LES ARMES DES CHERCHEURS D’OR « QUARTANTE-NEUVIENS »

Traduction d’un article de Rick HACKER paru dans D.G.W. Blackpowder Annual 1983

( les remarques en italique sont du traducteur )

S’il y a un événement qui peut être tenu pour avoir été le point de départ de la grande migration de colons vers le Far West, l’Ouest Lointain, c’est la Ruée vers l’Or de Californie en 1849. En une seule année, ce qui n’avait jadis été qu’un endroit tranquille, rural et presque ignoré, un lacis de rivières paresseuses et de collines de genévriers qui s’élevaient doucement pour rejoindre les crêtes recouvertes de pins et de granit de la Sierra Nevada, la Montagne Enneigée, se transforma en des villes grouillantes de communautés agitées, construites à la hâte et n’importe comment, de routes encombrées de chariots et d’essaims d’une importance jamais vue auparavant, d’hommes, de femmes et d’enfants issus de toutes les couches sociales et venant de pratiquement tous les coins du globe. En moins de dix ans, la population de la ruée vers l’or de Californie gonfla de 14 000 en 1848 à plus de 380 000 en 1860. Et pour moi, de 1848 à 1860, ça ne fait pas moins de dix ans, ça en fait douze. Ironiquement, la première fois où l’on découvrit de l’or fut un événement très peu relaté, et l’homme à qui l’on attribue généralement cette ruée vers l’or, John Augustus SUTTER, mourut dans la misère, se lamentant « Mes jours les plus beaux furent ceux d’avant la ruée vers l’or »C’est donc le seul mec, déjà riche avant, que la découverte d’or rendit pauvre. En fait, les autres sont venus prendre l’or que l’on trouvait chez lui, certains y moururent, souvent d’une mort violente, avant d’en avoir trouvé, d’autres moururent dans la misère sans en avoir trouvé, d’autres moururent aussi dans la misère, après en avoir trouvé mais après l’avoir flambé, d’autres encore repartirent avec une fortune, mais lui n’en chercha jamais, alors qu’il était à sa portée puisque tout le pays était à lui, et les cafards fous lui ont massacré son petit coin de paradis. Avant la découverte de « couleur », SUTTER était l’homme le plus important et le plus influent dans la région du delta du Sacramento en Nouvelle Californie. Sa forteresse de cinq acres, qu’il appelait « New Helvetia », la Nouvelle Suisse, était un empire miniature fait d’un mur de deux pieds et demi formant un fort autonome qui avait des écuries, des jardins, une forge, une tannerie, des magasins généraux, bref, tout ce dont on pouvait avoir besoin pour vivre dans un pays rural où personne ne venait déranger et que presque personne ne venait visiter. Le fort lui-même était gardé par de hautes tours et des canons à chaque point stratégique. A l’époque où les Etats Unis arrachèrent l’Alta California au Mexique en 1846, c’est-à-dire la Haute Californie ou la partie Nord aujourd’hui américaine, en comparaison avec la Baja California qui est toujours mexicaine, SUTTER se sentait en sécurité. Bien qu’il fût un immigrant Suisse et que le Général Guadalupe VALLEJO lui eût donné officiellement le grade militaire de Capitaine, sa loyauté était pour les « States ». Il ne se rendait pas compte de la menace qui l’attendait sous les eaux tumultueuses de la rivière America, à quelques miles en amont de son enceinte fermée. Dans ma collection personnelle, j’ai une reproduction relativement rare du journal de la New Helvetia de SUTTER. En lisant les mots de SUTTER au sujet de ces années tranquilles précédant la ruée vers l’or, je ne vois presque pas de mention sur des armes, de quelque sorte que ce soit, à l’exception du canon qui gardait le fort. Pourtant, les armes à feu ont toujours fait partie de toute manière de vivre sur la frontière et, au cours de visites personnelles sur les restes reconstruits, en un peu plus petit, de Fort Sutter, je ne fus pas surpris de découvrir l’existence d’armes longues, la plupart des mousquets et des fusils de type militaire, que l’on utilisait à l’époque à la fois pour se procurer de la nourriture et pour assurer sa protection personnelle. Malheureusement, à cause des effets du temps et de la corrosion, seuls ont pu être identifiés un mousquet modèle U.S. 1795 et un fusil rayé modèle Mississipi 1841, en même temps que quelques fusils de chasse juxtaposés à percussion, l’un des outils les plus utiles, comme nous allons le voir, pour les « quarante-neuviens », appelons-les comme çà, ces hommes et ces femmes de la Ruée vers l’Or de 1849, pour rester fidèle à l’expression de l’auteur tout en ne tombant pas dans l’imitation « soixante-huitard » sur le retour d’âge. Bien sûr, ce ne fut pas une surprise de découvrir des fusils militaires à Fort Sutter, car ce havre bien connu était une escale programmée pour quiconque voyageait tranquillement à travers la Californie avant la ruée vers l’or. C’est cette popularité de la New Helvetia, et le désir de SUTTER d’étendre son empire, qui furent responsables, indirectement en tous cas, de sa perte. Un autre facteur qui dut y contribuer fut qu’il négligea de réaliser l’importance que la découverte de l’or allait apporter à la région.

John SUTTER fut peut-être un homme aimable, généreux et sociable, mais les preuves suggèrent qu’il n’était pas vraiment un homme d’affaires. « J’avais besoin… d’un moulin à blé et d’une scierie » écrivit-il dans ses « Reminisces », ses souvenirs« J’avais commencé à construire un moulin à blé en 1847 sur les bords de la rivière America, à environ quatre miles en amont du fort… Tout était prêt, et le moulin aurait pu commencer à tourner dans les six semaines suivantes si la nouvelle de la découverte d’or avait pu être gardée secrète aussi longtemps que cela. » SUTTER n’avait pas vraiment d’opinion sur l’or, mais il en avait encore moins pour l’homme qui en trouva le premier sur ses terres. « J’avais parmi mes employés un homme du nom de James Wilson MARSHALL » se rappelait SUTTER « Un bon mécanicien… Quand j’ai parlé du moulin avec lui, il m’a dit qu’il pensait être capable de le construire. J’avais des doutes sur la confiance que je pouvais lui accorder si je ne le surveillais pas, à cause de son excentricité, mais… je n’avais personne d’autre, c’est pourquoi j’ai été dans l’obligation de miser aléatoirement sur l’homme. » Le monde idyllique de John SUTTER commença à s’écrouler le Vendredi 28 Janvier 1848. A cette date, il écrivit avec un euphémisme suprême dans son journal « Aujourd’hui, Mr. MARSHALL est revenu des Montagnes avec une affaire très importante. » Cette « affaire très importante », c’était une grosse pépite d’or pur que MARSHALL avait trouvée dans le gravier du lit de la rivière America. La réaction immédiate de SUTTER fut d’essayer de cacher la nouvelle de la découverte, mais comme son fort était l’endroit même par où transitaient toutes les informations de la région, elle ne mit pas longtemps à se répandre : il y a de la « couleur » dans la rivière, juste là, à la surface, qui attend que l’on vienne la ramasser. Dans son journal, SUTTER ne fait pas mention du terme « or » avant trois mois après sa découverte initiale, mais il est évident d’après ses notes que des visiteurs et des travailleurs du fort se promenaient dehors toute la journée, à la recherche du précieux métal. Enfin, la nouvelle atteignit San Francisco, ce qui fut le début de la fin pour SUTTER et celui de la plus grande ruée vers l’or que le monde eût jamais vu auparavant. « La grande ruée des prospecteurs de San Francisco arriva au fort en Mai 1848 » écrit SUTTER « Toutes les maisons de mes amis et des gens que je connaissais au fort étaient pleines. Des marchands, des docteurs, des avocats, des capitaines au long cours, tous y vinrent. Tout n’était que chaos. Mes propres hommes me désertaient. Je n’arrivais même pas à fermer le portail pour garder cette racaille dehors. » Les milliers de personnes qui arrivèrent avec la première vague firent piétiner les champs luxuriants de SUTTER par leur bétail et leurs chevaux. Tout ce qui ne fut pas détruit fut pillé, depuis les pierres avec lesquelles le fort avait été construit, jusqu’au canon qui le gardait. Les nouvelles allaient lentement à cette époque-là, et il se passa bien six mois avant qu’elles ne fussent colportées par les bateaux à aubes et les cavaliers au reste du pays, lequel ne se doutait de rien mais était impatient de savoir et à l’écoute de tout. Les « States » éclatèrent immédiatement en une épidémie de fièvre de l’or à laquelle très peu avaient été préparés. Peu importe que peu d’hommes savaient exactement à quoi ressemblait l’autre côté du Mississipi. Peu importe que personne ne sût combien de temps durait un voyage par la terre et de combien de provisions on aurait besoin. Peu importe qu’il n’y eût que peu, s’il y en avait, de vie civilisée dans la Great Platte Valley. Quelque part là-bas, à l’Ouest des Rocheuses, quelque part dans la Sierra Nevada, où qu’elle fût, l’or attendait que les premiers qui y arriveraient le ramassent ! C’était « Ca passe vers la Californie ou ça casse ». Et beaucoup passèrent pas la case « cassé » bien avant d’arriver aux sites, ou juste après. Il y avait uniquement deux moyens pour arriver aux champs aurifères de la Californie, par bateau autour du Cap Horn, ou à pied, à cheval ou en chariot, à travers les Grands Plaines encore largement inexplorées. Le voyage par mer était cher et durait de deux à trois mois, selon le temps. On y était également très à l’exigu et c’était extrêmement coûteux en comparaison avec le voyage par la terre. Mais par la terre, il fallait six mois en moyenne aux quarante-neuviens pour franchir les 2000 miles passant par des plaines vallonnées, des déserts brûlants et des montagnes abruptes, le tout assaisonné de vents qui soufflaient à 80 miles par heure, des pluies torrentielles, de la boue où l’on s’enfonçait jusqu’aux essieux, et un froid qui glaçait les poumons. En plus de cela, il y avait un vrai problème de temps, car tout pionnier qui essayait d’atteindre la terre promise dorée de Californie, devait arriver à trouver son chemin par dessus les Sierras avant les premières neiges de l’hiver. Si les Indiens, la faim et les bandits n’avaient pas pris leur part, le climat le ferait, l’exemple le plus remarquable en étant la fatidique Donner Party. Mais ceux qui arrivaient à survivre au voyage vers la Californie, par la terre ou par la mer, le faisaient grâce à la chance, une bonne dose d’expérience et leur habileté à manier leurs armes.

Le fusil de chasse juxtaposé à percussion fut de loin l’arme longue la plus utile et la plus nombreuse dans les champs aurifères. L’éparpilleur, l’arme standard utilisée pour remplir le garde-manger et apportée dans les fermes américaines du début du XIXème. siècle, se révéla être un compagnon fiable pour le petit gibier dans les champs aurifères de Californie, et ses canons béants au calibre de 12, de 10 ou de 8 étaient un argument de poids contre tout intrus potentiel sur la concession. On pouvait le charger avec du petit plomb pour le petit gibier, de la balle ou de la chevrotine pour le tir à courte distance sur du chevreuil et, quand les temps étaient durs, on pouvait même utiliser quelques petits galets de la rivière pour essayer de mettre quelque chose dans la gamelle. Et plus d’une fois, le vieil « éparpilleur » fut chargé d’une once ou deux de poudre d’or que l’on tira dans le lit d’un ruisseau ou sur une saillie de granit, pour « saler » une concession improductive de façon à pouvoir la vendre à un pied tendre nouvellement arrivé, pour beaucoup plus que n’en valait le terrain.

Etrangement, il y eut peu de criminalité au cours des premières années de la ruée vers l’or. Il y avait relativement peu d’hommes sur une immense région, l’or était facile à trouver et en abondance pour chacun, et une espèce d’esprit de camaraderie régnait. Mais au fur et à mesure que les prospecteurs usurpaient de plus en plus les limites des concessions et que des hommes aux valeurs morales différentes commencèrent à se mêler à ceux déjà présents, la situation changea. Dans son livre « Life on the Plains and At the Diggings », La Vie dans les Plaines et dans les Concessions, publié en 1854, Alonza DELANO décrivit son expérience en tant que l’un des premiers quarante-neuviens : «  Vers 1850… beaucoup en arrivèrent à voler… il devint nécessaire de garder sa propriété avec autant de soin que dans les vieilles villes d’où nous venions. On peut dire que l’hiver de ’49 et ’50 peut être considéré comme l’époque où la criminalité à commencé… » A peine quelques mois plus tôt, DELANO parlait d’un étranger qui campait avec lui pendant la nuit et qui laissait nonchalamment son sac d’or à la vue de tous, non gardé, pendant qu’il dormait. A présent, ces temps-là étaient révolus pour toujours dans les champs aurifères de Californie.

Les armes à feu devinrent un moyen de protection autant que pour se procurer de la nourriture. Au début, on prenait avec soi sur le terrain des pistolets à un coup à percussion, quelque peu encombrants à porter, pour la protection individuelle. Ils étaient relativement peu coûteux, pouvaient tirer une forte charge, et beaucoup de chercheurs, les ayant utilisés alors qu’ils étaient au service du gouvernement, savaient s’en servir. D’autres, exigeant plus de puissance de feu que de pouvoir, choisirent la « poivrière », un revolver à plusieurs canons qui, bien qu’encombrant à garder lorsqu’il était simplement glissé dans le haut du pantalon, était cependant très populaire. La poivrière offrait cinq ou six coups sans recharger, mais son défaut majeur était que les calibres étaient parfois faiblards et les charges légères. Pour le quarante-neuvien qui n’avait pas peur de s’embarrasser d’un peu de poids supplémentaire pendant qu’il travaillait sur sa concession, le gros Colt Dragoon Premier ou Second modèle de quatre livres, avec une charge musclée de 40 grains de poudre et une balle de .44, apportait la combinaison idéale de cinq coups de combat, la sixième chambre étant souvent laissée vide par les gens qui étaient sur le terrain, de peur que le lourd revolver ne glisse accidentellement de son étui ou de la ceinture et ne se décharge accidentellement en heurtant le sol rocailleux. Ces revolvers furent largement utilisés par les troupes montées des Etats Unis, et beaucoup d’armes d’ordonnance furent « libérées » pour servir dans les champs aurifères. Beaucoup plus furent achetés par des hommes qui voulaient un avantage en pouvoir d’arrêt, au cas où cela serait nécessaire pour défendre une concession à courte distance. Bien que le massif Colt Walker dominât les Dragoon, peu de ces armes furent utilisées dans les champs aurifères, puisque seuls 1100 Walker furent fabriqués et que, parmi ceux-ci, la plupart furent affectés pendant la Guerre du Mexique, n’en laissant que 100 pour le marché civil. Toutefois, il existe des traces d’un Walker transporté dans un sac de toile vers la fin de la ruée vers l’or, par un vieux vétéran grisonnant qui râlait parce qu’il ne trouvait jamais d’étui assez grand pour son pistolet d’arçon. Cet exemple, qui mentionne une arme à feu par son nom, est assez rare car, lorsqu’on lit des récits contemporains de la ruée vers l’or, il y est fait peu allusion à tel ou tel type d’arme, plus souvent citée comme « pistolet » ou « fusil ». Il s’agit là d’une chose normale, à une époque où le fait de porter des armes était aussi courant que de porter une montre au poignet aujourd’hui. Nous donnons rarement le nom de la marque. Nous disons plutôt « J’ai jeté un coup d’œil sur ma montre… »

Pourtant, il y eut une arme qui était apparemment très estimée aux yeux des quarante-neuviens et que l’on arrive à identifier parfois, et cette arme, c’est le Colt 1851 Navy ou, comme on l’appelle souvent, le « Navy de chez Colt ». Une société qui vendait des catalogues d’accessoires à emporter par les prospecteurs potentiels pour leur voyage vers l’Ouest, alla même aussi loin que dire « aucun homme ne devrait être sans le 1851, car avec lui, il pourra obtenir tout ce dont il a besoin » ! Même pas peur, le mec. « Achetez donc mes flingues, plutôt que de payer pour une concession de merde où on va vous arnaquer. Au moins, avec mon ’51, vous pourrez en avoir une à l’œil ! » De nos jours dans les pays civilisés, la boîte qui ferait ce genre de publicité serait immédiatement poursuivie pour incitation à la violence. Bien sûr, le Colt 1851 ne sortit pas avant deux ans après la première vague de prospecteurs et même alors, il fallait à n’importe quelle quantité de ce genre d’arme six mois avant d’arriver au Far West. Mais jusque là, il n’y en avait pas encore vraiment besoin. « Pendant l’année 1849 » écrivait Alonzo DELANO dans son livre « le brigandage était rare… on laissait les coffres et les ballots ouverts et exposés… dans les rues bondées des nouvelles villes. L’or ne semblait pas tenter… les hommes à la malhonnêteté et on entendait rarement dire qu’un chercheur s’était fait voler. » Mais en 1851, tout cela avait changé. Les premières trouvailles faciles du début avaient déjà été prises et chercher de l’or était devenu un travail sérieux, éprouvant et souvent ingrat. En conséquence, il y eut des individus qui commencèrent à chercher des moyens plus faciles pour faire fortune. Et les armes des quarante-neuviens, qui avaient auparavant été reléguées à des tâches domestiques, eurent à présent un nouveau rôle à jouer comme moyens d’auto-défense. « Le brigandage et le meurtre étaient quotidiens », dit DELANO à propos de ces années turbulentes. « Des bandes organisées de voleurs existaient dans les villes et dans les montagnes… il était risqué de ne pas être armé. »

C’est dans ces décors qu’entra en scène le Colt 1851, le revolver à percussion le plus populaire sur le marché de l’époque, à cause de sa fiabilité, son excellent équilibre, sa taille idéale et la réputation de son fabricant. Les chambres du Navy étaient suffisamment profondes pour contenir 20 à 25 grains de poudre derrière une balle ronde de calibre .36, donnant ainsi nettement moins de pouvoir d’arrêt que les puissants Dragoon, mais si les coups étaient bien placés, le Colt .36, rapide à pointer, devenait un bon moyen de garder l’or dans la poche du juste. Mais, même quand le précieux métal se trouvait du côté de son véritable propriétaire, cela ne voulait pas forcément dire que le danger était passé. « Dans une maison de jeux… » dit DELANO « un homme qui quittait la ville pour rentrer chez lui se laissa entraîner à tenter sa chance à la table de jeux… fâché d’avoir perdu son argent, il essaya de se refaire en sortant son pistolet devant l’autre joueur, lequel l’étendit raide avec le sien » Ces rencontres à très courte distance avec les gens de la ville se disputaient souvent avec le minuscule Deringer, un petit pistolet de veste à un coup à percussion et au canon court, très populaire. D’abord produit par Henry DERINGER Junior de Philadelphia, ces armes de défense tenant dans la paume de la main, mais de gros calibre, souvent en .40 ou en .50, étaient souvent portées par les joueurs professionnels, les voyageurs en diligence qui se rendaient vers les champs aurifères ou qui en revenaient, les femmes de toutes réputations, et les hommes d’affaires qui restaient généralement près des quartiers populeux, dans ces nouvelles villes champignons de la ruée vers l’or. Avec sa charge de 15 grains, le Deringer manquait de puissance pour être efficace plus loin qu’à 25 pieds, mais grâce à sa petite taille qui permettait de le dissimuler facilement, donnant à son propriétaire l’avantage de la surprise contre son antagoniste, il devint la deuxième arme de poing la plus populaire de la ruée vers l’or, et on l’apprécia tellement que son nom devint synonyme de toutes les autres armes de configuration similaire. Comme pour le Deringer, on choisit les petits Colt de poche modèles 1848 et 1849, comme le Baby Dragoon et le Wells Fargo, pour leur taille compacte plutôt que leur puissance. Mais comme il s’agissait de revolvers, leurs barillets de cinq et six coups pouvaient tirer plusieurs fois si besoin, et même le petit calibre .31 occasionnait des dommages graves à courte distance. Légers, les pistolets de poche étaient pratiques à emporter dans ses bagages pour un chercheur qui aurait à marcher plusieurs miles à travers les collines de la rude Sierra Nevada. Beaucoup de ces pistolets Colt servirent d’arme « de la deuxième chance » aux hommes pour qui la vie dans les champs aurifères valait plus qu’une simple aventure. Il existe également des preuves que l’une des nombreuses sociétés de messagerie qui abondaient en ces temps-là, équipait ses cavaliers avec des Colt modèle 1849 à canon de 3 pouces.

Bien qu’ils fussent loin d’être le choix optimum pour un homme à cheval, les petits Colts avaient l’avantage d’être les pistolets à plusieurs coups les plus compacts disponibles à l’époque. A un moment de la ruée vers l’or, le Colt modèle 1849 était tellement demandé que ces armes se vendaient au marché noir à 100 Dollars l’unité, la même coûtant moins de 15 Dollars aux « States ». Mais c’était là le prix de la protection dans un pays où la population continuait à grossir avec de nouvelles, et toujours plus diverses, espèces du genre humain, pas toujours accueillantes, et toutes attirées par le leurre de la fortune immédiate. Les joueurs professionnels, les voleurs de concessions et les brigands n’étaient pas les seuls dangers dans ces collines de quartz et de granit au pays de l’or. Ce n’est pas par hasard que l’ours figure sur le drapeau de la Californie aujourd’hui, et en ces temps reculés, avant l’écrasement de la civilisation, il y en avait beaucoup, et pas toujours très d’accord pour céder leur territoire à un homme qui venait avec une pelle et une pioche. Les premiers Kentucky Rifle et fusils à écureuils, légers, que certains quarante-neuviens avaient apportés avec eux, se révélèrent bientôt inutiles dans la nouvelle réalité de l’Ouest. Un récit de l’époque parle d’un mineur attaqué par un grizzly, pendant que ses trois filles, chacune armée de son propre fusil, tiraient à bout portant dans la tête de l’ours avant qu’il fût enfin tué. Trois coups étaient plus que ne pouvait tirer tout fusil de l’époque, et il n’est pas surprenant d’apprendre que les lourds fusils des plaines, aux gros calibres et au demi-fût à l’avant, furent les armes favorites des chercheurs d’or. Beaucoup d’entre eux avaient vu ce que pouvaient faire ces fusils dans les mains de leurs guides, souvent des anciens trappeurs des Montagnes Rocheuses qui utilisaient leur expérience du Far West pour faire traverser les majestueuses Sierras aux nouveaux-venus. Les Hawken, aussi rares qu’ils fussent, trouvèrent leur chemin vers les champs aurifères. Les Dimmicks et les Lemans trouvèrent eux aussi leur place dans plus d’une cabane de mineur ou une tente, et servirent leurs propriétaires comme ils le devaient en leur apportant de la viande pour la table, ou en leur accordant un coup à longue distance sur un suspect qui aurait pu être un « bandito ». Il y avait peu de tribunaux en Californie, et le juge, l’avocat et le bourreau se trouvaient souvent sous le même chapeau. En plus de ces « armes de sport » pour les civils, comme on les appelait parfois, les armes militaires firent elles aussi leur chemin vers la Californie. Bien que la platine à silex fût considérée comme dépassée par la plus moderne platine à percussion, un certain nombre de fusils à silex et de mousquets du début du XIXème. siècle convertis à la percussion furent utilisés par quelques mineurs. Ces armes étaient solides et, chose plus importante pour un homme pauvre, étaient relativement bon marché. Bien sûr, le plus prisé fut le fusil rayé Mississipi U.S. Model 1841, une belle arme à percussion en calibre .58, garnie de laiton, qui avait déjà fait ses preuves lors de la récente Guerre du Mexique. Comme le Walker, certaines de ces armes furent « libérées » pour que l’on s’en servît en Californie, mais une quantité beaucoup plus importante fut achetée comme surplus de guerre avant la fin de la ruée vers l’or, constituant ainsi une arme fiable contre tout mauvais comportement d’homme ou de bête, au pays des quarante-neuviens. Comme l’or se faisait plus rare à trouver, et plus cher et difficile à exploiter, certains chercheurs quittèrent le pays. Ironiquement, au cours des premières années de la ruée vers l’or, l’homme ne cherchait que la « couleur », au point d’en arriver à échanger l’argent que certains trouvaient parfois en creusant dans le granit. En fait, il est intéressant de noter que beaucoup de mineurs qui travaillèrent les trésors d’argent du Nevada venaient des champs aurifères de Californie, et que ceux qui découvrirent le fameux Comstock Lode, le Filon de Comstock, étaient d’anciens quarante-neuviens.

En 1858, la grande ruée vers l’or avait vécu. Cette année-là, l’historien John S. HITCHELL écrivit « Le pays était plein d’hommes qui n’arrivaient plus à gagner la vie à laquelle ils s’étaient habitués… ils étaient prêts à aller n’importe où s’il y avait un espoir raisonnable d’y trouver la richesse en creusant, plutôt que de se soumettre à une vie sans la grosse paie et les plaisirs dont ils avaient joui pendant des années dans les placiers de Sacramento. » Cela ne veut pas dire que tous les quarante-neuviens en ressortirent plus pauvres que lorsqu’ils y entrèrent. Loin de là. En fait, il restait juste assez d’histoires de succès pour continuer à faire rêver. Un chercheur d’or trouva une pépite de 2000 Dollars le premier jour de l’exploitation de sa concession. Pour un autre, ce qu’il écopa un jour en une seule batée fut estimé à 1500 Dollars. Il est vrai que certains trouvèrent littéralement leur fortune dans une nouvelle aventure encore jamais racontée, si l’on avait assez de force et de courage pour lui courir après. Toutefois, rien de cela n’aurait été possible sans l’outil qui donnait à chaque homme la même chance face au danger et à la difficulté, les armes des quarante-neuviens. Pour beaucoup, ces armes prouvèrent qu’elles étaient beaucoup plus précieuses que l’or.

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CONNECTICUT VALLEY ARMS – Saybrook Road, HADDEM, CT 06438, U.S.A.

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Et, puisqu’en fait ces maisons importent de l’Italien, n’oublions pas :

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