HOMMES DE LOI SUR LA FRONTIERE

Des héros ou des truands ?

Traduction d’un article de Joe BILBY paru dans D.G.W. Blackpowder Annual 1988

Le soleil du 30 Avril 1884 se levait tristement sur la ville de prairie de Medecine Lodge, au Kansas. C’était le dernier matin que verrait Henry BROWN, l’officier de police tout nouvellement marié et en charge de la ville toute proche de Caldwell. L’homme de loi de 27 ans mourrait ce jour-là, suite à une attaque de banque à main armée sur Medecine Lodge. Il est intéressant de noter que BROWN ne mourut pas héroïquement en défendant la banque, mais paya de sa tête pour l’avoir dévalisée. BROWN et son député, Ben WHEELER, alias Ben ROBERTSON, étaient partis de Caldwell quelques jours plus tôt, sous prétexte de courir après des voleurs de bétail dont ils auraient été sur la piste. Une fois tranquilles en dehors de la ville, le marshal et WHEELER rejoignirent deux petits malfrats, William SMITH et John WESLEY, et le quartet chevaucha vers Medecine Lodge, sous-entendu pour attaquer la Medecine Valley Bank . L’attaque tourna en fiasco, et les bandits frustrés tuèrent le président de la banque E.W. PAYNE ainsi que le caissier George GEPPERT. Poursuivis par un détachement d’hommes en colère sous les ordres du shérif, BROWN et ses hommes se ruèrent désespérément vers une cache où ils avaient mis des chevaux frais en réserve qui auraient pu leur permettre de s’échapper. Malheureusement pour eux, les bandits se trompèrent de direction, ils furent piégés et rapidement capturés. Mais putain, je t’avais dit que c’était à droite, conaud ! L’incarcération dans la prison de fortune de Medecine Lodge apporta peu de protection aux braqueurs de banque. Les citoyens de la ville, enragés par les meurtres de PAYNE et de GEPPERT, qui étaient des gens connus et aimés, se précipitèrent dans la prison et traînèrent les tueurs dehors. L’ancien marshal BROWN tenta de s’enfuir en courant, mais il fut coupé en deux par une décharge de fusil de chasse. Ses trois camarades de crime furent pendus sommairement. C’est un lynchage. Bien qu’ils ne fussent pas aussi courants que les scénaristes ou les écrivains de romans à quatre sous voudraient nous le faire croire, les attaques de banques à main armée et les lynchages ne furent certainement pas des évènements inconnus dans l’Ouest américain du XIXème. siècle. Malheureusement, le cas de l’homme qui avait prêté serment de défendre « la loi et l’ordre » et qui avait passé la ligne le séparant du banditisme pour son profit personnel, ne l’était pas non plus. Qu’il le sût ou non, le comportement outrageux de BROWN eut un précédent avec celui de Henry PLUMMER. PLUMMER, né au Connecticut en 1837, fut attiré en Californie vers 1850 par la fièvre de l’or. Loin d’être de ceux qui courraient après la chimère de l’Eldorado dans les collines, PLUMMER ouvrit une boulangerie à Nevada City en 1853, gagnant un peu de liquide en extra comme joueur indépendant. Présentant bien et habile avec une arme, il fut élu marshal de la ville en 1856. Mais cet homme de loi de 19 ans avait un gros défaut, un penchant pour les dames, pour les dames des autres hommes. L’une de ces affaires se finit au pistolet et le jeune marshal se retrouva condamné à dix ans de prison pour avoir tué un mari jaloux. Gracié au bout d’un an, PLUMMER fut bientôt mêlé à une série de combats de saloon et de braquages, et il tua un autre homme. Bien que remis en prison, il s’échappa et partit vers le Nord. L’homme de loi renégat se tailla un chemin plein de meurtres et d’adultères à travers l’Oregon et l’Etat de Washington, en route vers les mines d’or du Montana, où il s’établit comme joueur à Bannack et prépara secrètement la création d’une bande organisée « d’agents de la route ». A cette époque, il réussit à se faire engager comme marshal. Mais PLUMMER déménagea bientôt vers des cieux plus propices à Virginia City, où il fut à nouveau élu marshal et développa ses activités de bande organisée. Les capacités d’organisation d’Henry PLUMMER étaient sans aucun doute excellentes, et s’il les avait utilisées dans des voies plus sociables, on se serait souvenu de lui comme de l’un des pères fondateurs du Montana. Cependant et au lieu de cela, un comité de Vigilants termina sa carrière de bandit avec un badge attaché au bout d’une corde en Janvier 1864. « L’étoile sur la corde », un vrai titre de film. Les marshals renégats BROWN et PLUMMER ne furent pas les seuls dans l’histoire de l’Ouest. Burt ALVORD, un avocat respecté en Arizona, fut arrêté en 1900 pour avoir conduit une bande de dévaliseurs de trains alors qu’il était policier à Wilcox. « Buffalo Bill » BROOKS, premier marshal de Newton, Kansas, et plus tard policier à Ellsworth, Kansas, attendit d’en avoir terminé de faire respecter la loi avant de commencer sa carrière de voleur de chevaux. En 1874, il fut pendu lui aussi, les bottes aux pieds. Les DALTON, membres de ce qui fut considérée comme toute une famille de brigands, furent plus connus du grand public de leur époque et des générations qui suivirent, comme des hommes de loi qui avaient mal tourné.

LE FAMEUX RIFLE MATCH DE 1874 A CREEDMOOR

Traduction d’un article de Bob SMITH paru dans D.G.W. Blackpowder Annual 1987

Creedmor – 1874 : L’histoire incroyable et fascinante de la première victoire de l’Amérique dans un concours de tir international. L’année 1874 servira de repère pour le tir de compétition en Amérique, parce que, voyez-vous, les Etats Unis étaient brusquement devenus la vedette du tir international, et cet événement impressionnant aura bientôt prouvé que l’Amérique était capable de se battre à un niveau de compétition mondial.

COLT CONTRE ADAMS

Traduction d’un article de Garry JAMES paru dans D.G.W. Blackpowder Annual 1993

Le Colt Navy était un revolver de belle figure tirant six coups, qui suivait le concept de la carcasse ouverte de ses prédécesseurs.

LEY QUINTO (Cinquième Loi)

Traduction d’un article de W. AUSTERMAN paru dans D.G.W. Blackpowder Annual 1985

(Ce récit débute au début du XIXème. siècle, quand le Texas était encore indépendant et quand le Mexique étendait ses frontières beaucoup plus loin qu’aujourd’hui)

Partie en reconnaissance en cette année 1837 le long de la frontière de la jeune république, une compagnie de Texas Rangers rencontra un cavalier solitaire qui aurait pu servir d’archétype pour une engeance d’hommes qui allaient exporter un commerce horrible de l’autre côté du Rio Grande, et profondément à l’intérieur du Mexique, pour les dix années à venir. Le Capitaine William « Bigfoot » WALLACE sentit un frisson courir le long de sa moelle épinière lorsqu’il se retrouva en face de Jefferson TURNER, un homme qui ne vivait que pour donner la mort à ses ennemis. Tatinnn, Tita-titinnn. Autrefois un colon bien pacifique, ce TURNER avait vu sa femme et ses enfants se faire massacrer au cours d’un raid d’Indiens, et il ne faisait plus à présent que hanter le désert pour assouvir sa revanche. Plus tard, WALLACE se souviendrait de lui comme d’un « type grand et sec, vêtu d’une chemise de chasse et de chausses en peau de chevreuil, avec un bonnet en fourrure de raton laveur sur la tête. Il portait à l’épaule un long et vieux fusil à silex, en fer et de type Kentucky, ainsi qu’un tomahawk et un couteau à scalper passés dans sa ceinture. Ses cheveux étaient emmêlés et pendaient autour de son cou, hirsutes, en de grandes touffes non peignées, et ses yeux sortaient de sa tête, aussi brillants qu’une paire de charbons ardents. » Soixante ans plus tard, le vieil homme de la frontière se rappelait encore ces yeux en frissonnant« J’ai vu toutes sortes d’yeux de fauves, de panthères, de loups, de pumas, de léopards et de lions mexicains, mais je n’en ai jamais vu qui scintillaient, brillaient et dansaient comme ceux qui le faisaient dans cette tête-là. » C’étaient les lanternes de la folie qui y brûlaient, et elles éclairaient le chemin de TURNER dans sa course éperdue après les scalps d’Indiens, c’est-à-dire leur cuir chevelu, découpé et arraché comme trophée. Alors qu’il chevauchait avec les Rangers, il prétendit qu’il venait d’en prendre trois de plus au cours d’une escarmouche avec les sauvages, portant ainsi son palmarès total à quarante-neuf. Quand TURNER se sépara de WALLACE, il se vanta qu’il ne reviendrait pas à la civilisation avant d’en avoir attaché une centaine, étalés et séchés, sur des arceaux.

Pas de boudin noir pour la poudre ?

Il n’y a pas si longtemps encore, j’entendais quelqu’un dire que les ressorts à boudin ne sont pas permis au contrôle des armes dans les compétitions aux Armes Anciennes, « parce que ce type de ressort n’était pas connu à l’époque où l’on tirait avec des armes à poudre noire. » J’ai même entendu dire la même chose par des arbitres à l’époque où je portais encore le blouson rouge. Quelque chose est totalement faux là-dedans, il faut le rappeler ou le préciser. Il est vrai néanmoins que les ressorts à boudin actionnant le chien sont un système moderne lorsqu’ils sont de la même conception que celle des revolvers modernes et ils ne peuvent passer. Certaines armes ARDESA sont refusées au contrôle des armes parce qu’elles ont un petit ressort à boudin dans la platine qui règle la garde du bec de gâchette sur le cran de départ. D’accord, une platine qui ne comportait pas de ressort à boudin à l’époque où elle avait été conçue doit rester telle quelle si elle veut mériter l’appellation de réplique, et tout artifice altérant le caractère de réplique doit prendre le chemin du refus chez un Arquebusier vraiment digne de ce nom. Comme tirer le Maximilien avec un tunnel de guidon à insert circulaire et un niveau à bulle ; mais, enfin, ce fut un jeune et il était du club qui recevait, alors… Et de toutes façons, espérer avoir des résultats phénoménaux avec du AREDESA est un symptôme signifiant que le propriétaire candidat doit avoir été atteint de paludisme. Citons aussi le RÜGER Old Army, qui a beau être une merveille de solidité et de bonne facture, tout en tirant juste, mais qui n’est pas du tout une réplique car il reprend les formes d’une arme tirant déjà des cartouches métalliques et, outre son maître ressort à boudin trop moderne par rapport à celui du COLT « 73 » à qui il est censé ressembler, il n’a rien à faire en Armes Anciennes à cause de ses organes de visée réglables et de l’absence d’arme originelle.

Comment « HANDGONNE » devient tout naturellement « HANDGUN »

Il y a des gens sympas. Et parfois, on les prend pour des fous, mais « on » est un con. Donc, je tombe sur cette revue qui s’appelle BLACK POWDER et qui paraît tous les 3 mois chez nos britiches amis de ce qu’on pourrait appeler l’Association des Arquebusiers de Grande-Bretagne. C’est un peu comme le petit bouquin qui était édité par les Arquebusiers de France, mais en beaucoup moins rustique. Sauf que chez les A.D.F., c’était compris dans la maigre cotisation, donc on ne peut faire qu’avec ce qu’on a, et que chez nos tireurs d’outre-Manche, ça coûte 5,00 Britiches Livres Sterling, soit un peu plus de 7,40 Euro. Sans le port. Mais c’est bien, tout aussi bien même que notre truc français, du moins à l’époque où je cotisais encore avant d’en avoir marre de ne lire que des palmarès où les gens font des super scores qu’on se demande comment ils font, ou de concourir à côté de gens qui n’avaient pas l’esprit et qui venaient avec des vêtements de tir ou des organes de visée anachroniques. Et surtout parce qu’on les laissait faire. Enfin, je continue…

Springfield contre Enfield

Traduction d’un article de Garry JAMES paru dans D.G.W. Blackpowder Annual 1983

Bien que le mousquet à canon rayé et la balle Minié eussent déjà prouvé leur valeur respective dans des conflits précédant la Guerre Civile Américaine, appelée en Europe Guerre de Sécession, le système n’avait jamais été essayé sur une échelle aussi vaste. Les Britanniques utilisèrent d’abord leurs fusils rayés Enfield à balle Minié en Crimée de 1854 à 1856 et pendant la Mutinerie d’Inde aussi appelée Révolte des Cipayes de 1857 à 1859, et leurs succès poussèrent d’autres pays, plus particulièrement les Etats Unis, à ré-évaluer et mettre à jour leurs antiques fusils à âme lisse en même temps que leurs manuels militaires. La « Guerre entre les Etats » vit des millions de fusils de type Minié de tous bords, les plus utilisés étant les Modèles 1855, 1858 et 1861 des Enfield anglais. Le Springfield et l’Enfield étaient considérés à cette époque comme les meilleurs fusils militaires rayés bien que, aussi bien à cette époque-là qu’aujourd’hui, tous les deux avaient leurs champions.

Quelques armes à chargement par la culasse

DANS LA GUERRE DE SECESSION

Traduction d’un article de A.M. BECK paru dans D.G.W. Blackpowder Annual 1993

Addenda extraits du FLAYDERMAN’s Guide to Antique American Firearms, 6ème. édition

Parmi les diverses armes à chargement par la culasse, trois modèles furent en dotation en des quantités dépassant de loin toutes les autres. La Spencer, la Sharps et la Burnside. Nous avons choisi de faire tirer ces armes pour voir de quoi devait se contenter le troupier moyen ou le soldat d’infanterie chanceux. L’une des conséquences les plus intéressantes de la Guerre Civile fut l’accélération de la mise en service des armes à chargement par la culasse. On acheta une variété surprenante de carabines et de fusils, dans le but de ré-armer rapidement les troupes avec tout ce qui pouvait se charger par la culasse. Plusieurs armes issues de concepts parfaitement inefficaces furent mises en dotation, comme la Merrill de l’Union, la Starr et, dans une certaine mesure, la Gallager. Par contre, divers excellents systèmes apparurent. Parmi ceux-ci on compte la Spencer, la Maynard, la Burnside, la Smith et, bien sûr, la Sharps. Elles ne sont pas seulement des exemples du génie inventif du dix neuvième siècle, mais restent de belles et très bonnes armes de tir. On arrive à trouver toutes ces armes dans des divers états de conservation, allant du neuf « jamais tiré », au piqué ou au totalement inutilisable. Si l’on veut choisir une arme de l’époque de la Guerre Civile pour tirer avec, le plus important est l’état du mécanisme de la culasse, celui du canon passant en second lieu. Les rayures de ces armes sont taillées très profondément, et beaucoup tireront très bien même avec un canon piqué, bien que cela les rende beaucoup plus difficiles à nettoyer. Presque toutes les armes de cette époque avec lesquelles on voudra tirer aujourd’hui demanderont un « rodage ». Ceci représente à peu près une centaine de coups, avant que l’arme commence à grouper de manière régulière et n’enplombe plus. Beaucoup ne seront pas au mieux de leur forme avant deux cent coups. Les tous premiers coups peuvent même approcher la précision d’un canon lisse. Il faut autant que possible utiliser du plomb pur pour couler des balles destinées à être utilisées dans toute arme à feu des années 1860, et jamais plus dures que le plomb d’équilibrage. La plupart des canons sont en simple fer tendre, même sur les Sharps et les Spencer. Bien que les canons de Burnside soient marqués « Acier fondu », ils sont eux aussi considérablement plus tendres que les canons modernes. Des balles trop dures se sont pas seulement moins précises, mais elles usent inutilement le canon.

William WALKER, Soldat de fortune

Traduction d’un article de J. CRUTCHFIELD paru dans D.G.W. Blackpowder Annual 1986

Demandez-voir à l’Américain moyen qui était William WALKER et il y a des chances que tout ce que vous aurez en réponse sera un regard étonné. Or et pendant la décade de 1850, WALKER état un nom qui se prononçait dans tous les foyers des Etats Unis tout entiers. Un des premiers de ces sortes de mercenaires que l’on appelle communément « soldats de fortune » et le seul autochtone américain qui fût jamais élu à la tête d’un pays étranger, WALKER passa ces années-là à faire la une des journaux avec ses exploits au Mexique, au Nicaragua et au Honduras.Des rencontres fréquentes avec des hommes d’affaires aussi importants que Cornelius VANDERBILT, ce magnat du transport et du rail qui voulait construire un canal à travers l’Amérique Centrale, et même le Président Franklin PIERCE ou James BUCHANAN avec qui il s’occupait des droits et des responsabilités des citoyens américains à l’étranger, avaient fait à WALKER la publicité dont il avait besoin auprès de l’opinion publique pour gagner le soutien des masses à ses missions indépendantes.Qui était cet aventurier qui fréquenta du magnat des affaires au Président Américain ? Pourquoi ce petit homme, mesurant à peine cinq pieds et six pouces de haut et pesant un peu plus de cent livres, restait-il totalement sans la moindre impression devant les hommes d’affaire ou le gouvernement des Etats Unis, lesquels fronçaient tous les deux les sourcils au vu et au su de ses activités théâtrales ? Qu’est-ce qu’il y eut en coulisses qui le poussa à envahir le Nicaragua en 1855 et de s’y faire élire président en moins de cinq mois au cours d’élections totalement libres ? Et puis, qu’était ce petit quelque chose qu’il dégageait, qui faisait qu’on le respectait, ou qu’on le craignait selon la manière dont on voit les choses, au point que ce gouvernement rebelle fut officiellement reconnu par les Etats Unis ? Vraiment, qui était ce William WALKER, cet homme à qui l’Histoire donnerait un jour le nom de « Les yeux gris du destin », mais que si peu d’Américains connaissent aujourd’hui, même de loin ? On ne connaîtra jamais les réponses à certaines de ces questions, mais d’autres font transparaître un peu de lumière, même s’il y en a peu, sur ce mystérieux Américain qui tint toute l’Amérique Centrale à sa botte durant les années 1850.

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