©percuta jamais l’ordre de CUSTER au train ! Au lieu de cela, BENTEEN rejoignit le Major Marcus RENO sur le haut d’une colline Ă  plus de quatre miles de l’endroit oĂą CUSTER se battait. RENO lui-mĂŞme avait reçu l’ordre de charger les Indiens, mais au lieu de cela et rencontrant peu d’opposition de l’ennemi, fit mettre pied Ă  terre par ses hommes juste en dehors du village. De lĂ , il emmena ses soldats dans une forĂŞt proche, puis suivit un chemin dans la vallĂ©e, traversa la rivière, et remonta les flancs de la colline, de l’autre cĂ´tĂ© de la rivière. CUSTER dĂ©cida qu’il ne pouvait pas attendre BENTEEN plus longtemps. Si l’on voulait obtenir la victoire, les unitĂ©s devraient aller jusqu’à l’intĂ©rieur du village mĂŞme. Sans la capture du camp ennemi, il n’y aurait aucune chance de gagner, ou peut-ĂŞtre mĂŞme de garder le commandement. Pour Georges Armstrong CUSTER, les concepts d’attaque et de victoire ne faisaient qu’un. Il est Ă©tonnant que, l’une des rares fois dans sa carrière militaire, CUSTER ait montrĂ© autant de patience jusque lĂ . Peut-ĂŞtre trop de patience. Cependant, des mouvements de troupes furent dĂ©libĂ©rĂ©ment ordonnĂ©s depuis Calhoun Hill, et ce n’est sĂ»rement pas un CUSTER blessĂ© qui aurait ordonnĂ© d’aller en avant. La nature de sa blessure au thorax l’aurait rendu incapable de faire quoi que ce soit, et le commandement serait passĂ© au Capitaine Miles KEOGH. On ne peut imaginer que KEOGH eĂ»t pu ordonner d’aller en avant avec un CUSTER blessĂ©. En fait, ce cas de figure dĂ©passe le possible car il ne correspond pas avec les circonstances. Il est ridicule de croire que KEOGH aurait fait traĂ®ner avec lui, sur un champ de bataille oĂą l’action rapide s’imposait, un CUSTER mort pour le dĂ©poser beaucoup plus loin, lĂ  oĂą son corps fut retrouvĂ©. En plus de cela, si KEOGH avait Ă©tĂ© obligĂ© de prendre le commandement, le premier adjoint, le lieutenant COOKE, aurait Ă©tĂ© retrouvĂ© mort Ă  cĂ´tĂ© de lui ou pas loin. On retrouva COOKE avec CUSTER. Cet Ă©tat de fait force Ă  penser que CUSTER Ă©tait vivant lorsqu’il mena ses hommes Ă  Â« Last Stand Hill Â», la colline de la dernière position ou, comme elle est parfois appelĂ©e, « Custer’s Hill », la colline de Custer. C’est donc un CUSTER bien vivant qui menait trois de ses cinq troupes jusqu’à l’endroit oĂą on le retrouva, les hommes de KEOGH et de CALHOUN restant derrière pour protĂ©ger les flancs. La « Colline de la Dernière Position Â» est le point le plus Ă©levĂ© de cette zone et surplombe le village Indien. Vers la fin de la bataille, cet endroit fut choisi pour des raisons de dĂ©fense. Il semble que, juste après avoir quittĂ© Calhoun Hill, CUSTER perdit toute possibilitĂ© d’agir indĂ©pendamment. En termes de militaire, il Ă©tait « engagĂ© de manière dĂ©cisive Â». Ce qui veut dire qu’il ne pouvait plus agir de sa propre initiative, sauf rĂ©pondre aux mouvements des Indiens. Une fois Ă  cet endroit, les hommes de CUSTER ne pouvaient plus rien faire d’autre qu’attendre la mort, puisque RENO et BENTEEN refusaient de quitter leur position relativement sĂ©curisĂ©e, bien qu’entendant les coups de feu qui venaient de la position de CUSTER. C’est lĂ  que CUSTER tomba, sur « Command Hill Â» tout en haut de « Last Stand Hill Â». C’est lĂ  qu’il faut pondĂ©rer sur la thĂ©orie du suicide, sinon pour sa logique, au moins pour l’attention qui lui a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© portĂ©e. On a vu que seules deux blessures ont Ă©tĂ© observĂ©es sur le corps de CUSTER. Comme la blessure Ă  la tĂŞte se trouvait du cĂ´tĂ© gauche de la tempe, le suicide peut ĂŞtre Ă©cartĂ©. CUSTER Ă©tait droitier, et un droitier ne tente pas de se suicider en mettant un pistolet sur le cĂ´tĂ© gauche de la tĂŞte. Cela aurait Ă©tĂ© extrĂŞmement difficile et il n’y a pas de garantie de mort instantanĂ©e avec un coup. D’après ce que l’on sait sur sa personnalitĂ©, il ne semble pas que CUSTER se soit suicidĂ©. Le suicide ne correspond pas avec la nature de l’homme, dont mĂŞme ses ennemis disaient qu’il ne connaissait pas la peur.

Par-dessus tout, CUSTER Ă©tait un homme de son temps et il avait la nature d’un guerrier romantique. Bien qu’il eĂ»t vu d’autres mourir dans les mains des Indiens, la mort de sa propre main aurait Ă©tĂ© totalement contraire Ă  sa philosophie. Il est plus vraisemblable que la blessure sur le cĂ´tĂ© gauche du thorax fut la première insulte Ă  son corps. Il n’y a pas de raison pour qu’elle ait Ă©tĂ© faite après le coup dans la tĂŞte. Cette blessure au thorax, bien que probablement pas mortelle tout de suite, aurait gravement handicapĂ© le cĂ´tĂ© gauche du corps, rendant tout mouvement du bras gauche extrĂŞmement douloureux, sinon impossible. Ceci exclut le coup de feu dans la tĂŞte en utilisant la main gauche, et transforme une balle dans la tempe gauche avec la main droite en quasi impossibilitĂ©. Dans l’éventualitĂ© oĂą CUSTER eĂ»t pointĂ© un pistolet sur sa tempe, n’importe quel coup aurait laissĂ© deux marques. D’abord, il y aurait eu les brĂ»lures de la poudre, de grosses brĂ»lures. Ensuite, ce grand coup dans la tĂŞte aurait arrachĂ© une partie de la boĂ®te crânienne. Aucune de ces conditions ne fut observĂ©e sur le corps. Il semblerait donc que le suicide, en considĂ©rant les perspectives apportĂ©es par sa personnalitĂ© et les lois de la physique, n’est pas probable. Qu’en est-il alors de son frère ou d’un autre officier qui aurait abattu le commandant d’un coup de feu pour lui Ă©viter la capture et la torture ? Ceux qui ont Ă©tudiĂ© les personnalitĂ©s et les relations de ces frères pensent que c’est presque impossible Ă  croire, et la thĂ©orie n’est appuyĂ©e d’aucune preuve. N’importe quel coup tirĂ© Ă  bout portant, que ce soit par Tom CUSTER ou un autre officier, aurait laissĂ© les mĂŞmes traces que s’il l’avait fait lui-mĂŞme : de grosses brĂ»lures ou une partie du crâne arrachĂ©e. Et un officier qui lui aurait tirĂ© dessus depuis plus loin ? A cause de la fumĂ©e, de la poussière, de la confusion et de l’intensitĂ© de la bataille, les chances que cette hypothèse soit vraie sont minimes. On peut tirer de ces faits quelques conclusions, qui ont plus de mĂ©rite que toute autre faite Ă  ce jour. D’abord, CUSTER a probablement Ă©tĂ© blessĂ© au thorax Ă , ou près de, « Last Stand Hill Â». On ne saura jamais Ă  quel degrĂ© d’incapacitĂ©, mais il est probable que ce fut un coup perdu ou un coup heureux, car il est connu que les Indiens tiraient mal. Les dernières Ă©tudes archĂ©ologiques faites sur le champ de bataille indiquent que quatre vingt dix pour cent des soldats avaient Ă©tĂ© blessĂ©s et Ă©taient encore vivants lorsque le combat prit fin. C’est un fait qui revient tout le temps lors des combats dans l’histoire. Ces blessĂ©s furent tuĂ©s plus tard, beaucoup par les femmes et les enfants qui se dĂ©plaçaient avec les guerriers. A ce moment-lĂ , CUSTER, s’il n’était pas dĂ©jĂ  mort, fut tuĂ© par un Indien depuis une distance oĂą un coup fatal n’aurait pas laissĂ© de traces de poudre brĂ»lĂ©e. A six heures le soir du 25 Juin 1876, George Armstrong CUSTER Ă©tait mort des suites de la bataille. Ce qu’il avait cherchĂ© toute sa vie Ă©tait maintenant Ă  lui : une gloire Ă©ternelle et immortelle. Moi, je dis que cet amerloque peut se tromper, car les cavaliers de l’époque, bien que droitiers, utilisaient toujours le pistolet de la main gauche, la main droite Ă©tant celle qui tenait le sabre, plus noble. Au corps Ă  corps, continuant Ă  se dĂ©fendre de la main droite dans laquelle il tenait son sabre, il peut très bien s’être tirĂ© une balle dans la tĂŞte avec la main gauche. L’auteur invoque la peur en l’associant au suicide. Mais le suicide dans une telle bataille n’est pas forcĂ©ment un signe de peur. Il peut très bien vouloir dire aussi Â« Vous ne m’aurez pas vivant, bande de macaques ! Ah, vous voulez me torturer ? Eh bien, regardez un peu ce que j’en fais, moi, de votre canoĂ©-kayak ! Â» J’imagine très bien un Indien qui lui enfonce sa lance dans le cĹ“ur juste après pour dire qu’il a tuĂ© le grand chef « Cheveux Jaunes Â» et s’en vanter ensuite auprès des autres guerriers, ou simplement de rage parce que l’autre est parti voir le Grand Esprit avant qu’on ne lui donne son billet. Mais, lorsqu’on sait comment ça crache les flammes, un revolver qui tire de la poudre noire, on aurait du remarquer que la tempe de ce monsieur Ă©tait brĂ»lĂ©e tout autour du trou fait par la balle. Comme les corps Ă©taient mutilĂ©s, noircis, gonflĂ©s, très probablement maculĂ©s de sang partout et dĂ©jĂ  en dĂ©composition, bonjour d’odeur et le bruit des mouches, il n’est pas impossible que les tĂ©moins qui ont ensuite dĂ©crit ce qu’ils ont vu, des militaires et pas des mĂ©decins chargĂ©s d’un autopsie en règle, ne se soient pas trop attardĂ©s sur les dĂ©tails et qu’ils aient nĂ©gligĂ© de signaler les brĂ»lures. Quant Ă  l’histoire oĂą la moitiĂ© de la tĂŞte aurait dĂ» partir avec le coup, c’est pas Ă©vident. On a vu des photographies de l’époque avec des bandits criblĂ©s de trous faits par des balles de .44, dont plusieurs dans la tĂŞte, et la boĂ®te crânienne a tenu bon. N’éliminons pas la thèse du coup de revolver tirĂ© de plus loin que le canon sur la tempe, par un collègue pour lui Ă©viter la honte de la capture oĂą il aurait Ă©tĂ© exhibĂ© de partout, ce grand chef Blanc qui voulait notre mort et qu’on a enfin vaincu, et bien entendu la torture, longue et douloureuse pour bien le faire souffrir, ce salaud qui disait partout qu’un « bon Indien est un Indien mort Â». Ca collerait bien. Mais un coup de lance perdue dans le thorax qui le fait crever en dernier, puis un coup de carabine Indienne dans la tĂŞte depuis dix mètres, ça collerait aussi…

Deux nouveaux stands de tir Ă  l’Aubinière

Au bout du champ de tir de 300 m, les cibles avec derrière une tranchée où sont récupérées les balles pour être recyclées.
Au bout du champ de tir de 300 m, les cibles avec derrière une tranchée où sont récupérées les balles pour être recyclées.

Les Arquebusiers du pays d’Ancenis ont inaugurĂ© leur nouvel Ă©quipement, jeudi, avec notamment un stand de tir sportif Ă  300 mètres.

« Nous sommes parmi les rares clubs de l’Ouest Ă  possĂ©der un tel stand de tir sur cette distance. » Yves Cottinneau, prĂ©sident des Arquebusiers du pays d’Ancenis, Ă©tait heureux, jeudi Ă  l’Aubinière, d’inaugurer le nouvel Ă©quipement du club de tir sportif, soit deux stands, l’un Ă  10 m, l’autre Ă  300 m.

Cet investissement a pu se rĂ©aliser grâce Ă  des subventions de la rĂ©gion, de la communautĂ© de communes du pays d’Ancenis dans le cadre du contrat de territoire, de la ville d’Ancenis. Il a Ă©tĂ© fait appel, aussi, aux sociĂ©taires, pour des dons et des emprunts, afin de finaliser les travaux… Sans oublier la participation active des bĂ©nĂ©voles sur le chantier.

Afin de marquer cet Ă©vĂ©nement, les Arquebusiers avaient invitĂ© Laurent Guioullier, champion de France et deux fois champion d’Europe aux armes anciennes. Il a prĂ©sentĂ© les copies de deux armes, amĂ©ricaine et anglaise, utilisĂ©es dans les annĂ©es 1860-1880 et dont le chargement s’effectue par le canon. Poudre et balle provoquent au dĂ©clenchement de la gâchette un bruit Ă©tourdissant dans le hall de tir bien protĂ©gĂ© et Ă  l’extĂ©rieur.

Ces nouveaux stands s’inscrivent dans une longue histoire. Un premier stand a en effet Ă©tĂ© construit en 1896 afin d’entraĂ®ner les soldats stationnĂ©s Ă  Ancenis. L’association, originaire de Nantes, devient, Ă  Ancenis, celle des Arquebusiers de l’Ouest. Ă€ ses dĂ©buts, en 1966, elle comptait une vingtaine de membres.

En 1987, le stand Ă©tait en friche. Les sociĂ©taires ont alors nettoyĂ© et installĂ© huit postes de tir pour le 100 m/200 m, trois postes Ă  100 m, un pas de tir de dix postes Ă  25 m. Ils ont aussi effectuĂ© des travaux de sĂ©curisation. Le bâtiment d’accueil est construit en 2004.

Tir sportif

« Aujourd’hui, nous sommes 250 inscrits, calcule le prĂ©sident, respectant l’esprit des arquebusiers, qui se traduit par la convivialitĂ©, l’entraide. » Les tireurs ont Ă  leur disposition cinq postes Ă  300 m et six postes Ă  10 m.

Le club assure la formation des nouveaux adhĂ©rents au cours d’une pĂ©riode de six mois Ă  raison d’un samedi par mois consacrĂ© la pratique (carabines, pistolets) et Ă  la lĂ©gislation des armes. La formation se termine par des tests Ă©crits et pratiques. « On ne s’inscrit pas dans un club pour avoir des armes mais pour pratiquer le tir sportif », insistent les responsables.

Les moniteurs de tir, les Ă©ducateurs du service des sports d’Ancenis et de l’Adapei (Association dĂ©partementale des parents et amis de personnes handicapĂ©es mentales) organisent des stages qui connaissent un vif succès.

L’association propose aussi des animations spĂ©cialisĂ©es comme le tir aux armes rĂ©glementaires, le tir western, le tir sportif de vitesse, le ball-trap. De grands rassemblements sont organisĂ©s Ă  l’occasion de la Duchesse-Anne, le challenge amical qui regroupe soixante-dix tireurs venus de toute la France pendant quatre jours, la coupe Galland…

Source (Ouest-France)

Un complexe de tir à 300 mètres

Sur le terrain du 300 mètres, Yves Cottineau (à droite) et Philippe Régnier (1er plan à gauche) préparent la nouvelle saison.
Sur le terrain du 300 mètres, Yves Cottineau (à droite) et Philippe Régnier (1er plan à gauche) préparent la nouvelle saison.

 

Avant le concours de tir en octobre, les Arquebusiers vont bĂ©nĂ©ficier d’un nouveau stand de tir Ă  300 mètres.

Il y a quelques jours, les Arquebusiers du Pays d’Ancenis ont prĂ©sentĂ© le concours de tir de loisir des trois Pays Challenge du Pays. La compĂ©tition se dĂ©roulera les 13 et 14 octobre, au stand de l’Aubinière Ă  Ancenis. « Il y aura six disciplines pour armes d’Ă©paules Ă  200 mètres », rappelle Philippe RĂ©gnier, le secrĂ©taire.

Dans quelques semaines, les Arquebusiers dĂ©voileront Ă©galement leur nouveau stand de tir Ă  300 mètres. « Notre complexe de tir comprend actuellement un tir Ă  25 mètres, 50 mètres, 100 mètres, 200 mètres. Prochainement, on pourra tirer Ă  10 mètres et enfin Ă  300 mètres. Nous aurons le 6e stand de tir civil en France Ă  possĂ©der un tir Ă  300 mètres. Cela grâce aux efforts de nombreux bĂ©nĂ©voles du club qui ont oeuvrĂ© pour la rĂ©ussite de cet investissement », souligne Yves Cottineau. Le vice-prĂ©sident n’a pas mĂ©nagĂ© sa peine pour parvenir Ă  offrir aux Anceniens et aux habitants du Pays, un vrai atout pour les amateurs et amoureux des armes.

Ă€ noter que le 26 juillet dernier, s’est dĂ©roulĂ© une animation « Couleurs Parasol » au stand de L’Aubinière. Cinquante enfants ont tirĂ© sur des cibles Ă  25 mètres. Tout cela en toute sĂ©curitĂ©. Ils ont apprĂ©ciĂ© les conseils et les explications des Arquebusiers bĂ©nĂ©voles qui ici vivent leur passion.

 

Source (Ouest-France)